XVII. Colère et peur

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J’avais réussi ! Une si infime réussite me comblait de joie. J’avais eu beau faire le fier devant Léa, j’avais peur. J’avais peur de cet état stationnaire sans aucune sorte d’amélioration. N’y avait-il aucun espoir ? La preuve que si : j’avais réussi. L’amnésie cédait son terrain face à la logique.

Je regardais, presque émerveillé, le paysage de science-fiction qui me servait de fond d’écran. Une ville entre New-York et Venise, des gratte-ciels les pieds dans l’eau et la tête dans les nuages.

Le bref moment d’euphorie passé, j'observai ma situation : j’étais seul, content d’avoir trouvé un simple mot de passe dont j’aurai dû me souvenir et maintenant indécis, je regardai bêtement les icônes du bureau ne sachant quoi choisir. J’étais pathétique… La logique ne faisait pas tout. J’allai cliquer sur « mes documents » à la recherche de photos, d’écrits, de téléchargements qui auraient pu me faire avancer. Mais je me stoppai en entendant Léa arrêter le flux d’eau.

Elle devait avoir fini sa douche, elle n’avait plus qu’à s’habiller et se coiffer puis elle sortirait. Dans quelques minutes, je pourrai lui montrer ma découverte et on chercherait ensemble des indices… Indices qui lui permettront de retrouver la mémoire alors que moi, je resterai encore enfermé dans ce présent.

Je m’en voulu pour cet accès de jalousie. L’épreuve était sans doute aussi dure pour elle que pour moi. C’est juste qu’elle, elle savait qu’elle sortirait tôt ou tard de cette petite mort et retrouverait sa vraie vie. J’enrageai ! Ce n’était pas juste ! Pourquoi restais-je ainsi alors qu’elle retrouvait la mémoire ? Avant que Léa ne sorte de la salle de bain, j’éteignis l’ordi et allai jusqu’au salon/cuisine où je me mis à fixer par la fenêtre les nuages qui faisaient la course. Je n’étais pas fier d’agir ainsi, mais je ne me sentais vraiment pas de partager ma découverte avec celle qui m’avait justement mis un peu sur les nerfs. Je lui en parlerai, bien sûr, mais plus tard. J’entendis derrière moi la porte de la salle-de-bain s’ouvrir. Mais je ne me retournai pas. Je ne voulais pas me trahir en la fixant dans les yeux : elle savait lire en moi que je le veuille ou non. Je l’entendais se rapprocher de moi, doucement.

« Cela ne va pas Steph’ ? »

Je ne pus retenir un léger grognement. Je ne pouvais me permettre de continuer à lui tourner le dos. Je pris une inspiration et me retournai face à elle. Je n’eus le temps de la fixer, elle se blottit vivement dans mes bras.

« Je suis désolée ! Je suis désolée pour avoir joué avec toi ! Excuse-moi, je t’en prie. Je trouvai ça rigolo sur le coup, mais… disons que cela s’est un peu emballé et je n’ai plus rien contrôlé. Je voulais juste te ramener un peu sur Terre… »

Elle semblait sur le point de pleurer et toute ma colère s’envola. Je l’aimai et voulais la protéger, pas la faire pleurer. Je resserrai mes bras autour d’elle, totalement surpris.

« Calme-toi Léa ! Tu es pardonnée, tout va bien ! Ne te met pas dans cet état. J’avoue que tu m’as eu, je t’en ai un peu voulu, mais tu as raison, je me suis un peu emballé.

- Je n’ai pas su me retenir : j’ai vu ton regard et j’étais contente de l’effet que j’avais sur toi. Mais je n’avais aucune raison de te chauffer pour rien comme ça…

- Tout va bien Léa ! »répétais-je doucement pour la calmer.

Je la serrai encore un peu plus dans l’étau de mes bras, posai une main sur sa tête enfouie dans mon cou. Il fallait que je l’aide à se calmer, il ne fallait pas qu’elle pleure, il ne fallait pas qu’elle se sente mal avec moi. Je n’étais pas parfait mais je voulais être le meilleur pour elle. Je passai ma main dans ses cheveux. Je la sentis poser un timide bisou dans mon cou. Aucune larme n’avait coulé dans mon cou mais je voulais m’en assurer. Je la saisis délicatement par les épaules et la décollai de moi. Je scrutai son visage, mais elle ne semblait plus sur le point de pleurer. Son regard fuyait encore un peu avant de plonger dans le mien. Ses yeux bruns aux rais verts me captivaient.

Et elle rompit l’espace entre nous deux et déposa un baiser sur mes lèvres.

Comment avais-je pu lui en vouloir ? Je l’embrassai à mon tour, un peu plus longtemps.

« J’ai besoin de sortir, on va se promener ?

- Ok ! Pourquoi ne pas directement aller à la fête foraine ? Tu sais où c’est ?

- Oui, mais j’y aie réfléchi et on a un petit problème…

- Lequel ?

- On n’a pas d’argent. Ni pour ça, ni pour la piscine. »

Elle n’avait pas tort. On pouvait utiliser notre liquide, mais il ne nous restait pas grand-chose. N’ayant pas sa mémoire, je n’aurai pu dire combien exactement il nous restait… Entre sa mémoire et ses automatismes, elle s’en sortait en général pour trouver des solutions. Ses automatismes ? J’eu une idée.

« Dis Léa, tu es prête à tenter un coup de poker ?

- Quel rapport ? Tu veux qu’on joue l’argent qui nous reste au poker ? C’est risqué non ?" me répondit-elle septique.

Je me demandai un instant si elle le faisait exprès. Mais visiblement non, elle était si simple parfois. Je me demandais si cela était dû à l’amnésie. Puis je me rabrouai mentalement. Pourquoi retournai-je constamment le couteau la plaie ? On avait compris ! L’amnésie, l’amnésie, l’amnésie ! Tout ne tournait pas autour de ça quand même ! Il fallait arrêter de regarder en arrière et il fallait avancer ! Ressasser continuellement ne me rendrait seulement que plus hystérique, et être hystérique ne rendait pas la mémoire pour autant. Je ne voulais pas céder à la panique.

Les yeux interrogateurs de Léa me rappelaient à l’ordre. Et je lui répondis :

« Non, c’est une image. Ça veut dire risquer gros.

- Oups ! J’ai manqué une occasion de me taire. Tu as une idée ?

- Disons que je mise tout sur toi !

- Et… ?

- Tu vas voir ! Habille-toi Baby, on sort !

°Désolée, ce chapitre est un peu court, mais demain c'est ma rentrée et je ne sais quand j'aurai le temps d'écrire. En gros, c'est pour que vous ayez la patience d'attendre^^

Encore désolée Xo

A vos com' et vos votes°

Comme deux étrangersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant