VII. Se retrouver de nouveau

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« Regarde-moi dans les yeux Stéphane ! Qu’est-ce que tu y vois ? De la pitié ? Vraiment ? »

Il détourna le regard, comme pris en faute, mais je lui attrapai le visage et y plaquai mes lèvres. Il y eu un temps arrêt de sa part mais l’instant suivant, il me rendait le baiser avec autant de passion. Je collai alors mon corps contre le sien, sans jamais briser le pont de nos lèvres. Ses mains attrapèrent mon visage me maintenant au contact, puis une de ses mains longea la ligne de mon cou et de mes épaules pendant que l’autre se faufilait dans ma chevelure. Mes doigts courraient sur son torse, profitant de chaque ligne, et éveillant des frissons au passage. Nous lèvres se séparèrent enfin, et nous restâmes ainsi, front contre front à dériver dans le regard de l’autre. Je ne me sentais pas prête à aller plus loin, bien que nous brûlions tous les deux de désir. Je ne savais s’il se contenait pour moi ou s’il avait besoin de temps lui aussi, mais il n’alla pas plus loin. Je sentais encore le contact de ses lèvres sur les miennes. Cette douceur brûlante. Je passai inconsciemment mes doigts sur ma bouche, comme incapable de comprendre si ses lèvres m’avaient vraiment quittée.

 Il me prit la main en souriant et embrassa mes doigts.

Et j’avais cette sensation que ce n’était pas la première fois. Je me mis à regretter intensément d’avoir perdu tous les souvenirs que j’avais eus avec lui. C’était injuste.

Qu’est-ce qui avait pu nous arriver ? Je me posai sérieusement la question pour la première fois depuis ce matin. Cela se sentait, on était fait l’un pour l’autre. Certaines personnes ne croient pas au véritable amour. On aime puis on n'aime plus, alors on se met à aimer quelqu’un d’autre… Je pense que je faisais partie de ces personnes avant. Mon intuition me le susurrait, et comme elle m‘avait déjà pas mal aidée aujourd’hui, je la crus.

Puis Stéph’ tira tendrement sur mon bras pour me sortir de toutes mes pensées.

-« Allez viens, on va au Parc.

- On ne fait pas une petite sieste avant ?

- Pourquoi pas la faire au soleil, sur une pelouse ?

- Ça marche !"

Je me levai, pris mon sac à main et mis mes sandales en un temps record. Me voyant déjà prête, Stéphane se leva, tout doucement, referma sa chemise, tout doucement, choisit des chaussettes, tout doucement.

-« Tu te moques de moi là ? Allez !

- Désolé Mademoiselle, mais j’aime prendre mon temps. Surtout quand tu réagis comme ça !

- T’abuses ! »

Je profitai cependant de cette petite pause pour remettre de l’ordre dans mes cheveux.

-« Tu cherches ton chouchou ?

- Oh mais c’est vrai, j’avais une natte ce matin ! Stéphane, où est mon élastique ?

- J’en sais rien » répondit-il faussement innocent en cachant sa main derrière lui.

Le piège était évident, mais je ne voyais pas d’autres solutions. Je m’approchai rapidement de lui et tirai sur son bras pour voir ce qu’il cachait. Il m’attrapa alors les poignets, me fit pivoter et me plaqua sauvagement sur le lit.

« Tu es si belle » me murmura-t-il doucement à l’oreille, et je sentis une bouffée de chaleur monter en moi.

Puis nos lèvres se soudèrent et plus rien n’avait d’importance que la pression du corps de l’autre, la chaleur diffusant de l'autre, les mains qui se baladaient, tantôt caressantes, tantôt impérieuses. Chaque effleurement faisait naître un sillon ardent de désir, chaque baiser était plus long. Je le fis tourner doucement et m'allongeai sur lui. Ses mains sur mes hanches, son regard dans le mien. Il me resserra contre lui pour m’embrasser le cou. Puis il me susurra à l’oreille.

« Décoiffage réussi ! »

Mes yeux s’écarquillèrent et je rugis. Quel manipulateur ! Sous le coup de la colère, je le mordis dans le cou avant de me relever hors de sa portée, sans pour autant manquer de noter que la morsure l’avait plus excité que puni. Je regardai les dégâts dans le miroir et allai chercher ma brosse pour remettre un peu d’ordre dans tout ça.

Tout en me coiffant, je vis Stéph’ se glisser dans mon dos. Je lui lançai un regard de défit et le vis me tendre mon élastique, en signe de paix. Je refis ma natte prestement tandis qu’il finissait de se préparer. Je ne pouvais m'empêcher de l'admirer et tout ceci en lui tournant le dos, grâce au miroir. Je pris le beau chapeau champêtre qui pendait au porte-manteau et qui se mariait bien avec ma robe. Puis nous sortîmes de nouveau, de l’appartement puis de l’immeuble, toujours main dans la main.

Je guidais Stéphane à travers les ruelles, me fiant au plan que j’avais mémorisé, et nous nous retrouvâmes devant une des nombreuses portes du Parc de Sceaux. Il était magnifique, encore verdoyant d’un avril pluvieux mais aussi gorgé du soleil de mai. Sur les pelouses, un peu partout, des familles, des couples, des bandes de potes ou des gens seuls. Le château de Sceaux trônait au bout est de la pelouse.

Mon regard fut attiré par un homme, seul et torse nu, qui semblait s’entraîner au jonglage. Je m’approchai et le vis, faire valser un nombre incroyable de balles de jonglage. On aurait dit que les balles étaient douées d’une vie propre.

Lorsqu’il eut fini, je l’applaudis bruyamment, comme une petite fille qu’on avait amenée au cirque. Il se retourna vers moi, et après avoir vérifié que mes encouragements étaient sincères, salua comme un artiste. Je me rendis compte de l’enfantillage que je venais de faire et rougis comme une pivoine. Puis je me jetai dans les bras de Stéphane, posté juste derrière moi pour cacher cette même rougeur.

Tout d’abord surpris, il se mit à rigoler. Je pensais qu’il se moquait de moi mais il me serra dans ses bras amoureusement.

Puis nous cherchâmes une place dans l’herbe, moitié à l’ombre, moitié au soleil, et nous nous y installâmes. Il mit sa tête sur mon ventre et je lui répliquai que, vu qu’in venait de déjeuner, ce n’était une très bonne idée. Mais il n’en prit pas compte et s’endormit presqu’instantanément. Sa respiration se fit lente et moi, je restais là, à contempler à travers le feuillage du tilleul qui nous abritait la danse turbulente des nuages. Les quelques rayons qui parvenaient à traverser les frondaisons venaient chauffer ma peau avec douceur. Ces sensations de chaleur hétérogènes me permirent de suivre Stéph’ dans le sommeil.

°Voilà! Désolée d'avoir pris un peu de temps. Mais je pense que cela valait le coup.

J'espère que cela vous plait toujours autant. Laissez moi des com' et des votes svp^^°

Comme deux étrangersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant