XV. Une flamme réchauffe puis brûle

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°Cela commence à devenir un peu chaud... mais j'avais prévenu (cf. le titre)

Bonne lecture°

Quand elle se retourna enfin pour placer ses préparations sur la table, elle m’aperçut enfin.

  La surprise de son visage ne fut qu’un éclair et instantanément un sourire illumina son visage. Je fondais, mon mauvais rêve s’était étiolé comme de la brume : je ne voyais plus qu’elle. Je m’approchai vivement d’elle et la pris dans mes bras. Elle semblait si fragile et pourtant.

Je sentis soudain sa poitrine contre la mienne, avec pour seul rempart l’étoffe de son maillot et celle de mon tee-shirt. En ressentant ainsi la pointe de ses tétons, mon esprit s’embrasa et je m’imaginai déjà parcourir de mes mains toutes les subtilités de son corps. On se calme ! Je la repoussai doucement, essayant de garder le contrôle, mais mon corps avait déjà réagi à l’appel. J’embrassai alors Léa sur le front et allai m’assoir,  espérant secrètement qu’elle ne verrait mon trouble. Je lui avais promis de ne pas sauter les étapes, alors je m’y tiendrai. Elle s’installa à son tour à table. Si ma réaction l’avait troublée, elle n’en montra rien et se servit joyeusement de céréales.

    Elle semblait si enjouée :

« Qu’est-ce que tu veux faire aujourd’hui mon cœur ?

-On n’a rien de prévu, non ?

-Il reste les places pour la piscine, et l’ouverture de la fête foraine je crois.

-Toi et ta mémoire… Que préfères-tu ?

- La fête foraine !! »

Elle avait crié sa réponse comme une enfant, mais elle rougissait désormais. Elle se reprit alors calmement, comme si de rien n’était :

« Pourquoi pas la fête foraine ? Ce n’est pas loin »

Je ne pus réprimer un sourire moqueur qu’elle ne manqua pas de remarquer. Pour toute réponse, elle me tira alors la langue, comme à sa délicieuse habitude. J’avais tellement envie de l’embrasser quand elle exhibait ainsi sa petite langue. Je me concentrai plutôt sur mes biscottes en étalant avec application du beurre dessus.

« Comment fais-tu pour ne pas casser ta biscotte ? »

                        Je relevai alors mon regard vers elle, ne comprenant pas trop le but de sa demande. Elle me regardait avec tout le sérieux du monde, comme si elle m’avait demandé de désamorcer une bombe dans l’heure. Croyant que je n’avais pas entendu sa question, elle reprit :

«- Comment fais-tu pour ne pas casser ta biscotte ? Moi, à chaque fois que j’augmente la pression du couteau pour étaler le beurre, la biscotte casse net et je me retrouve avec du beurre sur le tee-shirt. C’est rageant quand tu as passé vingt minutes à choisir comment t’habiller.

- Je ne sais pas, je dose ma force, c’est tout. »

                        De quoi parlait-elle ? Je ne l’avais pas vu se faire de biscotte, ni hier, ni ce matin… Un éclair de jalousie me traversa, suivi d’une vague de peur. Ses souvenirs continuaient à revenir. Et, alors qu’elle progressait doucement, moi je restais au point mort, sans aucun souvenir affleurant.  Une angoisse tétanisant déferla en moi. De quoi se rappelait-elle ? Qu’est-ce  qu’elle ne me disait pas ? Savait-elle pourquoi nous avions perdu la mémoire ? Je ne voulais pas qu’elle se souvienne, pas sans moi ! Et si elle me jugeait trop lent ? M’abandonnerait-elle à mon amnésie ? Je savais bien que non, elle m’aimait autant que je l’aimais. Mais toute la raison du monde n’aurait pu empêcher au doute de s’enraciner en moi, en ronce aux épines acérées. Le moindre mouvement, le moindre débat mental et j’en sortais plus lacéré. Comme un insecte dans une toile, l’étau se refermait autour de moi à chaque frémissement de ma part.

Comme deux étrangersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant