II. Se redécouvrir, ensemble.

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Je me mis à le regarder plus sérieusement. Je n’arrivais pas à me méfier de lui. Qu’il était charmant ! Un petit-déjeuner sur le pouce, et nous commençâmes nos recherches, tout timidement. On devina vite qu’on était chez lui : une penderie de mec, un frigo bien garnie en bière, un bureau très masculin, etc. Mais beaucoup de petites touches féminines çà et là. Je retournai dans la chambre où il était resté pour l’inspecter. Je le retrouvai, immobile devant une photo. Je m’approchai sans le moindre bruit et regardai par-dessus son épaule. C’était nous deux, devant un paysage sublime : une chaine de montagne avec, au second plan, une cascade. Je détournai mon attention de la photo. Son épaule n’était qu’à quelques centimètres de mon visage. Je sentais son odeur sucrée et dû me retenir d’embrasser cette peau au grain si fin. J’imaginai parfaitement la chaleur et la douceur de cette chair nue en contact de mes lèvres. Mon regard fuyait cette pomme de la tentation et je vis un voyant rouge qui clignotait. La messagerie du téléphone fixe attendait patiemment qu’on remarque la présence d’un message vocal. Je m’éloignai promptement de cet étranger et appuyai sur le bouton pour enclencher la messagerie. Une voix féminine, joyeuse malgré les grésillements de l’enregistrement :

« Salut Steph’, salut Léa, je m’attendais à ce que vous ne répondiez pas là mais bon. On est bien arrivé à l’aéroport et on attend notre avion. Dommage que vous ne veniez pas mais je sais que vous allez bien en profiter petits coquins. Bref, toute la bande vous souhaite une bonne semaine en amoureux et on vous ramènera un petit cadeau brésilien. Bisous baveux. »

Waouh ! Voilà pal mal d’informations d’un coup. Comme en écho à mes pensées, j’entendis mon compagnon s’exclamer :

-«  Ah bah ! Avec tout ça, on va peut-être pouvoir avancer.

- Pas faux. Et puis, je suis rassurée, on n’aura pas à improviser devant un patron furax ou une bande de copain.

- Parce que toi, quand tu perds la mémoire, tu penses d’abord à ton patron ?

- Oui. Euh non !... J’en sais rien… mais ne pas avoir à mentir me rassure. »

Il rigolait, à la limite du sourire moqueur. Je lui tirai la langue comme une enfant, pour cacher ma honte. Il fit alors la moue, comme contrarié. Je n'y prêtai guère attention. Au moins maintenant je connaissais son prénom.

J’étais bizarrement moins tendue que lors de mon réveil. J’avais quelques informations et, bien qu’elles soient insuffisantes pour quoi que ce soit, cela me rassurait. Maintenant, il fallait que je prenne une douche. Je ne me posai même pas de question sur la présence de Steph’ ni sur où trouver des habits propres, ce qui aurait peut-être dû m’inquiéter. Je retournai tout simplement au dressing pourtant masculin de l’appart et ouvris par pur réflexe un placard. Une penderie de fille. Je pris la première robe qui me passa sous la main, une culotte dans la petite caissette en bas de l’armoire et filai dans la salle de bain. J’enlevai délicatement mon tee-shirt.

« Tu te souviens déjà toi ? »

Je criai de surprise, je ne l’avais pas entendu entrer dans la salle-de-bain. J’attrapai le tee-shirt que je venais de quitter et planquai ma poitrine dénudée avec l’étoffe.

-« Oups ! ‘Scuse, je ne voulais pas t’effrayer ! Regarde je sors, calme-toi.

- Espèce d’andouille !

- Je n’ai pas fait exprès Léa !

- Bien sûr ! Tu ne pouvais pas deviner que si j’allai dans la salle de bain avec des fringues sous le bras, c’était pour me doucher.

- Excuse-moi ! Mais quand je t’ai vu trouver tes affaires aussi facilement, je ne pouvais plus réfléchir correctement. J’ai cru que toi tu te souvenais. »

Je soupirai.

-« Prend pas cette voix misérable. Tu es pardonné.

- Alors tu te souviens ?

- Non, même pas… J’ai fait tous mes gestes en mode « automatique ».

-Ah… »

Je sentais une pointe de déception dans sa voix.

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Comme deux étrangersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant