XVIII. Tordre le cou aux prejugés

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Je me sentais aventurier, qui risquait sa vie dans des situations périlleuses, capable de déjouer tous les pièges du super-méchant. Non, en fait j'étais juste curieux de voir si mon idée marcherait. Pour une fois que cela venait de moi!

Je mis mon manteau prestement, vérifia que mon porte-monnaie y était et me tourna, fin prêt, face à Léa. Elle n'avait pas bougé et me regardait d'un air suspicieux.

"Arrête de faire des mystères et de noyer le poisson: tu sais que je déteste ça. Dis-moi sans te faire prier ce que tu as en tête.

- Ok, mais prépare toi en même temps, sinon on y est encore demain." lui répliquais-je avec un grand sourire.

Et j’ajoutai effrontément :

«  Et prend ta carte bleue ! »

Elle soupira et leva les yeux au ciel, priant pour qu'une bonne âme lui vienne en aide sans doute.

"Tu as de la chance que je t'aime toi! N'importe qui d'autre se serait pris un coussin en pleine figure!"

Mon cœur bondit. Je l'attrapai par le bras.

"Redis-le! Redis le moi s'il te plaît! la priai-je

- De quoi?

- Redis-moi que tu m'aimes, cette phrase est si douce. Je veux que tu me la répètes encore et encore. »

Ses yeux s'écarquillèrent de surprise un instant pour, l'instant suivant briller comme milles feux. Un sourire timide se dessina sur ses lèvres et elle rosit un peu. Je ne pense pas qu’elle se rendait compte de ce que ce sourire et ce rosissement déclenchaient en moi. Se rendant elle compte combien j'étais fou d'elle? Son sourire s'étira de plaisir et elle se jeta dans mes bras ouverts.

« Je t'aime mon amour» me susurra-t'elle à l'oreille, son souffle se perdant dans mes cheveux.  « Je t'aime encore et encore. »

Ce fut un soulagement et une tempête d'amour en moi. Se savoir aimé de celle qu'on aime! Quel bonheur! Ma perte de mémoire me semblait si secondaire désormais. Quoi qu'il se soit passé pour qu'on perde la mémoire tous les deux, notre amour avait été plus fort. Il était resté toujours présent dans cette découverte de notre environnement. C'est la seule chose que l’on n’avait pas oublié.

Je la regardai si joyeuse et me plongeai dans ses yeux, heureux d'y voir tant d'amour. Elle m'avait déjà prouvé qu'elle m'aimait, mais jamais elle ne me l'avait déjà dit. Malgré tous les surnoms qu’elle employait constamment, malgré ses attitudes sans équivoques.

Elle se sépara doucement de moi et enfila ses chaussures. Je lui tendis son sac à main et sa veste, tout en lui expliquant :

« Je compte profiter de tes automatismes délirants »

Elle s'arrêta quelques secondes, semblant hésiter, et me jeta un regard surpris.

« J'ai peur de comprendre... Tu veux que j'aille à un distributeur, que j'insère ma carte bleue et que j'attende gentiment une illumination du saint Seigneur pour avoir le code? Tu es sérieux?

- Affirmatif cap'tain!

- Tu es complètement cinglé » ajouta-t'elle sur un ton de résignation.

«  Et toi tu aimes un cinglé.

- Ça ne marchera jamais

- Dis pas ça! Tu vas nous porter la poisse.

-  Mes automatismes ne viennent pas sur commandes : ce sont des automatismes. Je peux ne jamais avoir cet automatisme! Imagine je me trompe et je bloque ma carte.

Comme deux étrangersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant