°je ne sais pas si ce chapitre vous plaira, alors j'attends avec appréhension vos commentaires)
L’eau, claire et fraiche, ruisselait sur mes joues, tentant désespérément d’éteindre le feu de mon visage. Mais rien ne pouvait calmer le flot de mes pensées. Je revoyais tout dans les moindres détails, son torse, son sourire tantôt coquin tantôt tendre, la flamme dans ses yeux. Je ressentais de nouveau la pression douce de ses mains, leurs caresses et cette odeur si suave… Je me sentais chercher inconsciemment le gout de ces lèvres en mordant délicatement les miennes. J’étais accro au moindre détail.
Je me nourrissais de ces souvenirs, comblant ainsi enfin le vide qu’avait laissé l’amnésie. Je me sentais de nouveau entière dans son étreinte, confiante malgré toutes mes ignorances. Et pour retrouver ce sentiment de plénitude, je ne pouvais que tenter de ramener à moi les moindres sensations du contact de nos deux corps. Mais ma frustration devenait démangeante, aigüe, insoutenable.
Je remis mes mains en coupe sous le robinet et plaquai de nouveau mes mains sur mon visage, m’aspergeant jusqu’au fond de mon décolleté. Un sillon de fraicheur sur ma peau encore ardente.
Je respirais un grand coup, histoire de calmer les battements affolés de mon cœur. Il fallait que je me concentre sur quelque chose, n’importe quoi autre que lui. Rien de mieux que la cuisson des pizzas ne me vint à l’esprit… Bon, et bien je me contenterais de ça… J’étais pitoyable. Incapable de retenir mes propres pulsions, comme un animal.
Je sortis de la salle de bain, me dirigeant vers la cuisine tout en évitant d’être aperçue par Stéphane. Je sortis les pizzas du four, les découpai soigneusement, et tentai de les disposer de manière originale dans des assiettes. J’abandonnai vite l’idée : les pizzas froides, ce n’est pas top. Puis je me dirigeai lentement vers le salon, pleine d’appréhensions.
Stéphane sirotait sa bière, les yeux dans le vague et le front plissé. Le match ne semblait pas être la source de ses réflexions, mais je n’approfondis pas le sujet. Je déposais les plats sur la table basse et après une hésitation, vins me blottir contre lui. IL semblait se tendre, gêné, mais je lui fis savoir que je le laisserai tranquille en rassemblant innocemment mes genoux contre ma poitrine. Je sentis ses muscles se relâcher un peu dans mon dos. Un éclair de culpabilité me traversa, une confiance réciproque n’était plus d’actualité visiblement.
Steph’ se pencha pour récupérer une part de pizzas et son torse se colla contre mon dos. Il m’en proposa une du regard, mais mon estomac était trop noué et l’appétit me manquait. Je secouai la tête, toujours silencieusement, en signe de refus et attrapai ma bouteille à moitié entamée. J’avais envie de pleurer, mais je ne m’y autorisai pas. Je me concentrais désormais sur le match en essayant d’oublier la chaleur de Steph’ que je percevais dans mon dos malgré nos vêtements.
Le match n’avait commencé que depuis vingt minutes, mais déjà l’ambiance se faisait sentir dans les gradins et dans la voix du commentateur.
Je crois qu’on sous-estime bien trop souvent l’influence du groupe. Croyez-vous vraiment que le relâchement dans les soirées n’est dû qu’à l’alcool ? Se sentir intégrer à un groupe, qui partage vos aspirations, ne serait-ce qu’une nuit. Vivre un match de foot à 200% histoire d’oublier son morne quotidien où le seul pique d’adrénaline de la journée se faisait ressentir pour le choix du menu à la cantine. Mais là, on se sentait incarnés par ce simple sport, auquel la plupart des gens ne joue même pas. Happés par la foule, on vivait le match comme si on y jouait notre vie !
Bref, tout cela pour dire qu’en une seule petite minute, je me retrouvais, comme les autres supporters à encourager à grand cris des joueurs dont je ne connaissais même pas encore le nom. Je m’approchai de la télé, me penchant au bord du canapé, captivée par une belle action menée avec autant de subtilité que pouvait l’être une action au foot. Mon équipe, celle aux maillots entièrement turquoise, taquinait l’autre équipe, les faisait courir après un ballon fuyant.
Soudain, je fus tirée brusquement en arrière et basculai contre le dossier. Ma tête cogna un morceau trop dur pour être du divan. Je me retournai tout aussi brusquement et me retrouvai contre un torse tout chaud à travers une chemise mal-boutonnée.
Me rendant compte de mon erreur, je voulais m’écarter de lui et faillis tomber en arrière, dans le vide cette fois.
« Arrête donc de gigoter ! Tu vas finir par vraiment tomber.
-Mais pourquoi tu m’as tirée aussi ? Je ne t’ai rien demandé !
- ‘Scuse, je croyais que tu allais tomber à te pencher autant. Tu ne vas pas t’énerver pour si peu. »
Je me retournai vers la télé. J’avais évidemment loupé le but tant attendu. Mais l’égalité était rétablie 5 à 5. Ils avaient donc marqué. Je lui répondis doucement :
« Mais on, il ne fallait pas t’inquiéter : je maitrisais parfaitement. Par contre tu me dois un gage : j’ai loupé le but à cause de toi. »
Il se mit à rire, discrètement au début, puis explosa.
« Tu crois vraiment que c’est moi qui avait programmé le foot avant ? J’ai l’impression que c’est toi la fana de foot finalement »
N’ayant rien à répliquer à cette pertinente remarque, je lui tirai la langue en guise de réponse. Il sourit sachant pertinemment qu’il avait raison. Puis il m’attrapa dans ses bras.
« Tu as encore tiré la langue, me murmura-t’il dans l’oreille.
-Et toi, tu vas encore me faire louper un but et récolter un gage. »
Il sourit et me lâcha juste assez pour que je retourne face à la télé. Qu’est-ce qui avait pris de lui répondre ça ? J’avais vraiment envie de frapper l’idiote contrariante que j’étais. Je me penchai, pris le plat à pizzas et en proposai à Stéphane, cherchant désespérément à me racheter. Mais quelle boulette je pouvais être certaines fois !
Il me sourit et prit une part. J’en pris aussi une et retournai me blottir contre lui, espérant qu’il me réouvre ses bras chaleureux.
Nous passâmes ainsi la fin de la mi-temps, blotti l’un contre l’autre. Il existait sans doute plus romantique comme soirée, mais après tout nous étions un peu comme un couple vieux d’un seul petit jour. Nous sentions tous les deux que nos destinés avaient été très proches avant l’amnésie, très très proches. Mais comment nous reprocher de contenir nos envies ?
Je me demandais encore quelle était la raison de cette amnésie… L’alcool ne fait pas ce genre d’effet. Un accident ? Non, peu probable, vu notre état de santé. Un choc émotionnel ? Une violente dispute ? Non plus, peu crédible. Une drogue ?
Toutes ces questions tournaient dans ma tête.
Et si nous avions fait une énorme connerie ?
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Comme deux étrangers
RomantizmSe réveiller comme une fleur à côté d'un jeune homme et se rendre compte qu'on est amnésique. Peut-on compter sur lui pour ramener nos souvenirs?