A New York, l'hiver ne recouvrait déjà plus central park de son manteau de neige. Les écharpes et bonnets commencèrent à rester au fond du placard. Les coureurs les plus émérites arpentaient les pistes cyclables tandis que les écureuils hibernaient un peu plus longtemps. La ville au réveil avait les allures d'une pomme rayonnante. La population s'activait aux premières lueurs du soleil pendant que je flânais brièvement sur la 7th avenue. A peine le temps de prendre un café pour me booster de ma masse de travail et la ville était déjà noire de monde comme à son habitude. Des food trucks de beignets et de cafés se postaient aux quatre coins des avenues en diffusant des effluves des plus appétissantes.
Alors que j'inspirais profondément en accélérant la cadence, je me pris à imaginer de milles et une manière la tête du nouveau patron. Pour qui je devais veiller à ne pas être en retard si je ne voulais pas laisser une mauvaise première impression. Malgré cela une autre préoccupation bien plus grande prenait toute mon énergie, celle d'être une nouvelle fois célibataire après plus d'un an de fiançailles. La découverte de mon fiancé dans les bras d'une autre plus jeune et plus jolie que moi m'avait anéantie. Ariane ma meilleure amie me disait d'arrêter de me comparer à elle mais je ne pouvais pas. Cette voleuse de petit ami était tout mon opposé : blonde platine avec des décolletés plongeant, des jupes bien trop courtes à mon goût et de longues jambes interminables qui aguicheraient n'importe quels hommes à un kilomètre à la ronde. La jeune femme avait su séduire en moins de deux mon ex-compagnon. Fatiguée de voir que mes relations finissaient par n'être qu'éphémère, je m'abandonnais à corps perdu dans mon métier d'agent littéraire. Cela me suffisait pour l'instant, je devais dénicher des perles rares dans une société où tout le monde rêvait d'être publié.
Sur le chemin qui me conduisait au travail, je m'imaginais une vie où mon prince charmant me délivrerait de mon ennuie quotidien. Peut-être ferais-je cette rencontre dans un moment imprévu. Et qui sait, je sortirais sans doute de ma lassitude à vivre seule.
Je pressais le pas un café en main acheté dans l'une des boutiques les plus connues du quartier. Tenant mon gobelet du bout des lèvres, je ne vis pas arriver à vive allure une silhouette dans ma direction. J'eus à peine le temps de l'abaisser pour ne pas me brûler la langue. La personne qui me fonça dessus ne me prêta pas attention et me heurta en renversant une partie du contenue brunâtre sur ma veste et mon chemisier blanc. C'était tout simplement une catastrophe car j'avais une réunion dès plus importante et, soyons francs, je n'étais déjà pas en avance. Le patron me ferait savoir à quel point il serait déçu que l'une de ses collaboratrices ne soit pas à l'heure.
Tandis que je marmonnais dans ma barbe à propos de mon retard. La personne qui m'avait bousculé s'abaissa pour récupérer le gobelet blanc sur le sol et, en se relevant d'un geste vif, se cogna contre un panneau publicitaire.
- Vous n'avez rien? M'inquiétais-je.
- Non mais vous ne vous êtes pas brûlée mademoiselle? Dit deux yeux noisettes triste sous une capuche de sweat tout en se relevant.
- Ça ira, j'ai connue pire pour débuter la journée. M'amusais-je de la situation. Par contre pour ma réunion c'est fichue, je devais y être dans trente minutes. Dis-je tout en montrant mon chemisier constellé de tâches de café.
- Ne vous inquiétez pas, je connais une boutique non loin d'ici. M'invita l'inconnue au sourire timide.
Cette personne bienveillante m'emmena dans un magasin à quelques pas de l'incident. Dans la grande boutique de mode, j'admirais les chemisiers en col claudine, les petites jupes plissées de chaque coté ainsi que des accessoires de saison. Bien que je ne sois pas pas une fashionista avertit, j'étais émerveillée par tant de tissus. Pendant ce temps l'inconnue en jogging engagea une conversation avec la vendeuse. J'avais assisté un peu plus tôt à notre arrivée à une scène étrange : la vendeuse nous avait observé d'un drôle d'air mais quant elle découvrit le visage de la personne qui m'accompagnait, elle s'activa aussi vite qu'elle le pouvait pour lui être utile. La rouquine habillait de la tête au pied comme un mannequin s'empressa de me ramener différents chemisiers dont mon choix s'était arrêté sur un blanc des plus classiques qui me ressemblait en tout point. En entrant dans la cabine, la belle rousse me remit le vêtement en main pour que je puisse me changer. Maladroite comme je suis, je fis tomber ma veste sur le sol en me maudissant d'être aussi empotée. Une fois le chemisier d'un blanc rutilant enfilé, je remis mon blazer noir par dessus en vérifiant qu'il n'était pas non plus trop taché.
- Impeccable. Félicitais-je mon reflet dans le miroir tout en plissant ma jupe crayon.
A ma sortie, l'inconnue avait disparu ainsi que mon chemisier que la vendeuse avait échangé lors de mon rhabillage. La miss apprentie mannequin demanda si le vêtement me convenait.
- Est-ce que le chemisier vous va ?
- Très bien.
- Puis-je faire autre chose pour vous Madame?
- Peut être pourriez-vous me dire combien je vous dois pour le chemisier?
- Rien, il vous est offert.
- Et par qui?
- Par la personne qui vous avez accompagné.
- Désolé mais savez-vous de qui il s'agit?
La vendeuse me regarda d'un air ahurit mais fut compatissante. A son regard, je devinais qu'elle ne l'avait pas reconnu non plus sur le moment.
- C'était Jessie W. Dit la rouquine comme si je savais qui était cette personnalité.
Mais qui était Jessie W.? Qui était cet être à la détresse mélancolique et au sourire qui se faisait si secret. Qui pouvait courir au point d'oublier les gens qui l'entouraient? Et surtout qui était cette personne sous la capuche qui me rappelait que je n'étais pas seule à souffrir sur terre? Comment ne pas être sensible au désespoir de quelqu'un quand on l'était soi-même? Cette mine accablée de douleur m'intriguait plus que je ne pourrais me l'expliquer. Parce qu'il fallait être honnête, la curiosité était l'un de mes défauts. Il m'apportait tout autant d'ennuies que de belles surprises. Et aujourd'hui cette rencontre inattendue était peut-être la plus surprenante de toutes celles que j'ai connu.
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Pour ce qui ont lu "Les Barrières de l'amour" c'est là même histoire mais je l'ai remanié de sorte d'avoir le point de vu des deux personnages. J'espère que ceux et celles qui l'a découvre aujourd'hui l'apprécieront. Bonne lecture à tous et à toutes.
Surtout n'hésitez pas à donner votre avis ça me ferait plaisir.A bientôt les ami(e)s
Amicalement Eryn T.
Copyright 2015-2016 par Eryn Tholiem. Tous droits réservés

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Une autre saison
RomanceUne femme pressée, un café, une bousculade, deux vies à jamais bouleversées. Une histoire somme toute banale à croire au début. À vous de juger ce qu'il en est et laissez-vous emporter par le tourbillon de la vie d'Elsa et de Jessie. Un amour imposs...