Scène 10 : Nom de code "Persuasion"

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~Elsa~

Dans la salle de conférence de l'agence, Ariane et moi prenions place l'une à côté de l'autre tout en écoutant les instructions de notre patron. Cette semaine, nous devions nous mobiliser exclusivement sur nos auteurs les plus bankable. Pour moi, il était primordial que l'auteur puisse s'exprimer et transmettre ses émotions les plus profondes. Et non pas chercher à tout prix à faire des profits sur son dos. Quand certains collègues me disaient qu'on pouvait reconnaitre le potentiel d'un bouquin en ne lisant que le premier chapitre. Je leur expliquais que je préférais approfondir pour mieux connaitre l'univers de l'auteur. J'étais de celle qui aimait donner sa chance en lisant un peu plus loin. Évidemment, mettre en valeur le livre comme la publicité et la promotion étaient extrêmement importante. Mais la partie la plus gratifiante de mon métier d'agent était de découvrir cette pierre brute que j'allais pouvoir polir pour en extraire ce bijou tant convoité.

Pendant que M.Baker parlementait sur comment réussir à faire plus de bénéfices. Je pensais à elle, à cette femme qui se cachait derrière ses yeux aux multiples émotions. Au Mc Ginty's, j'y avais découvert une personnalité un peu timide et réservée. Mais surtout à une femme pleine d'humour. Je n'en revenais toujours pas qu'elle s'était laissée embarquer dans mon mensonge. Elle était venue et repartit sans laisser place à son personnage public. Une Jessie W. sous couverture pour rentrer dans la peau d'une Ugly Betty incognito. C'était vraiment adorable de sa part de faire semblant. Quand j'y repensais mon coeur se remit à faire un bruit sonore que je ne connaissais pas. Pourquoi palpitait-il un peu plus vite que là normal?

Où êtes-ce du au regard réprobateur de mon chef qui me demanda si j'étais bien présente lors de cette fichue réunion qui parlait de vendre plus pour gagner plus. Je faisais semblant de l'écouter attentivement mais rien n'y faisait je reflechisais à cette invitation qu'elle m'avait proposée : une expo de "Street Art". Je ne savais vraiment pas à quoi m'attendre de cette exposition avec les deux stars de la mode. Certainement à quelque chose d'original parce que j'étais convaincue d'apprendre énormément sur le monde de l'art grâce à eux. Pour la première fois même si je n'aimais pas être prise au dépourvue je préférais le découvrir sans l'aide d'Internet ni de ma meilleure amie.

- Mlle Kingston, cela ne vous intéresse pas? Demanda le patron qui met fit revenir à la réalité.

- Heu...si bien sur M. Baker.

- Revenons-en au principal, Clark et Anderson vous allez presser un peu vos auteurs. Je veux que leurs romans soient bouclés d'ici une semaine pour pouvoir enchaîner la suite des opérations.

Une fois de plus, je reportais mon attention sur samedi soir. Dans ce bar, je l'avais trouvée presque accessible malgré cette carapace qu'elle traînait par tout temps. Je supposais que la notoriété aidait à se forger une armure contre les fans et autres curieux. Quand elle m'avait remis sur un bout de papier l'adresse de la galerie d'art. Mon pouce frôla sa peau pour récupérer le morceau de feuille et je sentis un flottement entre nous. Ses lèvres se retroussèrent d'un air gêné quand elle le relâcha pour que je puisses le remettre dans ma poche de chemisier et...

- Mlle Kinston! Si on vous ennuie ne vous gêner pas.

- Merci pour votre sollicitude M.Baker. Je vous écoute, vous avez toute mon attention. Essayais-je de paraître intéressée.

- Alors dites moi pourquoi votre apprentie n'a pas encore fournit la moitié de son manuscrit?

- Et bien, il faut du temps vous savez comment sont les...

- Justement nous n'en avons pas. Me coupa t-il. Passé à autre chose Mademoiselle. Ne nous faites pas perdre notre temps avec ce gamin qui n'y connaît rien au polar.

- Avec tout le respect que je vous dois Monsieur. Ce jeune homme aura un avenir très prometteur dans le Thriller. Il a de l'imagination, il réussit par un tour de force à vous faire tourner en bourrique sur tous les suspects, et raconte avec humour les mésaventures de son personnage principal. Et je vous rappel que les jeunes auteurs ont le droit eu aussi d'avoir leurs chances.

- Oui et bien concentrons-nous sur les plus importants. Se retourna t-il sur l'assemblée.

- Si nous faisons cela à chaque fois, il se pourrait bien que nous perdions un futur Stephen King ou autre James Patterson. Ne pus-je me retenir de répliquer pour défendre les intérêts de mon petit prodige du polar.

Ensuite, je lui faisais mon regard de lionne qui ne lâcherait rien et protégerait son petit comme si ma vie qui en dépendait. Sur ma droite, je voyais Ariane m'observer faire. Elle connaissait mon don pour faire pencher la balance à mon avantage. Au cinéma avec elle, j'avais la primeur de choisir le film parce que j'arrivais toujours à mes fins. "Persuasion" était mon second prénom que tout le monde connaissait dans l'entreprise. Encore quelques secondes de débat intérieur pour mon patron et le tour était joué. Je le voyais rien qu'à sa façon de secouer la tête de droite à gauche tout en prenant son stylo. Il le fit tapoter nerveusement sur son dossier du jour et s'inclina face à sa défaite.

- Très bien Mlle Kingston veillait à ce que votre poulain soit à la hauteur de nos espérances.

- Merci Monsieur, vous ne serez pas déçu.

La suite de la réunion reprit son cour pendant encore une heure. Ma meilleure amie me félicita pour ma combativité face à notre grand patron. Je la remerciais tout en allant demander à ma secrétaire pour qu'elle fasse appel à ce jeune prodigue du thriller. Assises confortablement sur ma chaise, le téléphone me freina dans le début d'une nouvelle lecture.

- Bonjour Elsa, c'est Jessie. Dit-elle d'une voix douce.

- Bonjour Jessie, comment allez-vous?

- Bien, Paul s'est permis de donner votre numéro de téléphone.

- Pas de souci, vous vouliez vous assurer que je viennes ce mercredi soir c'est ça?

- Oui enfin, le problème c'est que Paul ne pourra pas être présent. Expliqua t-elle gênée. Il a tout bonnement oublié qu'il avait un repas de famille ce soir là. Donc si vous ne voulez pas venir je comprendrais.

Une petite voix me disait que ça ne changeait rien. Évidemment c'était celle de la curiosité. Tandis que l'autre voix me rappelait que je la connaissais à peine. Et vu ce que m'avait montrée Ariane sur le net, je devrais me méfier de ce qui l'entourait à commencer par le côté people. Sauf que sous l'impulsivité la voix qui emportant haut la main était forcément celle de la curiosité.

- Et bien, je suis toujours partante pour découvrir le "Street Art". Si ça ne vous dérange pas de vous retrouver avec moi bien sûr.

- Très bien, on se donne rendez vous devant la galerie Danny Wilde à 19h.

- A mercredi alors Jessie.

- C'est ça Elsa à mercredi, n'oubliez pas pour 19h, devant l'entrée.

L'air songeuse, je me disais que j'étais peut être la persuasion mais Jessie elle était l'autorité même.

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Copyright 2015-2016 par Eryn Tholiem. Tous droits réservés

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