Chapitre 3

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Je le regarde, puis m'avance jusqu'à la fenêtre afin de voir l'extérieur. J'observe attentivement chaque détail de cette vue. Des arbres, un parc un peu plus loin pour les enfants, des immeubles qui ont l'air d'avoir été refait à neuf il n'y a pas longtemps, un restaurant à côté, plutôt étrange d'en avoir un juste à côté des immeubles, c'est un quartier plutôt chic je dirais. Cela se voit avec les immeubles qui sont moderne, les voitures qui sont toutes plus chères les unes des autres. Bien que le quartier me plaît et semble sans problème, je ne reconnais rien.
- Non, finis-je par dire.

Il soupire, comme si il savait que cette histoire était beaucoup plus compliqué que cela puisse sembler. Il marche en direction du lit, je suis obligée de le suivre. Il s'assoit et pose sa tête entre ses mains, essayant de remettre au passage ses cheveux en place.
- On va sortir dehors, me dit-il en me regardant.

Je ne réponds pas, je ne suis pas convaincue de son idée. Il est menotté à moi, les passants vont sûrement nous regarder bizarre, voir même appeler les flics pensant que l'on est des voleurs, des tueurs peut-être, qui se sont échappés de prison. Ce n'est pas vraiment le moment de s'attirer des ennuis, surtout que ni lui, ni moi ne savont ce qui a pu se passer pendant les quelques heures auparavant.
- Ce n'est pas une bonne idée, répondis-je après quelques minutes de silence.
- Tu as une meilleure idée ?
- On pourrait commencer par appeler nos proches.

Il me fait "oui" d'un signe de tête. Il se lève et commence à chercher son portable, sans succès. Je l'aide, à deux, côte à côte, nous avons cherché dans toute la chambre nos téléphones mais impossible de mettre la main dessus. Il n'y a même pas un téléphone fixe dans cette pièce.
- Regarde, me dit-il en déplaçant un des meubles.
- C'est quoi cette enveloppe ?

Je regarde l'enveloppe marron que cet inconnu tient, elle semble un peu épaisse. Il la touche, comme pour essayer de savoir ce que c'est et finit par l'ouvrir. Il semble concentrer, ses cheveux tombent légèrement sur son visage, l'empêchant de voir correctement. A l'aide de sa main gauche, il place ses cheveux en arrière, tout en restant concentré.
- De l'argent et une perruque, S'exclame-t-il.

Il retourne l'enveloppe afin de tout faire tomber. Il s'accroupit, m'obligeant à le suivre. Il touche l'argent en l'éparpillant bien sur le sol.
- Il doit y avoir au moins 1000€, m'avoue-t-il très concentrer.
- Tu crois qu'on a volé une personne ? Demandé-je, commençant à paniquer.
- Je ne sais pas.

Je vois dans son regard qu'il est tout aussi perdu que moi. Je prends la perruque dans mes mains. Une perruque en forme d'afro rouge, comme celle d'un clown.
- Ça te dit quelque chose ça ? Le questionné-je.
- Non. Rien du tout.

Il la prend, l'observe, la touche afin d'essayer de se remémorer des souvenirs mais rien. Aucun détail ne lui revient, même pas un petit détail.
- Perruque à vos têtes, dit-il en fronçant les sourcils.
- Quoi ?
- C'est marqué, perruqu'à vos têtes.

Je regarde et c'est vrai, c'est bien marqué ça a l'intérieur de la perruque. Malheureusement, cela ne me dit rien.
- On y va, ajoute-t-il.
- Hors de question.
- Il n'y a pas d'autre solution.
- Si, on trouve un moyen de briser ses menottes et on est libre.
- Et comment veux-tu qu'on les brise ? On a rien! S'énerve-t-il.
- Il doit bien y avoir des bûcherons ici.

Il semble hésitant mais finit par accepter sans être convaincu pour autant. Il met la perruque ainsi que l'argent trouvé dans ma poche de la veste et nous sortons de la chambre.
- C'est un hôtel, chuchoté-je.
- Avance merde!
- Oh ça va.

Il me prend la main et essaie de la rentrer dans la manche de la veste.
- Non mais qu'est-ce que tu fous ? M'exclamé-je.
- La ferme! Murmure-t-il.
- C'est à moi que tu dis la ferme ?
-  C'est soit je te tiens la main pour que personne ne remarque ses menottes, soit je laisse apparaître les menottes mais on risquerait d'avoir des emmerdes.

Je ne réponds pas. Au fond, même si je n'en ai pas envie, il a raison. Si les passants voient les menottes, les ennuis commenceront et ce n'est pas le moment. Nous sortons de l'hôtel sans payer, il n'y avait personne. J'aurais préféré payer mais il n'a pas voulu. Je n'aime pas trop ça mais je n'ai pas envie que l'on engueule une nouvelle fois, cela risquerait de nous causer peut-être des problèmes.
- L'endroit ne te dit toujours rien ? Demandé-je en observant attentivement l'endroit.
- Putain je ne me souviens de rien, tu comprends ça ?
- T'énerves pas, des souvenirs peuvent te revenir.

Je soupire et nous marchons doucement. Je ne sais même pas où nous allons ou si nous allons réussir à trouver un bûcheron ou une quelconque personne qui pourrait briser ses menottes.
- Désolé, dit-il calmement. Cette histoire me rend dingue. Je n'ai aucun souvenir et ça me fout vraiment les boules.
- C'est rien.
- Puisqu'on va devoir être ensemble pendant un petit moment, ça serait bien que l'on arrive à s'entendre.
- On n'y arrivera pas, avoué-je.
- Pourquoi tu dis ça ?
- Je ne sais pas.
- Alors faisons un effort tous les deux.

Je le regarde et vois dans ses yeux qu'il a envie que le peu de temps que nous allons passer ensemble se passe bien, sans dispute, sans cri. J'acquiesce d'un signe de tête et nous continuons notre route en silence, croisons parfois quelques passants, qui dès que nous les voyons, nous ne pouvons nous empêcher de resserrer nos mains collées l'une à l'autre, c'est comme si nous avons peur qu'ils voient les menottes et quand nous contractons nos mains, plus personne ne pouvait se douter de quoi que ce soit. C'est étrange et stupide à la fois.
- Je m'appelle Justin, finit-il par dire.

Oublie-moi.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant