Chapitre 8

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Je regarde Justin. Je sais à quoi il pense. Il sait que Jack n'est pas fou et qu'il dit la vérité. Cela se voit dans son regard. Un regard de tristesse, comme si il nous disait qu'il était désolé pour nous. Ses yeux brillent à cause des larmes. Justin ne dit rien. Moi non plus. Nous savons tous les deux qu'il ne nous apportera rien de plus à ce qu'on vit actuellement. Nous retournons à la case départ. Jack se lève, nous laissons tous les deux.
- Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? Chuchoté-je.
- Je ne sais pas. Il m'a l'air d'être sincère.
- Il l'est.
- Retour à la case départ. On n'avance pas.

Jack revient avec une scie. Justin ouvre les yeux en grand, surpris par cet outil. Il me regarde, me disant avec ses yeux qu'il est hors de question qu'il essaie de briser ses menottes avec cette scie rouillée. En voyant cette scie à moitié cassée, je ne me sens pas en confiance non plus. C'est comme si la scie allait se briser quand elle se poserait sur la chaîne des menottes. N'ayant pas le choix, nous acceptons qu'il scie la chaîne. Elle se brise et nous pouvons marcher sans se tenir la main, ce qui nous soulage. Justin prend la scie ainsi que ma main où il y a l'une des poignées des menottes. Je retire ma main lorsque j'ai compris qu'il voulait me l'enlever.
- Fais-moi confiance, me dit-il en me fixant droit dans les yeux.

Je ferme les yeux et le laisse faire, voulant malgré tout que ces menottes ne soient plus qu'un mauvais souvenir. Il fait ça avec douceur, avec patience, sans se dépêcher, prenant soin de ne pas me blesser. J'aime la façon dont il fait attention. Il enlève la ferraille autour de mon bras et j'aperçois des marques rouges sur mon poignée, sûrement dû au frottement qu'il y a eu. Je me masse légèrement, comme si je pensais que les marques allaient s'envoler. Justin me tend la scie pour qu'à mon tour, je le libère définitivement de ces menottes mais je ne m'en sens pas capable. Justin le sent. Il pose sa main sur la mienne afin de me soutenir et nous nous regardons. Ses yeux marrons. Ils sont banales mais son regard est profond.
- J'ai confiance en toi, me dit-il, tu y vas doucement et tout ira bien.

Je prends la scie et lui obéis. Il a osé le faire pour moi alors je me dois bien le faire pour lui. Je la pose sur le bout de ferraille et commence à scier lentement, jusqu'à ouvrir le bracelet. Il me sourit, comme pour me remercier. Justin me fait un signe de tête et je comprends tout de suite qu'il veut qu'on quitte cette maison.
- Merci Jack, lui souris-je en commençant à partir.
- Où vas-tu maintenant ?
- Retrouvé mon mari.

Il me sourit et nous partons. N'ayant pas de taxi à porter de main, nous marchons pendant longtemps sans rien dire jusqu'à arriver dans un petit village dont nous ne connaissons pas le nom.
- Il serait sûrement préférable de rentrer, finis-je par dire.
- Je pense que c'est plus raisonnable. De toute façon, ça ne nous mènera à rien cette histoire.
- Où est l'aéroport ? Demandé-je en regardant autour de moi.
- Je ne sais pas mais il commence à faire nuit.
- Qu'est ce que tu proposes ?
- D'aller dans un hôtel et de prendre le premier vol demain matin. Là, il va faire nuit, c'est plus prudent.

Je l'écoute, voyant qu'il y a un hôtel juste en face de nous. De toute façon, je ne suis plus à une journée près. Nous nous dirigeons vers l'hôtel.
- Vous désirez un chambre ? Demande la réceptionniste.
- Non, plutôt deux, souris-je timidement.
- Il ne me reste qu'une chambre.
- Une chambre c'est parfait, S'exclame Justin.

Il prend la clé et nous montons. Je ne veux pas dormir une nuit de plus dans ses bras. Je ne sais pas à quoi il joue mais ça ne me plaît absolument pas. Nous rentrons dans la chambre et il s'assoit sur le lit, commençant à composer un numéro.
- Tu m'expliques pourquoi tu as demandé une chambre ? M'énervé-je.
- Il ne restait plus qu'une chambre et je ne t'aurais pas laissé seule avec l'argent.
- Tu insinues quoi au juste ? Que j'allais tout voler ?
- Cet argent, c'est le seul moyen de rentrer chez nous, tu réagirais de la même manière si c'était moi qui avait l'argent.

Je ne dis plus rien sachant qu'il avait raison. Je ne l'aurais pas laissé seul dans une chambre avec l'argent même si je ne veux pas l'utiliser. Pourtant, je serais bien obligée lorsque j'achèterai un billet d'avion. Justin compose un numéro mais personne ne répond. Il compose plusieurs fois le même numéro, suivi de différents numéros qu'il a appelé plusieurs fois également.
- Tu appelles qui ? Demandé-je curieuse.
- Des potes, mais personne ne répond. Ils doivent tous être occupés. Ou ils ont du changer de numéro, comme d'habitude.
- Ils changent souvent ?
- Ils changent tout le temps, c'est chiant mais on s'y fait.

Je prends le téléphone à mon tour et compose le numéro de mon mari.
"Le numéro que vous avez demandé n'est pas attribué."
Je fronce les sourcils.
- Un problème ? Me demande Justin.
- Le numéro de mon mari n'existe plus.
- T'es sûre d'avoir bien composé le numéro ?
- Oui. Je le connais par coeur.

Je ré-essaie trois pour être sûre de ne pas me tromper et toujours le même message. Cette fois-ci, je décide de composer le numéro de la maison, c'est exactement la même chose, le même message. Je sens mon coeur s'accélérer, comme si il ressentait un danger, ou qu'il savait que quelque chose n'allait pas. C'est étrange que les numéros n'existent plus. Mon mari n'est pas du genre à changer son numéro de téléphone et encore moins son téléphone en lui même. Je regarde Justin l'air paniqué. Il ressent mon stress, je le vois à son regard.
- Il se passe quelque chose de bizarre chez moi. Tous les numéros n'existent plus.

Oublie-moi.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant