Chapitre 17

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Ce n'est pas dans son habitude de ne pas être là alors qu'il commence à être tard. J'appelle son lieu de travailler mais la secrétaire me répond qu'il n'est pas là, que Paul a pris des vacances. J'ai appelé ses amis, ses collègues, la police, d'autres hôpitaux mais rien. Personne ne sait où il est. Les larmes coulent seuls sur mes joues, ne pouvant les retenir. Je regarde dans les meubles de chaque pièce afin de trouver quelque chose qui pourrait me mettre sur la piste mais rien. Même son ordinateur n'a rien qui peut m'aider à le retrouver. Je décide de regarder nos comptes et rien n'a été créditer. Soupirant, j'appelle à nouveau la police afin de tout leur dévoiler en disant qu'il est partit sans vêtements, sans argent, sans rien mais ils m'ont simplement dit qu'il était majeur et qu'il faisait ce qu'il voulait. Merci la police, nous nous sentons tous en sécurité avec vous. Tournant en rond dans toute la maison, je n'ose pas dormir. Je veux être là quand il arrivera. Soudain, mon téléphone émet un bruit, ce qui m'indique que j'ai un nouveau message. Je me précipite dessus en me disant que c'était sûrement Paul mais non. C'était un numéro inconnu et en lisant le message, qui me disait qu'il s'ennuyait, j'ai vu que c'était en réalité Justin. Je décide de lui répondre parce que sa présence me fera sûrement du bien.

De : Moi.
À : Justin.
Mon mari n'est toujours pas rentré. Il est à présent 4h du matin et j'ai peur.

De : Justin.
À : Moi.
Quoi ? T'as appelé les flics ?

De : Moi.
À : Justin.
J'ai appelé ses amis, ses collègues, son travail, la police. Personne ne sait où il est et les flics ne m'aident pas.

De : Justin.
À : Moi.
Il est peut être partit faire un tour... Je suis désolé pour toi.

De : Moi.
À : Justin.
Tu ne veux pas venir à la maison ? J'ai l'impression que je vais exploser.

De : Justin.
À : Moi.
Si bien sur. J'arrive.

Je lui indique mon adresse et je l'attends. Ce n'est peut-être pas prudent si Paul arrive parce qu'il pourrait être jaloux mais j'ai besoin d'être avec une personne, sûrement pour passer le temps plus vite, pour ne plus y penser ou tout simplement, pour me sentir soutenu. J'ai attendu Justin pendant quelques minutes. Les minutes m'ont semblé longues. Lorsque je lui ouvre, je le prends dans les bras et ça me fait énormément de bien, ça me rassure. Il s'installe sur l'une des chaises de la cuisine et boit son café que je viens de servir.
- Tu y tiens à ton mari, dit-il pour briser le silence, ça se voit.
- C'est, commencé-je à bafouiller, c'est compliqué mais oui, j'y tiens.

Justin me regarde avec insistance, comme si il attendait la suite, que je lui en dise plus. Il sait que je cache quelque chose et il aimerait en savoir beaucoup plus. Je ne sais pas si c'est résonnable de lui dire la vérité mais je n'en ai jamais parlé. Personne n'est au courant et je dois avouer que je suis bien avec Justin. Ce qui est plutôt étrange, je suis plutôt du genre à être discrète, à fuir des autres mais pas avec lui. J'ai cette impression qu'il peut me comprendre, qu'il peut tout accepter sans me juger. Justin s'est déjà confié avec moi, probablement parce qu'il se sent en confiance, parce qu'il en avait envie et besoin. Je vais suivre mon coeur et tout lui dire, j'en ai besoin. C'est comme si je devais parler de Paul parce qu'il n'allait jamais revenir. En pensant à ça, un pincement au coeur retentit. Non, il va revenir.
- Ma rencontre avec Paul est différente de tout ce qu'on peut imaginer, ajouté-je en sentant Justin m'écouter. Avant notre rencontre, je me droguais. Je n'avais que 15 ans. J'étais jeune et pensais que la vie n'avait pas d'importance. Je n'avais pas d'amis, je n'avais pas non plus de petit ami et j'en souffrais beaucoup alors je me droguais. Comme pour oublier. Et quelques mois plus tard, je devais faire une prise de sang pour voir ce qui n'allait pas. C'est Paul qui m'a guérit de la drogue. Il avait 30 ans à ce moment là. Je suis restée avec lui pendant 2 ans. Je le voyais tous les jours et il m'a guérit complètement de ça. On n'était pas en couple à ce moment là mais à mes 17 ans, il m'a embrassé et je l'ai laissé faire. Je me suis mariée avec lui l'année dernière, en décembre. J'avais 20 ans. Et lui 35 ans. Beaucoup de différence d'âge, je sais. Mais depuis qu'il m'a sauvé la vie, je tiens à lui.

Justin ne me dit rien mais me regarde. Son regard dit beaucoup de chose. Il est à la fois surpris. Surpris de savoir que je me droguais alors que je n'ai pas une tête d'une fille qui est désespérée femme la vie. Il est aussi intéressé par mon histoire. Il ne s'attendait sûrement pas à ce que mon mari ait 45 ans. Et pourtant si. Il laisse le silence s'installer, ce qui commence à m'inquiéter. Je ne demande pas grand chose, juste une réponse, comme un message pour me rassurer mais non, il préfère rester dans le silence, à s'imaginer des choses dont je ne connaîtrais jamais l'existence. Il préfère rester dans ses pensées. Je soupire légèrement fort afin qu'il puisse entendre et peut-être même comprendre qu'une réponse de sa part est la bienvenue et qu'il serait temps qu'il me parle mais toujours rien. Je regarde ailleurs pour ne plus croiser son regard et espérer une réponse de sa part.

Il la regarde, la fixe même. Il ne s'imaginait pas qu'elle ait pu se droguer quelques années plus tôt, surtout pour des bêtises comme celle-ci. Il ne s'imaginait pas qu'elle s'est mariée avec le médecin qui a su l'écouter, qui a su l'aider et la guérir de cette addition. Il pensait différemment et ça le surprend, ce qui l'empêche de parler mais il voit bien qu'elle attend une réponse, qu'elle veut qu'il dise quelque chose, n'importe quoi mais qu'il brise le silence qui commence à peser.
- En fait, finit-il par ajouter, tu es reconnaissante envers lui. Tu es avec lui parce qu'il t'a sauvé la vie.

Oublie-moi.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant