Oublie-moi.

Chapitre 10

J'ai l'impression que cette histoire n'est pas terminée, que nous ne pouvons pas s'arrêter là alors qu'un nouvel indice vient de faire son apparition. Nous mettons nos chaussures et partons de la chambre d'hôtel en payant avec l'argent que nous avons trouvé la veille. Le journal à la main, nous essayons de trouver l'endroit de la boîte de nuit. Nous marchons pendant un bon moment, faisant tout le tour de la ville avant d'arriver à destination. C'est fermé, ce qui n'est pas étonnant vu qu'il fait jour mais l'endroit est désert, avec des poubelles étalées sur le sol, les déchets éparpillés partout sans qu'une seule personne ne ramasse quoi que ce soit, probablement trop occupée à autre chose. Justin regarde un peu la rue, sûrement à la recherche d'un quelconque indice mais rien. Il est trop tôt pour poser des questions aux passants.
- En étant ici, il n'y a pas des souvenirs qui refont surface ? Me demande Justin.
- Non. Rien. Ça ne me dit rien du tout.
- Moi non plus. Je n'ai pas l'impression qu'on a mis les pieds ici.
- Pourtant, sur la photo c'est bien nous.

Un silence s'installe. Au fond de nous, cette situation nous pèse. D'un côté, nous voulons retourner chez nous, retrouver nos petits habitudes mais d'un autre côté, nous voulons savoir ce qu'il s'est passé parce qu'avoir un trou noir n'est jamais évident.
- Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? Demandé-je en regardant Justin.
- Je te propose d'aller manger et on avisera après.
- Manger ? Déjà ?
- Je commence à avoir faim.

Nous retournons au centre ville afin d'aller manger dans un restaurant pas trop cher pour gagner le maximum d'argent possible. Nous nous installons a l'intérieur dans un restaurant plutôt familiale. Il y a déjà pas mal de monde à l'intérieur. Une serveuse qui a l'air d'en avoir marre de travailler ici nous place contre la vitre et nous apporte les menus. Nous commandons bizarrement la même chose : spaghettis bolognaise. C'est le seul plat que nous commençons et qui n'est pas trop cher. L'endroit est sombre, avec beaucoup de bois, c'est comme si les propriétaires n'avaient jamais repeint les lieux, jamais eu envie de le moderniser. Les clients n'ont pas l'air d'être mécontents de l'endroit, bien au contraire, la plupart d'entre eux ont l'air d'être des habitués.
Une fois les plats servis par la serveuse de tout à l'heure, nous mangeons en silence. Justin s'arrête et me regarde.
- Qu'est-ce qu'il ne va pas ? Me demande-t-il d'un air très sérieux.
- Rien, tout va bien pourquoi ?
- Ça fait plus de 24h qu'on est ensemble, je commence à savoir quand ça ne va pas.
- C'est trop tôt pour que tu saches ça.
- Non la preuve, il y a quelque chose qui ne va pas, je me trompe ?

Je le regarde ne sachant quoi répondre. Encore une fois, il a raison, quelque chose me tracasse mais comment il sait ça ? Comment il sait que quelque chose ne va pas ?
- Alors, qu'est-ce qu'il y a ? Insiste-t-il.
- Rien. C'est mon mari.
- Il te manque ?
- Je m'inquiète pour lui. Ce n'est pas normal que les numéros soient inaccessibles.
- Te prends pas la tête pour ça.
- Mais je sais que ce n'est pas normal.
- Il y a un téléphone là, vas y.
- On a que des billets.
- Alors oublie, c'est rien.
- Si tu le dis.

Un silence s'installe à nouveau. Justin est partit payé. Il revient et je me lève afin que nous puissions partir de ce restaurant. Il est encore trop tôt pour aller au Dance Club. Justin veut que nous allons dans le parc par très loin. J'ai accepté parce qu'il faut bien s'occuper en attendant la nuit. Le parc est normal, avec de l'herbe, des arbres, des bancs, un lieu pour faire de la musculation, des jeux pour les enfants, rien d'extraordinaire. Justin court vers un parcours sportif avec toutes sortes d'obstacles.
- T'as déjà essayé ? Me demande-t-il en me montrant le premier obstacle.
- Non jamais. Je ne suis pas sportive tu sais.
- Même avec ton mari, le week-end vous ne faites pas ça ?
- Non.
- Essaie. C'est fun!

Justin m'entraîne sur le parcours. Il fait l'idiot en imitant les sportifs qui essaient de faire les exercices en frimant mais sans succès. Je rigole en le voyant ainsi. C'est la première fois que je fais ce genre parcours et c'est plutôt bien. Je ne pensais pas que je pouvais m'amuser en faisant ça. Nous arrivons devant une échelle horizontale. Je m'arrête légèrement essoufflée et Justin sourit, sachant très bien que je lâcherai au bout d'un moment.
- Allez, essaie, rigole-t-il.
- Toi d'abord.

Justin réussit le parcours en quelques secondes seulement. Il se retourne et me regarde. Je pose mes mains sur la première barre et avance légèrement mais je finis par lâcher. J'essaie deux, puis trois fois mais toujours le même résultat.
- Je n'y arriverai pas, râlé-je.
- Mais si. Allez vas-y. Aies confiance en toi. Le truc, c'est d'y aller d'un coup, sans s'arrêter.

J'écoute ses conseils et au bout de la deuxième fois, je réussis l'exercice. Un sourire s'affiche sur mon visage, heureuse d'avoir réussi l'exercice.
- J'ai réussi! M'exclamé-je en tapant dans la main de Justin.
- Tu vois. Je te l'avais dit!

Justin sourit, sûrement heureux que jai réussi cet exercice. Nous reprenons le parcours que nous finissons. Ce parcours était plutôt bien, c'est la première fois que j'en faisais un et honnêtement, je pense en refaire un dès que j'en aurais l'occasion. C'est agréable et je suis sûre qu'avec le temps et de l'entraînement, je pourrais faire ce parcours sans problème, sans être fatigué. Essoufflés d'avoir fait du sport, nous nous asseyons sur un banc en attendant la nuit. Les passants marchent tranquillement, sans être stressé ou quoi que ce soit. Ils se promènent pratiquement tous en famille, avec leur poussette et leurs enfants. J'ai un pincement au coeur en voyant toutes ses familles.
- Tu n'as pas répondu à ma question tout à l'heure, me dit Justin en me chassant de mes pensées.
- Quoi ?
- Ton mari te manque ?