Chapitre 15

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Je regarde Justin qui a l'air plutôt triste de ses paroles, comme si il redoutait son retour. Face à ça, je m'imagine le pire. Et si c'était lui, le coupable dans cette histoire ? Et si c'était lui qui m'a emmené jusque là ? Non, ce n'est pas possible. Ça ne peut pas être lui. Il ne me connaissait pas avant et moi non plus d'ailleurs. Il n'avait aucun intérêt à me kidnapper pour m'emmener en Finlande.
- Tu sais, ma vie aux États-Unis n'est pas rose, ajoute-t-il.
- C'est si dur que ça ?
- Je fais tout pour aller bien mais en réalité, rien ne va. J'essaie pourtant. J'essaie de faire comme si rien ne me dérangeait mais je n'en peux plus. Je n'en peux plus de cette règle stupide. Je suis pris au piège et je ne sais même pas comment m'en sortir.

Je ne dis rien par peur de le vexer ou de dire des choses qui l'énerverait mais je vois qu'il va mal et qu'il a besoin de parler de ça. Je ne sais pas de quoi il parle mais ça le ronge complètement et j'ai l'impression que cela va empirer avec le temps.
- Tu vois, dans ma famille, continue-t-il, la tradition est de se marier avec la fille que le père a choisit. C'est cette fille et pas une autre. Tout le monde est d'accord, tout le monde accepte et semble être heureux à cette idée mais pas moi. Je ne me vois pas épouser cette femme que je ne connais même pas. Je ne me vois pas l'embrasser, lui parler, lui faire l'amour. Je veux bien épouser une femme à 21 ans, ça ne me dérange pas, mais je veux épouser une fille que je connais, que j'aime vraiment.

Je ne savais pas quoi répondre face à ça alors je le prends simplement dans mes bras, le serrant un peu comme pour le rassurer, pour qu'il sache qu'il n'est pas seul, que je suis là. Je ferme les yeux, caressant son cou et sentant son odeur. Une odeur qui bizarrement me rassure face à toute cette histoire qui me fait peur. Je sens au niveau de ma poitrine son coeur battre, ce qui me procure une sensation étrange mais en même temps agréable, une sensation dont je ne serais expliqué réellement le sens. Il pose sa tête dans mon cou et sa respiration me chatouille, me provoquant de npmbreux frissons tout au long de mon corps. Nous restons 10 bonnes minutes serrés l'un à l'autre mais Justin décide de couper fin à ce moment en rentrant à l'intérieur parce qu'il commence à faire frais. Nous avons une petite cabine avec un lit superposé pour nous deux. C'est tellement petit que je me demande comment nous faisons pour être à deux dedans. Nous n'osons plus parlé. Justin s'allonge sur le lit du bas, quant à moi, je m'installe sur le lit du haut à contempler le plafond. Repensant à ce câlin, un sourire s'affiche sur mon visage sans que je puisse vraiment m'en rendre compte.
- Merci pour tout à l'heure, dit Justin en brisant le silence.
- C'est normal.
- Ça m'a fait du bien d'en parler.
- Tu sais, ma mère m'a toujours dit que ton bonheur personnel doit passer avant les autres.
- Mais c'est égoïste de ne penser qu'à soi.
- Ce qui serait égoïste, ça serait que tes parents t'obligent à épouser cette fille pour leur bonheur parce qu'au final, c'est toi qui vivra avec, pas eux.

Il ne dit plus rien, s'endormant sûrement. Je fais de même en me disant que cette histoire va enfin se terminer.
Je me réveille tranquillement en sortant le soleil se lever. Je m'assois sur le lit mais me prend le plafond, ce qui me fait redescendre automatiquement.
- Ça va ? Me demande Justin en se levant.
- Oui oui.

Nous sommes enfin arrivés après plus de 12h sur ce bateau. C'était long, mais je pense que ça en valait la peine. Nous avons parlé avec Justin pour faire passer le temps. J'essaie de l'aider avec son problème. Je l'aide mais au final, personne ne m'aide.
- Bon, soupire Justin en se frottant les yeux.
- Il est 15h passé. Je te propose de rentrer respectivement chez nous pour se changer et on se retrouve devant l'hôpital pour mettre un point final à cette histoire.
- Ouais.

Sa réponse est courte, je sens qu'il n'est pas d'accord avec mon idée. Je lui rends l'argent pour qu'il puisse rentrer chez lui en taxi et il part d'un air triste. 5 minutes plus tard, je suis chez moi et la première chose que je fais est de prendre une douche et changer mes vêtements. Mon mari n'est pas là mais ça ne m'inquiète pas plus que ça. A vrai dire, j'ai plutôt hâte de retrouver Justin et de continuer à découvrir le fin fond de cette histoire. Je sors de chez moi avec de nouveaux vêtements propres et ça fait du bien. Un pantalon gris serré mais pas trop, des baskets blanches, un tee shirt blanc et un gros et long gilet noir en laine, c'est une tenue simple mais dans laquelle je suis à l'aise. Je monte dans ma voiture, pose mon sac à main sur le siège passager et démarre, prête à rejoindre Justin.
Quelques minutes plus tard, je me gare près de l'hôpital et attends Justin. Lorsque je le vois, un sourire s'affiche sur mon visage et je sors de la voiture afin de le rejoindre. Lui aussi a changé de vêtements. Il a opté pour un jean troué avec un pull long arrivant aux fesses. Cette tenue lui va bien. Il me sourit aussi en me voyant.
- Ça va toujours ? Demandé-je comme si cela faisait longtemps que je l'avais vu.
- Ouais. Je n'ai croisé personne chez moi.
- C'est cool.
- Et toi, ton mari ?
- Il n'était pas là.
- Et ça ne t'inquiète pas plus que ça?
- Non. Bon, on y va ? Dis-je en avançant. Je connais la secrétaire, elle nous aidera.

Il me suit et nous entrons. Étrangement, il y a peu de monde à l'intérieur. C'est étrange d'ailleurs. J'avance vers l'accueil et Lena me sourit en me voyant.
- Sava', S'exclame-t-elle en se levant. Ça fait longtemps. Comment vas-tu ?
- Bah écoute ça va, répondis-je la serrant dans les bras. Et toi ?
- Ça va. J'ai un boulot, un copain, un appartement, tout va bien.
- C'est super. Dis-moi Lena, est-ce que tu peux me rendre un énorme service ?
- Dis-moi, je t'écoute, me dit-elle en s'installant à nouveau sur sa chaise.
- Normalement, aujourd'hui, un certain Jack Doubert avait rendez-vous ici. Je ne sais plus l'heure par contre.
- Alors attends deux minutes.

Elle regarde sur son ordinateur. Justin est derrière moi, il fait comme si il n'était pas avec moi mais il écoute tout.
- Alors ton Jack avait bien rendez-vous mais vendredi, pas aujourd'hui, ajoute-t-elle.
- Mais on est vendredi, non ?
- Non. Aujourd'hui on est dimanche. T'es fatiguée Savannah en ce moment, tu perds la notion du temps.

Oublie-moi.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant