Chapitre 7

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Nous prenons le premier taxi que nous voyons, passant devant une dame, simulant que ma tante était en train de se suicider chez elle par dépression afin qu'aucune dispute n'éclate entre elle et Justin qui commençait à s'énerver.
Je ne connais pas Justin, pourtant, nous sommes en train de vivre exactement la même chose et bizarrement ça nous aide à aller mieux, à rester calme. Le chauffeur n'a pas remarqué les menottes. Personne ne les remarque. Heureusement. Nous avons mis une bonne heure avant d'arriver au domicile de Jack. Justin a payé avec l'argent de l'hôtel. Je ne voulais pas payer avec cet argent, je ne sais pas d'où il vient. Si ça se trouve, c'est de l'argent volé ou sale mais il a insisté, disant que nous n'avions pas le choix. J'ai fini par céder parce qu'avec tout, il avait raison. Cet argent n'est pas le notre mais c'est le seul en notre possession. La maison de Jack est isolée, seule, perdue au beau milieu d'un début de forêt, avec quelques arbres autour. C'est presque une maison abandonnée. Il ne s'en occupe jamais. Les murs commencent à être moisi par le manque d'entretien, le jardin est dans un mauvais état, les mauvaises herbes ne cessent de pousser, cachant les fleurs qui ont survécu par ce temps. Pour lui, sa maison n'est qu'un toit où il est en sécurité, c'est tout. Justin la regarde avec surprise. Il ne s'attendait pas à une maison comme celle ci, si peu entretenu. Il faut dire aussi qu'une maison comme celle ci, il n'y en a pas deux. J'ouvre le portillon, prenant soin de faire attention afin de ne pas le détruire complètement vu dans l'état qu'il est actuellement et entre. Justin découvre le jardin d'un peu plus près, comme un petit garçon qui n'avait jamais rien vu d'aussi laid. Je frappe avec la poignée accrochée à la porte. Si il y a bien une chose qui n'est pas dans un piteux état, c'est la poignée en forme de lion. Nous attendons quelques minutes afin qu'il n'ouvre la porte. J'ai du mal à le reconnaître. Il est à présent chauve alors que quelques mois auparavant, il avait les cheveux impeccablement coiffés et en bonne santé. Son teint est pâle, comme si il avait avalé quelque chose de mauvais ou de travers. Il a presque un teint bleu, mais pas complètement. Il a l'air fatigué, comme une personne qui n'aurait pas dormi depuis des jours, sauf que lui, il a l'air d'avoir dormi. Justin a l'air surpris de le voir comme ça, sûrement parce qu'il n'a pas l'habitude. C'est vrai qu'avec le métier de mon mari, plus qu'aucune personne n'arrive à me surprendre physiquement. J'ai l'impression d'avoir tout vu, pourtant c'est faux. Je suis loin d'avoir tout vu à propos des patients malades. Jack commence à se pousser de la porte, me laissant entrer mais s'arrête immédiatement lorsqu'il aperçoit nos mains collées l'une à l'autre. Je regarde Justin et je comprends tout de suite ce qu'il veut me dire alors qu'il n'a même pas prononcé un seul mot. Il veut que je lui raconte tout parce qu'il pourrait nous aider. Je lève mon bras et remonte la manche de ma veste afin de faire apparaître les menottes. Jack ouvre grand les yeux, surpris de voir ça. Il nous laisse entrer et nous propose de nous asseoir. Proposition que nous avons refusé lorsque nous avons aperçu les chaises. Elles n'étaient plus marrons mais noires, elles n'étaient pas droites et semblaient à peine tenir sur leurs pieds.
- Comment vas-tu ? Et ton mari ? Me demande Jack, ignorant Justin.
- Ça va, ça va. Mais j'ai un gros problème.
- Les menottes, dit-il en s'installant sur une des chaises.

Je regarde Justin et il fait de même, comme pour espérer que la chaise ne tombe pas.
- Jack, je me suis réveillée en Finlande, menottée à un inconnu.
- Qu'est-ce que tu as fait ? Me questionne-t-il sans vraiment s'en intéresser.
- Je ne sais pas. Je ne me souviens de rien. La dernière chose dont je me souviens, c'est le restaurant avec Paul. Je me suis réveillée dans un hôtel, avec pour seul indice une perruque.
- Et de l'argent, ajoute Justin.
- Qu'est-ce que tu veux que ça me fasse ?
- La perruque a été réservé à mon nom de jeune fille, sauf que je n'ai rien réservé. Et la vendeuse m'a donné ça.

Je lui donne l'enveloppe. Il jette un coup d'oeil dedans et son expression de visage changé complètement.
- C'est vous qui avait manigancé tout ça ? S'énerve Justin. Pourquoi ?

Jack ne répond pas et un silence commence à s'installer. Il finit par nous regarder, les larmes aux yeux.
- J'ai bien acheté la perruque à ton nom. C'était pour pas que Paul le découvre. Je sais qu'en Finlande, je ne risque rien, c'est d'ailleurs pour ça que j'ai déménagé ici mais tu sais comment est ton mari. Il peut être une vraie fouine parfois. Il va bien découvrir un jour où l'autre que j'ai un cancer mais le plus tard serait le mieux.

Il commence à pleurer, nous mettant mal à l'aise, ne sachant pas quoi faire pour la rassurer, le réconforter. Nous ne bougeons pas, n'osant pas faire de conneries, n'osant pas le gêner. Il nous regarde à nouveau, les yeux remplis de larmes, nous serrant le coeur au passage.
- Tu sais, continue Jack en essayant de se retenir ses larmes, Paul est quelqu'un de bien, tu es tombé sur un homme exceptionnel, je n'ai pas envie de lui faire du mal. C'est pour ça que j'ai déménagé loin. La Finlande, c'est loin des états-unis. Mais il connaît mon adresse. Après tout, je ne peux pas me couper de lui définitivement mais j'aimerais qu'il ne sache rien pour l'instant. Je ne suis pas prêt. Mais pour le reste, je n'y suis pour rien, il faut me croire. Je t'en prie!

Oublie-moi.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant