Le lac

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Salut, cher journal. Je n'ai personne à qui parler alors... je vais quand même me présenter à toi (Ça fait tellement niais, de tutoyer un journal...). Je m'appelle Frank, j'ai 34 ans et je suis éboueur.

Ouais ouais, j'suis éboueur. J'ai été contraint de faire ce métier car je vivais chez mes parents et ils me réclamaient de l'argent donc j'ai choisi un truc simple, certes mal payé mais simple. Je sais même pas comment j'ai réussi à avoir un appart.

Je vivais bien jusqu'à ce que je sois muté, vers Paris. J'ai quitté une ambiance agréable, bon enfant pour une ambiance où si tu payes pas ta tournée en fin de soirée, tout le monde te considère comme une sous-merde.

Enfin bref, je foutais régulièrement toute ma paye dans la bière, que je partageais avec mes collègues. Ils me traitaient mieux, même si je n'étais pour eux que «le mec qui paye des coups». Puis un jour, ma paye a baissé. Je pouvais encore payer quelques coups aux personnes que je considérais maintenant comme des «amis», mais moins qu'avant.

Puis je suis passé à moins de 500€ par mois. Je sais, c'est illégal, mais ça avait pas l'air de la choquer, la grognasse de merde qui m'a appelée. Toujours est-il que je ne pouvais plus payer des bières à ceux que je considérais comme des «frères».

Alors tout a recommencé, les insultes, les coups bas... C'est à partir de ce moment que j'ai commencé à plus aller au boulot. J'en avais marre. C'est aussi à ce moment là que les disparitions ont commencé.

Rien à voir avec moi, enfin, j'espère. Je suis déjà assez dans la merde comme ça. Ça a commencé avec plusieurs collègues qui venaient au travail un jour sur deux. Quand on leur demandait pourquoi, ils ne répondaient pas. Les collègues pensaient à une sorte de bizutage hardcore, ou un truc du genre.

Puis un jour, 3 collègues ont disparu du jour au lendemain, et ne sont plus jamais revenus. Ils ont laissé un mot sur notre page facebook.

"Salut, c'est Fred, Patrick et Gilbert. Si on est partit c'est que la chose nous traque. On sait pas quoi faire. Fuyez cet emploi maudit avant qu'elle s'attaque à vous."

Bon, vous vous en doutez, c'est un gros fake. Je vais essayer d'aller bosser, qui sait comment mes collègues vont réagir. J'essayerai de revenir ce soir.

26/05

Bon, j'ai pas pu revenir avant-hier, ni même hier. Quand j'suis allé bosser, y'avait personne. Mais vraiment personne. Pas un seul employé. Tous les camions-bennes étaient garés. Je sais pas où mes collègues étaient mais en tout cas ça m'inquiète vraiment. Je pense pas que ça soit une blague, ou un truc du genre. M'enfin ça m'étonnerait pas d'eux.

27/05

Ils ont posté un nouveau statut sur la page Facebook.

"Aidez Nous Aidez Nous Aidez Nous Aidez Nous Aidez Nous Aidez Nous Aidez Nous Aidez Nous Aidez Nous Aidez nous...."

Je suis maintenant sûr qu'il s'agit d'une blague. Je suis retourné au boulot pour nettoyer les camions. J'ai trouvé Lionel assis sur une chaise, à l'arrière d'un camion. Je lui ai demandé ce qu'il foutait là, à regarder d'un air vide le cul d'un camion. Il n'a pas répondu. Il n'a rien fait en fait. Il respirait fort, c'est tout. Mais bon il a des antécédents psychiatriques alors je m'en fais pas plus que ça.

30/05

Ce matin mon camion a fait une embardée, alors que je roulais vers le lac. J'ai eu chaud : un peu plus et je tombais dans le lac. Je n'ai pas pu m'empêcher de relier mon accident au post facebook qui a suivi peu après.

"Nous sommes dans le lac. Viens. Viens. Viens. Viens."

24/05/2015

Salut, cher journal. Je n'ai personne à qui parler alors... je vais quand même me présenter à toi (Ça fait tellement niais, de tutoyer un journal...). Je m'appelle Frank, j'ai 34 ans et je suis éboueur.

Ouais ouais, j'suis éboueur. J'ai été contraint de faire ce métier car je vivais chez mes parents et ils me réclamaient de l'argent donc j'ai choisi un truc simple, certes mal payé mais simple. Je sais même pas comment j'ai réussi à avoir un appart.

Je vivais bien jusqu'à ce que je sois muté, vers Paris. J'ai quitté une ambiance agréable, bon enfant pour une ambiance où si tu payes pas ta tournée en fin de soirée, tout le monde te considère comme une sous-merde.

Enfin bref, je foutais régulièrement toute ma paye dans la bière, que je partageais avec mes collègues. Ils me traitaient mieux, même si je n'étais pour eux que «le mec qui paye des coups». Puis un jour, ma paye a baissé. Je pouvais encore payer quelques coups aux personnes que je considérais maintenant comme des «amis», mais moins qu'avant.

Puis je suis passé à moins de 500€ par mois. Je sais, c'est illégal, mais ça avait pas l'air de la choquer, la grognasse de merde qui m'a appelée. Toujours est-il que je ne pouvais plus payer des bières à ceux que je considérais comme des «frères».

Alors tout a recommencé, les insultes, les coups bas... C'est à partir de ce moment que j'ai commencé à plus aller au boulot. J'en avais marre. C'est aussi à ce moment là que les disparitions ont commencé.

Rien à voir avec moi, enfin, j'espère. Je suis déjà assez dans la merde comme ça. Ça a commencé avec plusieurs collègues qui venaient au travail un jour sur deux. Quand on leur demandait pourquoi, ils ne répondaient pas. Les collègues pensaient à une sorte de bizutage hardcore, ou un truc du genre.

Puis un jour, 3 collègues ont disparu du jour au lendemain, et ne sont plus jamais revenus. Ils ont laissé un mot sur notre page facebook.
http://image.noelshack.com/fichiers/2015/33/1439462874-d037c6252dce48c53e85b40c3220419e.png

Bon, vous vous en doutez, c'est un gros fake. Le coup du message qui se coupe juste avant la fin, c'est ultra cliché. Je vais essayer d'aller bosser, qui sait comment mes collègues vont réagir. J'essayerai de revenir ce soir.

26/05

Bon, j'ai pas pu revenir avant-hier, ni même hier. Quand j'suis allé bosser, y'avait personne. Mais vraiment personne. Pas un seul employé. Tous les camions-bennes étaient garés. Je sais pas où mes collègues étaient mais en tout cas ça m'inquiète vraiment. Je pense pas que ça soit une blague, ou un truc du genre. M'enfin ça m'étonnerait pas d'eux.

27/05

Ils ont posté un nouveau statut sur la page Facebook.
http://image.noelshack.com/fichiers/2015/33/1439462881-dc89a5fb8937e8bd0e1d78b20a7affb3.png

Je suis maintenant sûr qu'il s'agit d'une blague. Je suis retourné au boulot pour nettoyer les camions. J'ai trouvé Lionel assis sur une chaise, à l'arrière d'un camion. Je lui ai demandé ce qu'il foutait là, à regarder d'un air vide le cul d'un camion. Il n'a pas répondu. Il n'a rien fait en fait. Il respirait fort, c'est tout. Mais bon il a des antécédents psychiatriques alors je m'en fais pas plus que ça.

30/05

Ce matin mon camion a fait une embardée, alors que je roulais vers le lac. J'ai eu chaud : un peu plus et je tombais dans le lac. Je n'ai pas pu m'empêcher de relier mon accident au post facebook qui a suivi peu après.
http://image.noelshack.com/fichiers/2015/33/1439462866-4e571eff002b36db24aa7cd318eba232.png

Demain j'irai faire un tour au lac.

06/06

Je... J'ai pas les mots pour décrire ce que j'ai vu, y'a 5 jours. Je suis allé faire un tour au lac, comme prévu. Et là j'ai vu des cadavres. Des dizaines. Ils sont tous remontés à la surface et c'est là que j'ai reconnu Jean-Pierre, Hervé, Christian, Carlos et Michel. Je ne sais pas si c'est un suicide, ou quelque chose dans le genre, mais ce qui est sûr, c'est que je ne reviendrais plus jamais ici.

Don't Read at Night | Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant