Le Pocket

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Il y avait des rumeurs qui circulaient à propos d'un vieux silo abandonné perdu dans la forêt. Le bois était situé au milieu d'un champ de terre juste à côté de la voie ferrée. C'était un spectacle étrange. Il était là, immobile parmi les arbres, avec ses fuites de rouille de tous les côtés. Quoi qu'il en soit, il avait la réputation d'être hanté par l'esprit d'un vieux fermier qui s'était pendu dans ce silo et qui tuerait quiconque y pénètre.
J'ai toujours dit que cette rumeur était un ramassis de conneries, surtout quand ceux qui la propagent racontent l'histoire de quelques gosses trop curieux qui sont allés dans le silo, et n'en sont jamais ressortis. D'autres disent que le silo est juste un bon endroit pour être tranquille.
Moi et ma bande d'amis geeks avons donc décidé de vérifier ça par nous même en y allant. Afin de renforcer le sentiment d'angoisse, nous y sommes allés un jour sombre et nuageux. Mes amis Pete, Meg, Wes et moi nous sommes donnés rendez-vous chez moi puisque j'habitais à côté du chemin de fer.
Nous avons marché le long de la voie ferrée, parlant et riant. Nous passions un bon moment... Jusqu'au moment où nous l'avons vu... Le silo. Il était là, bien sûr, dans la hauteur des arbres. À mesure que nous nous en approchions, notre bonne humeur s'estompait. Plus nous avancions,  plus il faisait froid, comme s'il y avait une sorte d'aura sombre autour du le silo...
Wes laissa même échapper un petit cri. Nous avons arpenté le pourtour du silo à la recherche d'une entrée quelconque. Nous avons fini par trouver une échelle menant à l'intérieur. Les barreaux de l'échelle permettaient également d'atteindre des trappes sur le côté de la structure... Toutes étaient verrouillées, sauf une...
Bien qu'il soit du genre peureux, Pete monta en premier et ouvrit la trappe. En quelques minutes nous étions à l'intérieur du silo, debout sur le foin laissé là-dedans. Au centre, il y avait un grand trou, qui s'enfonçait profondément dans le foin. Il faisait sombre mais on pouvait entendre un flux constant d'air provenir du fond.
Curieusement, il y avait une corde qui descendait dans le trou. Comme j'étais le seul suffisamment intelligent pour m'être réellement préparé pour cette excursion, j'ai sorti ma lampe de poche. En la tenant dans ma bouche, j'ai commencé à descendre. Je me suis laissé glisser vers le bas, balayant la zone du faisceau de ma lampe. Tout semblait sûr. J'observais le foin éparpillé, la saleté, et aussi une autre trappe... Particulière. Je fis signe aux autres de descendre.
Au moment où ils descendaient... Mon œil remarqua que quelque chose de rouge recouvrait la corde. J'ai caché ma panique et ai montré aux autres la trappe que j'avais trouvée. Pete l'ouvrit, révélant un trou noir... L'intérieur empestait... Les autres aussi l'avaient senti, bien sûr. Wes a même gémi comme un chien. Meg finit par prendre son courage à deux mains, attrapa ma lampe de poche et avança la première a l'intérieur du trou.
Nous l'avons suivi et avons traversé ce tunnel sombre pendant environ 10-15 minutes jusqu'à ce que Meg nous prévienne que nous étions arrivés à une autre trappe. Elle l'ouvrit. Une lumière brillante inonda alors le tunnel et c'est là que nous l'avons entendu... Un cri perçant suivi du son de quelque chose qui fonçait tout en haletant. Dans une tentative désespérée pour éviter la créature qui avait fait ce cri horrible, nous avons couru. Une fois sortis du tunnel, nous avons claqué la trappe, et tenté de la verrouiller.

Le bruit avait cessé. Nous avons tous poussé un soupir de soulagement avant d'observer la pièce. Nous étions dans une salle en béton qui semblait être une ancienne fosse septique, mais avec une ouverture au sommet, et par cette ouverture, nous pouvions voir la forêt. Nous avons commencé à escalader, et puis c'est arrivé. Encore une fois n-nous avons encore entendu ce foutu bruit ! Wes n'était même pas encore sorti du trou... Pauvre, pauvre Wes. Cette créature a passé sa main griffue à travers la trappe et a saisi la jambe de Wes, avant de l'attirer dans le tunnel. Nous avons entendu ses cris terrifiés et puis soudain... Le silence.

Nous avons entendu le craquement des os et le bruit de chair arrachée. Nous étions pétrifiés, en état de choc, nous écoutions notre ami se faire tuer... Meg a fini par vomir à cause du bruit. Après cela, nous avons tenté de retrouver notre chemin pour sortir de la forêt. Nous avons cherché un moyen de sortir pendant au moins une heure, mais nous avons fini par conclure que la forêt autours du silo était clôturée par des fils barbelés.
Nous avons paniqué, n'ayant aucune idée de ce que nous devions faire. La nuit tombait rapidement. Puis, nous avons réalisé que cette chose se trouvait parmi les ombres. Dans une panique désespérée, Meg a grimpé dans un arbre, espérant que la chose ne pourrait pas l'atteindre. Pete a trouvé un petit trou dans le sol et s'est caché à l'intérieur. Mauvaise idée. Encore une fois, nous avons entendu le cri et j'ai regardé cette chose sortir de son antre. Dans la panique j'ai moi aussi grimpé à un arbre et j'ai observé Pete recroquevillé dans son trou.
J'ai également, à mon grand regret, jeté un regard sur la créature. C'était la chose la plus grotesque que j'avais jamais vue. Son visage était recouvert d'un masque d'un blanc pâle contre sa peau foncée. Il semblait avoir seulement deux trous noirs pour les yeux et un grand sourire fendu en travers de la face. Je n'ai réalisé qu'après quelques minutes qu'il s'agissait d'un masque. Un masque fait avec la peau du visage de Wes. J'étais terrorisé tandis que la chose rampait vers Pete.
J'étais assis sur une branche tandis que je regardais Pete tenter de s'enfuir, mais c'était inutile puisque la chose l'a rattrapé instantanément. Elle a enfoncé ses deux mains dans la poitrine de Pete et l'a fendue avec facilité... Les tripes à l'air, la créature les a alors  enroulées autour de la tête de Pete et a mutilé son cadavre, elle l'a traîné vers sa tanière avant de refermer la trappe derrière elle.

La créature est ensuite ressortie. Le masque fait avec la peau de Wes avait été remplacé par un autre, façonné dans le visage de Pete, pourvu des mêmes yeux creux et de ce foutu sourire. Ensuite, la chose a parlé d'une voix à la fois rauque et douce: «Je suis the Pocket». Il est ensuite retourné dans son silo. De mon arbre, j'ai entendu Meg pleurer. Je fis signe qu'elle pouvait redescendre, tandis que je descendais moi-même de l'arbre. Et je lui ai dit que nous sortirions vivant de cet enfer.

Hésitante, elle descendit de son arbre pendant que j'allais a la clôture de barbelés. J'ai saisi le fil tranchant et l'ai écarté assez largement pour que Meg puisse passer à travers. Mes mains saignaient mais j'ignorais la douleur pendant que Meg passait à travers l'ouverture. Encore une fois, The Pocket hurla. Dans la hâte, j'ai paniqué et rampé à travers l'ouverture, me coupant au passage. Couvert de coupures et ignorant la douleur, j'ai sprinté avec Meg à travers la forêt jusqu'à retrouver la civilisation.

Dix années se sont écoulées depuis, Meg et moi étions heureux, nous vivions ensembles. Je parle au passé pour une raison... La même raison pour laquelle je vous conte cette histoire aujourd'hui... Meg est morte. Elle est morte d'une mort horrible, tellement horrible... Les policiers ont été appelés sur les lieux après qu'elle soit partie faire une promenade dans les bois. On a retrouvé son corps... Mutilé... Elle était décapitée, gisant à la lisière de la forêt. J'ai dit le mot "lisière", ce qui signifie qu'elle était loin de la clôture de fils barbelés.

T-t-tout Cela ne signifie qu'une chose... The pocket s'est libéré de sa prison! Il est libre, et il vient droit sur moi! Je sais que c'est cette chose! C'est affreux! En ce moment... Je... Je regarde notre photo de mariage en essayant de me calmer avec nos souvenirs heureux.

Ç-ça ne m'aide pas... P-parce que dans le reflet de la vitre, j'ai vu un visage venir lentement vers moi, le visage de Meg, mais il n'avait pas d'yeux et ce sourire terrifiant... The Pocket, i-il est ici, il est venu me prendre ! Je sens ses mains percer ma poitrine... Je viens de... J'ai compris son motif... Il tue pour la liberté... Pour libérer les gens de l'enfer qu'est ce monde... Et j'ai gagné le privilège d'être libéré. Je suis serein, je souris.

Don't Read at Night | Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant