Le jardin d'enfants

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Cette histoire est 100% vraie. Même si je n'avais que 8 ans à l'époque, je me rappelle de chaque petit détail. J'avais déménagé dans une nouvelle ville. Elle était plus agréable, plus propre et plus silencieuse que celle où j'avais vécu.

Pas le genre de ville où vous vous attendez à avoir des problèmes. Je dois insister sur le fait que c'était une petite ville tranquille, paisible. Le genre de ville où les enfants pouvaient quitter la maison par leurs propres moyens et passer la journée au parc.

J'avais reçu des instructions strictes de mes parents : je devais rentrer à la maison à l'instant même où il commençait à faire noir. Ma vie était merveilleuse ou... semblait l'être. C'était un vendredi. Je le sais parce que j'étais rentré à la maison avec un grand sourire tandis que je savais que j'allais pouvoir jouer non-stop pendant les deux prochains jours.

J'ai fais ce que j'ai toujours fait. J'ai lancé mon sac d'école sur mon lit, et je me suis changé. En quelques minutes, j'étais prêt à descendre dans le monde du jeu. Rien ne pouvait m'arrêter. Les tunnels étaient mon endroit favori.

Il était si facile de se perdre à l'intérieur. Ce qui était très amusant quand je jouais avec mes deux seuls amis : Billy et Tom. Ils étaient tous les deux dans ma classe et nous adorions, comme beaucoup d'enfant de 8 ans, jouer à n'importe quoi qui puisse nous donner des montées d'adrénaline.

Ce soir là, nous allions jouer à l'Assassin. Je ne m'attends pas à ce que quiconque connaisse ce jeu : Nous l'avions inventé. Les règles étaient semblables à celle du cache-cache, sauf que quand la personne qui cherche vous trouve, elle doit vous assassiner... du moins... faire semblant.

C'était presque l'hiver, je me souviens avoir eu un peu froid, alors que je me faufilais dans les tunnels, essayant fébrilement de trouver la cachette parfaite. Billy nous cherchait, Tom était probablement allé se cacher vers les tourniquets.

J'étais seul. Dix minutes sont passées, ce qui, pour un enfant de 8 ans, semblait durer une année. Alors, j'ai décidé de faire ce que font tous les enfants quand ils s'ennuient : abandonner.

«J'abandonne !»

J'ai crié, ma voix résonnant dans les tunnels.

«Je suis dans les tunnels, j'abandonne !»

J'ai soudain entendu un pas traîner au bout d'une des sorties des tunnels. Je ne savais pas pourquoi, mais j'ai eu vraiment froid à ce moment. Je n'ai pas appelé de nouveau, j'ai juste... attendu. Quelque chose n'allait pas.

Billy disait toujours quelque chose avant de venir chercher quelqu'un, dans les tunnels. Il félicitait toujours le dernier à être trouvé, même s'il trichait en se cachant dans le labyrinthe sans fin des tunnels.

Alors que je continuais à me geler, le bruit de pas s'est amplifié. Je pouvais dire qu'il commençait à faire sombre à l'extérieur, car la lumière faiblissait dans les tunnels, et, lentement mais sûrement, ils tombaient dans l'obscurité. J'ai fini par reculer lentement.

Le bruit de pas traînant devenait de plus en plus fort devant moi, comme si quelqu'un ou quelque chose de beaucoup trop grand pour le tunnel essayait de se diriger vers moi.

«Allez, sors. Il est temps de rentrer à la maison maintenant.»

Une voix très effrayante s'est réverbérée dans le tunnel. Ça sonnait comme quand un adulte parle à des enfants avec une voix plus aiguë que la normale. Quelque chose n'allait pas, j'en étais certain maintenant. Je serais probablement sorti si la voix venait de l'extérieur, mais ce n'était pas le cas.

L'homme était à l'intérieur du tunnel. Pourquoi un adulte ramperait à l'intérieur ? Le bruit devenait de plus en plus fort, et finalement, le visage d'un vieil homme est apparu dans l'obscurité, en face de moi.

Il avait des touffes de cheveux sales et un regard déterminé. Une barbe hirsute, couverte de terre. À la seconde où notre regard s'est croisé, il a juste souri, montrant ses dents sales, entièrement couvertes de taches brunes et noires.

J'ai paniqué. Je me suis retourné et je me suis mis à courir à quatre pattes aussi vites que je le pouvais. Le bruissement derrière moi devenait de plus en plus fort et rapide. L'homme me pourchassait. J'ai couru à travers le labyrinthe pour ce qui m'a semblé être une éternité, et je ne me suis arrêté que quand mes jambes ont refusé d'aller plus loin. J'avais pris tellement de tournants et de virages que j'étais complètement perdu.

«Je ne veux pas te faire de mal, je veux juste te parler... »

La voix a résonné à travers les tunnels et je pouvais être certain qu'il était à proximité. Je me suis pressé contre le mur d'un tunnel étroit et petit et j'ai écouté. L'homme a continué à parler, me suppliant de sortir et de me présenter à lui.

Je suis resté dans ce tunnel pendant des heures, sans exagérer. Même après que je l'ai entendu se maudire, se mettre en colère alors qu'il se frayait un chemin hors des tunnels, j'ai continué à attendre.

Milles pensées parcouraient mon esprit alors que je m'imaginais sortir des tunnels uniquement pour être accueilli par ce sourire. Dans l'obscurité des tunnels, j'ai vu des lumières bleues clignoter à l'extérieur. Et j'ai entendu des voix appelant frénétiquement trois noms.

«Billy, Tom, Mickaël ! »

Quand j'ai entendu mon nom, mon cœur s'est lentement calmé. Mes parents étaient là. Je suis sorti facilement des tunnels, guidé par les traces de terre humide sur les parois - la trace de l'homme qui avait disparu.

Dehors, j'ai été accueilli par plusieurs voitures de police, gyrophares allumés. Il y avait des groupes d'adultes au regard inquiet. J'ai reconnu d'eux d'entre eux. Mes parents.

«Papa, Maman ! »

J'ai gémi, pleurant pendant que je courais vers eux. Ils ont commencé à pleurer, ont couru vers moi, me soulevant, me serrant si fort que je me sentais écrasé.

Billy et Tom étaient morts ce soir là. Leurs corps mutilés avaient été retrouvés dans une benne à ordure non loin. Ils avaient été brutalement massacrés, leurs crânes avaient cédé sous une grande barre de fer. Ils avaient de profondes coupures partout sur le corps, et de grands morceaux de verre avaient été enfoncés dans leurs dos.

Ce qui m'a le plus terrifié, c'est que la terre que j'ai retrouvée dans les tunnels n'étaient pas entièrement de la terre.
C'était le sang de Billy et Tom. Après le massacre de mes deux meilleurs amis, et après m'avoir trouvé dans les tunnels, leur assassin m'avait juste... souri.

Il avait gagné la partie.



Et c'est aussi la fin du tome 1 de la trilogie de Don't Read at Night !

Rendez-vous dans le tome 2.

Don't Read at Night | Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant