My Rant Book.

Chapter 16

Mon dieu, aujourd'hui il pleuvait tellement, mais tellement j'ai jamais vu ça j'crois. Aujourd'hui, j'ai aussi eu de l'éducation physique. Je vous cache pas ma joie. J'ai hésiter à louper le cour mais bon oui je l'ai quand même fait, le pire c'est qu'on fait de l'athlétisme et moi et l'athlétisme ça fait 44.

Bon pour autant dire que ça c'est pas si mal passé que ça, je suis étonnée.

Demain c'est l'anniversaire de mon père.

J'ai pas de cadeau.. J'espère vite trouver une idée.. Je vais peut-être lui écrire une lettre, c'est la seule chose que je peux faire à ce stade là. Demain je vais faire à manger aussi puis un gâteau. J'ai penser à cuisiner des Old Del Passo, comme Old Del Passo c'est le vendredi pis j'ai jamais goûter encore voilà c'est une bonne idée je pense.

Pour ce qui en ai de moi, ben quand je me déshabille pour mettre mon équipement du collège pour la gym, et que je vois toutes ses entailles sur mes jambes et mes bras, j'ai envie d'en faire plus encore. J'ai envie de couper même gratter jusqu'à en voir mes os.

Pour faire souffrir ce corps dégueulasse que je possède. Pour ma personnalité à faire fuir les gens. Pour ma tête que je crois "passable" qui est en fait dégueulassement moche. Pour mon gros corps de 50 kg. Pour ma vie minable.

Pour la putain de vie qu'on m'a donnée, on m'a pas attribuée la bonne place ici. Mais pas du tout la bonne putain. Tellement que j'chiale tout le temps, tout les jours, toutes les nuits, un week-end entier. Sans inquiéter personne bien évidemment.

J'ai envie de me jeter d'un pont même.

Je sais même pas ce que je fou là.

J'hésite à avaler une palette entière d'anti dépressifs ?

C'est clair que ça me mettrai k.o. si rien qu'avec le tiers d'une pilule j'ai déjà du mal à tenir debout.

Je pense que je vais quand même y réfléchir.     

Si je ne publie plus pendant longtemps, je crois que c'est clair. C'est que je serais passée à l'acte.

Je le fais ?

Ou pas ?

Je sais pas.

Je trouve que il faut vraiment avoir les couilles pour essayer de se suicider.

Et comme je n'ai quasi jamais le courage.

Je sais pas.

A force d'insultes et de remarques, j'ai commencé à avoir du mal à m'assumer. Plus oser porter certains vêtements, certains pantalons, certains hauts. Vouloir porter des lunettes, puis ne plus en avoir, changer de coupe de cheveux, être à la mode, écouter les mêmes chansons que tout le monde pour essayer d'être normale. Plus vouloir aller à l'école, puis au collège. Plus vouloir sortir, voir des gens, plus vouloir avoir à m'habiller. Je me suis mise à complexer, me haïr, jusqu'à ne plus supporter de me regarder dans un miroir. Avoir peur de gêner quand je sors en ville avec des amis, stresser à la simple idée d'aller à une soirée. Savoir que je ne serai pas jolie pas mince pas comme les autres ridicule. Savoir que je ne saurai pas danser pas parler pas rire avec les autres parce que je passerai ma soirée à me comparer à ces filles plus grandes plus fines plus blondes ou plus brunes avec de plus jolis yeux une plus jolie peau. Je fais des crises d'angoisse en cours, j'ai des anti dépresseurs à prendre, d'autres médicaments pour m'endormir le soir. Je suis capable de manger manger manger. Du fromage, des boites de conserve pas chauffées, du chocolat, des gâteaux, des morceaux de sucre, du pain, des œufs crus, de la glace. Ça me prend par crises, c'est violent. La première et dernière fois que je suis allée chez une nutritionniste, elle a posé un mot sur ces crises. "Boulimie." C'est une maladie. Elle m'a demandée si je me faisais vomir et j'ai secoué la tête. Non. Non. Je ne vomis pas. Parce que pour faire passer les larmes et la culpabilité je me coupe la peau.

Ça aussi les gens trouvent ça bizarre. Et je sais que ça l'est encore plus de dire que pour moi c'est devenu normal, presque commun. J'ai pas peur des plaies béantes et des trous dans la peau. Parce que sur l'instant y a juste tellement de haine et de hargne et de peur et d'angoisse. La douleur externe concentre mon attention et je n'en ai plus à consacrer au désastre, à la tornade à l'intérieur de moi.

J'ai le bras marqué, sûrement à vie et je suis incapable de perdre du poids et d'imaginer un jour m'apprécier vraiment et arrêter d'avoir envie de chialer en me regardant dans un miroir parce que je n'ai aucun contrôle sur la nourriture, c'est elle qui a un contrôle sur moi.