Rome, dimanche 12 septembre 1599
Rome s'est réveillée avec la gueule de bois.
La veille fût une spectaculaire mais terrible journée. Une de celle qui font entrer la petite histoire dans la grande, qui forgent la mémoire collective.
On a beaucoup parlé, raconté, répété, pesté. On a sorti les chaises dans les rues, puis les tables : on a mangé et bu jusque tard dans la nuit.
Quand enfin les romains se sont couchés, les images de l'exécution des Cenci ont retardé puis, pour beaucoup, terrorisé le sommeil.
En cette fin de mâtinée, les clochers innombrables, annonçant la fin des messes les uns après les autres, reforment cet orchestre tentaculaire, qui inonde l'espace de sa musique de bronze. Venue de toutes les paroisses, la foule endimanchée se rassemble de nouveau, devant les deux têtes féminines exhibées sur des piques, dressées sur la terrasse de justice.
Aux quatre angles du pont, sont pendus les restes de Giacomo.
Un murmure de désapprobation enfle. L'inefficace mais invariable certitude des pouvoirs de prévenir le crime par ce type d'exhibition, agace et alimente la récrimination populaire.
Mais les oreilles papales ont pris la mesure des rumeurs romaines : le juge a fait savoir à l'église de la confrérie Saint Jean le Décollé, que les restes pourront êtres récupérés dès ce soir.
Le trésorier général de papauté, provéditeur de cette confrérie, traverse le pont, la tête baissée. Malgré le repos dominical, Il se rend dans son bureau du Vatican. Il y a en effet convoqué pour le lendemain les gonfaloniers du ghetto juif et cette réunion importante mérite une préparation sans faille.
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Crepitus Dei
Ficción históricaRome-1600 ! Un adolescent témoin de l'exécution de sa famille et condamné aux galères, un homme au sombre et discret passé transformé en ange gardien, un peintre caractériel brûlant sa courte vie au rythme de son génie innovant, une courtisane...