Mémoire de Flic.

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Salut à tous. 

Ça fait longtemps que j'ai pas updaté, je suis désolé. Mais j'ai du lourd.
Comme je l'ai dit sur mon dernier post, j'ai récemment interviewé des anciens enquêteurs pour leur parler de leur métier, ce qu'ils ont aimé et détesté et surtout pour leur demander de me raconter l'expérience qui les a le plus marqués. Les trois quarts d'entre eux ça été leur première investigation, ou lorsqu'ils ont attrapé un tueur en série (pour les plus chanceux). Une histoire cependant m'a beaucoup marqué et je vais vous en faire part.

C'était l'entretien que j'ai eu avec Frédéric Vanier. Ancien enquêteur retraité depuis 7 ans. Un homme impressionnant, grand et bourru mais chaleureux. Un homme, cependant, que la vie a rendu sec. Après m'avoir proposé un café dans son petit appartement en banlieue Parisienne, il m'a longuement parlé de sa vie au sein de la police. Ses espoirs, ses déceptions, ses collègues... Quand est venu le moment de parler de l'expérience qui l'a le plus marqué, son regard s'est voilé.

Ci dessous j'ai réécrit mot à mot toute la conversation que j'ai enregistrée avec lui.



"Ah, vous savez, il s'en est passé des choses en 45 ans de carrière. Mais, je pense qu'il y en a une... Je ne l'ai encore racontée à personne. Il n'y a pas un jour où je ne repense pas à cette petite fille. Mon coéquipier est mort, et je pense que c'est le moment de raconter ce qui s'est passé, j'ai envie de me libérer de cette histoire,


C'était en 91. J'étais dans le Loir-et-Cher.
Ça a commencé par ce type qui arrive dans le commissariat, affolé. Il était grand et mince, un peu dégingandé, et, surtout, des cernes immenses. Comme s'il n'avait dormi depuis plusieurs jours.
On prend sa déposition, il répète qu'on vient le réveiller tous les soirs à 2h du matin. On était dans une petite ville, tout le monde se connaît un peu, et c'est étonnant d'entendre parler d'effractions à répétion comme ça en plein centre. Tu sais, il y avait pas mal de vieux qui vivaient là bas, et leur passe temps favori c'était de s'observer les uns les autres. S'il y avait eu un cambrioleur, on l'aurait probablement su plus tôt.
Je décide de m'occuper de cette affaire, et on, Maurice, mon coéquipier et moi, le suit jusqu'à chez lui. Je regrette encore aujourd'hui d'avoir embarqué Maurice là dedans.

Sa petite maison était très mignonne. C'était celle qui était en vente depuis plusieurs années. Il nous dit qu'il s'est installé ici, seul, après son divorce avec sa femme. Tout allait bien au début mais depuis quelques temps il entend des bruits dans la chambre du haut et dans l'escalier. Un peu en bas aussi mais il n'est pas sûr. Il a regardé plusieurs fois, rien n'a été volé. Il pense que ce sont des squatteurs étant donné que la maison est restée vide longtemps mais il n'ose pas descendre les chasser. Il pensait qu'ils s'en iraient tout seuls.

On commence à inspecter sa petite maison. Pas de trace d'effraction. C'est pas très étonnant, si les squatteurs venaient depuis un moment ils devaient avoir un double de la clef. Il n'y avait pas grand chose à voir. On lui propose de dormir avec un ami ce soir et de nous appeler si jamais ça recommençait. C'est là qu'il a éclaté en sanglots. Il nous a dit qu'il n'arrivait plus à dormir, il ne se sentait pas bien et il ne connaissait encore personne ici. Et puis il nous a dit, je m'en souviens comme si c'était hier :
''Messieurs, je serai prêts à vous payer 1000 francs si vous restez avec moi cette nuit''.
Bon, 1000 francs, ça fait dans les 150 euros je crois aujourd'hui, mais le pouvoir d'achat était pas vraiment le même il y a 25 ans, et c'était une petite somme facilement gagnée. Donc Maurice et moi avons accepté de revenir le soir même.

Vers 21h lorsque la nuit s'est mise à tomber on est partis avec nos sacs de couchage pour se rendre chez lui. Il nous demande si on peut dormir dans la salle où les bruits commencent, toujours vers 2h du matin. C'est une petite pièce totalement vide et en travaux au bout du couloir. On décide de s'endormir pas trop tard, si on doit se réveiller à 2h.
Maurice avait pris son petit réveil et le règle pour 1h30 histoire de rien rater du spectacle.

N'ayez pas peur. [Réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant