Amazing Day.

158 14 0
                                    

  Bonjour à tous, je poste ici pour vous mettre en garde. Je ne dévoilerai pas mon identité car je n'ai pas envie d'avoir plus de problèmes. Avant j'étais comme la plupart d'entre vous ici. J'étais fascinée par les films d'horreurs, le paranormal et tout ce qui s'ensuit. J'aimais me faire peur, quoi. Je suis allée un peu loin. Je suppose que beaucoup d'entre vous ont déjà entendu parler du McKamey Manor près de San Diego. Vous savez sûrement que la liste d'attente est super longue. Amatrice de sensations fortes, je m'y suis inscrite. Je m'impatientais, les films d'horreur ne me touchaient plus comme avant, je m'étais peut-être lassée. Le Mckamey Manor, ça avait l'air génial, mais comme je l'ai dit c'est long. Alors je me suis mise à chercher s'il n'y avait pas d'autres endroits du même genre. J'ai arpenté les forums et pendant plusieurs mois, rien. Aucune réponse, aucun retour ne me convenait. Il n'y avait rien selon moi à la hauteur du Mckamey Manor. Puis un jour j'ai reçu un mail :

  ------------
De: amazingday@gmail.com   Objet : L'expérience d'une vie 

Amateur(trice) de sensations fortes ? Vous pensez que rien ne peut vous effrayer ? Ni films, ni trains fantômes ? Faites l'expérience d'Amazing Day ! La terreur est garantie ! En équipe de quatre personnes, venez affronter les épreuves de notre site Amazing Day ! Vous avez une journée pour tentez de vous échapper de notre labyrinthe, si vous réussissez vous gagnez !
Bien à vous,
Amazing Day

  -------------


Il y avait ensuite un lien vers le site d'Amazing Day mais il n'existe plus aujourd'hui. J'ai parcouru le site pendant des heures et tout me semblait normal. C'était nouveau. Les participants étaient emmené dans ce que le site appelait le labyrinthe. Sur les photos on voyait qu'il s'agissait en fait d'une usine abandonnée. Le but du jeu était de sortir du labyrinthe avant de se faire choper par les acteurs. Il y avait quelques photos et des témoignages sur le forum du site, ça avait l'air vraiment pas mal.


J'ai hésité plusieurs jours. Puis, comme tout me paraissait réglo, j'ai acheté mon billet. Cent euros, c'était une petite somme. Lorsque j'ai payé j'ai reçu un mail de confirmation avec les instructions.


-------------    

 De : amazingday@gmail.com

Objet : Confirmation de votre commande 

Bonjour Mademoiselle Dupont
Merci pour votre achat ! Veuillez trouver ci-joint votre billet pour l'attraction. Cliquez sur le lien ci-dessous pour choisir une date parmi les suivantes.
Nous vous rappelons que les billets ne sont ni repris ni échangés sauf cas de force majeure limitée exhaustivement dans nos conditions de vente. Prenez donc bien garde à la date que vous choisirez pour faire l'attraction.
Bien à vous,
Amazing Day 

------------

 J'ai cliqué sur le lien et j'ai choisi une date, que je ne communiquerai pas ici. J'ai reçu un nouveau mail de confirmation puis plus rien. Au bout de deux semaines, j'ai reçu un nouveau mail qui m'expliquait les démarches à suivre pour aller à Amazing Day.  

------------  

  De : amazingday@gmail.com
Objet : Pour votre séjour
Bonjour Mademoiselle Dupont
La date de votre séjour chez nous approche !
Nous tenons à garder l'emplacement exact de notre attraction secrète. À cet effet, vous y serez conduit en taxi à nos frais. Veuillez trouver ci-joint, à nos frais également, un billet d'avion pour Budapest, en Hongrie. Si vous vous perdez dans le labyrinthe vous serez invitée à rembourser trente pourcent du billet et le billet du retour sera à votre charge. En revanche, si vous gagnez, nous vous offrons les billets plus la récompense réservée aux vainqueurs.
Bien à vous,
Amazing Day

  -------------    

  Je dois avouer que la Hongrie plus l'idée de devoir rembourser le billet en cas de défaite m'a un peu refroidie. Ce n'était noté nulle part sur leur site. Cela dit j'ai pris sur moi, j'avais déjà déboursé cent euros, je pouvais encore m'autoriser un écart si je perdais. J'avais un peu d'argent de côté en prévision de mes prochaines vacances. Et puis, peut-être que j'allais gagner dans ce labyrinthe, après tout.

Quelques jours plus tard, j'ai pris l'avion pour Budapest. Je suis arrivée en Hongrie en fin de matinée. À mon arrivée à l'aéroport il y avait un homme avec une pancarte avec mon nom dessus. Je me suis présentée à lui. Il m'a conduite à un taxi où il y avait déjà trois personnes à l'intérieur. Deux garçons et une fille. Le taxi a démarré et on a fait connaissance sur la route. La fille s'appelait Marine, les garçons Thomas et Maxime. Marine était un vrai garçon manqué, elle parlait comme les mecs et avait un fort caractère. Maxime était un peu fort, il était passionné par le paranormal et les films d'horreur. Il parlait beaucoup et était très agité. En revanche, Thomas était plus calme et réservé.


Après environ une heure de trajet, le taxi s'est arrêté sur une aire d'autoroute. Un homme est venu à notre rencontre et a payé le chauffeur. Il nous a invité à le suivre jusqu'à une autre voiture. Là, il nous a offert des sandwichs tout en se présentant à nous. Il était un des co-fondateurs d'Amazing Day et il allait nous conduire lui-même sur le site. Il nous a invités à monter en voiture et il nous a passé des bandeaux pour les yeux pour qu'on ne voie pas le chemin jusqu'à Amazing Day. Nous nous sommes regardés tout les quatre, méfiants, mais notre chauffeur nous a expliqué qu'il s'agissait d'une procédure normale qui participait au charme de l'attraction. On a enfilé nos bandeaux.


Notre chauffeur nous a dit s'appeler Benjamin. Il a discuté avec nous pendant le trajet. Il nous a expliqué qu'à tout moment pendant l'attraction nous pouvions dire stop et arrêter. Il nous a demandé à chacun si nous n'avions pas de phobies particulières, de problèmes cardiaques ou physiques. Nous avons tous répondu que nous étions en parfaite santé et sans véritable phobie.


On a roulé environ deux heures avant que l'on arrive enfin et qu'on nous autorise à retirer nos bandeaux. On était devant un immense bâtiment désaffecté. Il y avait deux autres groupes de quatre personnes devant. Benjamin nous a expliqué que le site était assez grand pour faire jouer en même temps plusieurs groupes. Benjamin nous a présentés à deux autres hommes, ses collègues. Franck et Peter.


Benjamin, Peter et Franck nous ont tous réunis. J'ai pu voir que les membres des autres groupes étaient un peu perdus, comme nous. Ils nous ont expliqué les règles plus précisément. Nous avions 24 heures maximum pour essayer de sortir de ce labyrinthe. Passé ce délai nous étions déclaré perdants. Il y avait trois sorties différentes, toutes avec un écriteau lumineux. Les trois menaient à l'extérieur, une fois dehors nous aurions gagné. Il pouvait y avoir autant de gagnants que de participants. Franck a cependant précisé en souriant qu'il y avait peu de chances pour que nous nous en sortions tous. Ils nous ont aussi dit que bien évidement il était interdit de faire usage de violence pour nous en sortir, auquel cas nous étions éliminés d'office. Si nous souhaitions abandonner, nous devions crier le mot code « Marmotte ». Nous avons tous ris à ce moment là, c'était un mot assez improbable dans ce contexte. Ils nous ont expliqué que c'était pour être sûr qu'il n'y ait pas d'erreur possible sur la volonté d'arrêter. Quelqu'un viendrait alors chercher le participant. Pour terminer ils nous ont vivement conseillé de rester groupés.


Franck et Peter sont alors partis avec les deux autres groupes. Benjamin nous a menés à l'entrée numéro 1 du labyrinthe. Il a pris nos téléphones. Nous n'étions autorisés à garder que nos montres.


Nous avons attendu devant l'entrée pendant au moins un quart d'heure, puis une alarme stridente a retenti. Benjamin nous a ouvert la porte. « C'est parti » a-t-il dit.


Nous avons pénétré dans le labyrinthe. Marine et Maxime étaient tout excités. Thomas et moi étions plus réservés et attentifs à ce qu'il y avait autour de nous.

Les murs étaient sales, par endroit il y avait des tâches sombres rougeâtres. Les ampoules éclairaient mal l'endroit, elles n'arrêtaient pas de clignoter. Des crochets étaient suspendus au plafond. Maxime a poussé un cri en désignant un crochet plus haut que les autres, inaccessible. On y apercevait une jambe. Nous avons emprunté un couloir et déambulé au hasard. Pendant environ une heure rien de spécial ne s'est passé. Puis on a commencé à entendre des bruits autour de nous. On n'arrêtait pas de se retourner toutes les deux minutes. Marine nous a chuchoté qu'elle avait entendu des pas derrière nous. On a commencé à marcher plus vite. On a marché encore bien une heure avec cette impression d'être suivis.


Puis on a débouché sur une salle. Il y avait quelques personnes enfermées dans des cages, couvertes de sang et de blessures. L'une d'entre elles nous a vus et a commencé à crier. Les autres ne réagissaient pas. « Ce n'est pas un jeu ! » a-t-elle hurlé, les yeux exorbités de terreur. Elle jouait super bien la comédie. « Je m'appelle... » elle a été interrompue par un mec qu'on n'avait pas vu qui lui a lancé un seau rempli de sang à la figure. Elle a toussé, elle en avait plein la bouche. Le mec s'est tourné vers nous, a attrapé une hache et a commencé à courir vers nous. On savait que c'était qu'une attraction mais on a détalé en hurlant comme si ce mec était un véritable psychopathe.


On a couru pendant un long moment, traversant des couloirs et des couloirs qui se ressemblaient tous. On entrait au hasard dans des grandes ou petites salles. Toutes étaient obscures et crades mais on passait tellement vite qu'on n'avait pas le temps de regarder de plus près. On a fini par semer le mec. On s'est calmés et on a repris nos esprits. On a continué notre chemin. Pendant je dirais une bonne heure, il ne sait rien passé. Il n'y avait pas grand-chose dans les salles, quelquefois des seringues, des meubles renversés, mais pas grand-chose de plus. Sur les sols et les murs par contre, régulièrement, on apercevait des taches de ce qui ressemblait à du sang. Plus on avançait dans le labyrinthe plus le sang paraissait récent. En soi, pendant qu'on déambulait dans ce dédale de couloirs et de salles, ce n'est pas ce qu'on trouvait qui nous faisait flipper mais plutôt l'ambiance. Il faisait sombre et c'était trop silencieux. Aucun de nous n'osait parler, nous étions tous tendus. Pourtant, nous savions que nous avions juste signé pour un jeu, mais je ne sais pas, on sentait peut-être quelque chose de malsain ici.


Au bout d'une ou deux heures à marcher vers Dieu seul sait où, on a décidé de faire une petite pause. C'est là qu'on a commencé à entendre des cris. Des cris horribles accompagnés de supplications. Ça résonnait dans le labyrinthe, impossible de savoir d'où exactement ça venait. C'était angoissant. Maxime commençait à perdre un peu les pédales. Il ne supportait pas les cris. Il n'arrêtait pas de dire que ça faisait trop réel. On lui a dit que si vraiment il n'aimait pas ça il pouvait choisir d'abandonner. Il a refusé et on a continué.


On a atterri dans une nouvelle salle. On a vu une fille derrière une épaisse vitre. Elle a alors frappé de toutes ses forces sur la vitre. Elle pleurait. Elle nous criait des trucs mais tous les sons étaient étouffés. On n'a pas osé s'approcher trop. En la regardant j'ai eu l'impression que je l'avais déjà vue quelque part. Sur le moment j'ai pensé que ça devait être une actrice qui avait joué dans un des films d'horreur que j'avais vus.



Après ça on a continué, et encore une fois, pendant un moment rien de spécial ne s'est produit. Toujours les mêmes couloirs glauques. Puis, on est arrivé dans une autre salle, la lumière était encore plus mauvaise. On a entendu un bruit de tronçonneuse tout près. Maxime a hurlé. Un mec était en train de découper un corps à quelques mètres de nous. Au cri de Maxime le gars s'est tourné vers nous et nous a menacés avec son engin. Il s'est élancé vers nous. On s'est enfuis. On a couru encore longtemps, nous perdant un peu plus dans le labyrinthe. On l'a semé lui aussi. Mais Maxime était à bout. Il avait du mal à respirer et il paniquait vraiment. Il a choisi d'arrêter c'était trop pour lui. Il a littéralement hurlé le mot code, « marmotte ». Une voix s'est alors faite entendre dans des hauts parleurs. Elle disait que quelqu'un aller venir le chercher, qu'il devait rester là où il était. Quant à nous autres, on devait continuer notre chemin et laisser Maxime. On l'a laissé là et on est partis.


Avec Thomas et Marine on a donc continué à errer dans ce fichu labyrinthe qui était redevenu silencieux. Les murs et le sol étaient toujours aussi crades mais à part ça il n'y avait rien à signaler. Marine nous a soudain dit que quelque chose clochait, qu'elle ne trouvait pas ça normal du tout. Les gens qu'on avaient vus, le sang sur les murs, la saleté, les objets bizarres... Tout ça, ça ressemblait pas vraiment à du cinéma. Soit c'était super bien fait, soit c'était réel. Avec Thomas on s'est regardés, effrayés. Je pense que, comme moi, il s'était déjà fait ces réflexions mais le fait que Marine les formule à haute voix ça prenait une autre résonance. On n'était peut être pas seulement paranos. On a continué à avancer, on voulait quitter ce labyrinthe le plus vite possible.


Soudain, Thomas a juré qu'il avait entendu un truc derrière lui, tout près. Un murmure selon lui. On lui a répondu que c'était peut être son imagination, puis on l'a entendu nous aussi. C'était léger, mais bien là. Puis, on a entendu le bruit d'une barre de fer que quelqu'un traînait sur le sol. On s'est mis à courir, ce qui a accentué notre peur. On entendait toujours plus de bruits dans le labyrinthe et c'était angoissant après tant de moments dans un silence complet. On voyait des ombres menaçantes, des silhouettes du coin de l'œil, des choses bizarres qui pendaient du plafond. Je n'ai pas réussi à voir exactement ce que c'était, je m'efforçais de courir le plus vite possible.
Je ne sais plus à quel moment de panique on a perdu Marine, mais on l'a perdue. Impossible de la retrouver. Avec Thomas on a continué. Cela faisait maintenant cinq heures qu'on était entrés dans le labyrinthe et on était à bout. Et enfin, le miracle est arrivé. On a trouvé une sortie. On était tellement soulagés qu'on a éclaté de rire. On a accéléré. La sortie était au bout d'un couloir.


Thomas a soudain crié. On venait de lui attraper le bras. Je ne me suis pas arrêtée, j'ai foncé. J'ai vu un mec du coin de l'œil qui sortait de je ne sais où tenter de m'attraper à quelques mètres de la porte. J'ai esquivé et j'ai couru encore plus vite. J'ai franchi enfin la sortie et je me suis retrouvée dehors. J'ai hurlé de joie à m'en briser la voix.


Dehors il y avait Benjamin. Il m'a chaudement félicitée et m'a invitée à le suivre. Il m'a offert à boire et des gâteaux et rendu mon téléphone. Il m'a conduite à l'endroit où nous étions arrivés plusieurs heures plus tôt. Il y avait Franck, Peter et un garçon qui était dans un des autres groupes.


Franck, Benjamin et Peter nous ont encore une fois félicités et nous ont offert notre billet retour plus une autre surprise : une enveloppe contenant 500 euros de bons d'achats. Ils nous ont offert un sandwich, puis Benjamin nous a reconduits à l'aéroport. Il nous a bandés les yeux pendant une grande partie du trajet.


Le garçon avec moi s'appelait Jérémie. On a sympathisé et on s'est échangé numéros et Facebook. On a partagé tous nos sentiments sur ce qu'on venait de vivre. Benjamin nous a dit au revoir à l'aéroport, et nous a encouragés à laisser un commentaire sur leur site.


Je suis donc rentrée chez moi. J'ai dormi quasiment une journée entière en rentrant.

Je suis retournée sur le site quelques jours plus tard pour partager mon expérience. Ça avait été plutôt pas mal, j'avais eu de vrais moments de frayeurs. J'ai posté mon commentaire, puis j'ai remonté un peu le fil pour lire les autres. Mon cœur a alors eu un raté. Une fille avait laissé un commentaire avec son compte Facebook. Je suis allée le voir. Sur la photo elle ressemblait beaucoup à la fille qu'on avait vue derrière la vitre dans le labyrinthe. C'est donc sur le site que j'avais déjà vu cette fille. Apparemment elle avait gagné elle aussi. Je l'ai ajoutée. Elle m'a acceptée. J'ai vu sur son profil qu'elle était en vacances à Malte. Elle postait plein de photos et de statuts. Je trouvais ça bizarre, j'étais quasiment sûre que c'était elle que j'avais vue dans le labyrinthe. J'ai essayé d'appeler Jérémie pour lui dire. J'ai pas réussi à le joindre de la journée, son téléphone était éteint. Je suis allée voir son Facebook. Et là j'ai commencé à flipper. Il venait de publier qu'il était en vacances à Malte. C'était exactement, mot pour mot, le même message que sur le profil de la fille du site. J'ai pas arrêté d'essayer de l'appeler. À chaque fois directement le répondeur.


Et puis ce matin je suis allée sur mon Facebook. J'ai eu des notifications comme quoi plusieurs personnes avaient commenté mon statut. Seulement j'avais rien posté depuis des jours. J'ai cliqué. J'ai vu qu'on avait posté quelque chose à ma place. Où je disais que je m'en allais en vacances à Malte... J'ai supprimé direct et je suis retournée sur le site d'Amazing Day, sauf qu'il avait été désactivé. J'ai fermé Facebook, pris des affaires et me suis cassée de chez moi.


Je poste depuis un hôtel. J'ai peur. Je ne sais pas quoi faire. Je partage mon histoire pour qu'il y ait une trace s'il m'arrive quelque chose. Quand j'y repense, dans le labyrinthe, tout semblait trop vrai, sûrement parce que justement tout était vrai !


S'il vous plaît, si vous recevez un mail vous proposant ce genre d'attraction, ne faites pas la même connerie que moi. N'y allez pas.  

#Laura :)

N'ayez pas peur. [Réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant