J'ai une manie qui est devenue depuis peu extrêmement dérangeante: je me passe la main dans les cheveux. C'est vrai que beaucoup de personnes le font, et ça n'a jamais dérangé personne. Mais certaines fois, il y quelque chose, dans les gestes du quotidien, qui peut changer d'un moment à un autre.
C'était il y a quelques jours. J'étais extrêmement occupée à me passer la main dans les cheveux tout en mordillant un crayon ( c'est ce que j'appelle « faire mes devoirs »), et là, tout à coup, j'ai stoppé mon mouvement. Non, ce n'est pas vraiment ça... je ne l'ai pas stoppé, je l'ai ralenti. Je ressentais, au niveau du haut de la tête, une sensation de gêne, qui se muait peu à peu en douleur. Ce n'était pas une douleur très forte, c'était très léger, la même que quand on s'arrache un cheveu par mégarde.Mais quelques minutes plus tard, je n'y ai plus pensé, et j'ai repassé ma main de plus belle dans ma tignasse. Jusqu'à ce que... La même douleur, mais plus forte, est venue à nouveau m'arracher à mon mordillage de crayon. La douleur s'intensifiait, et en arrivait au point où, tout en me retenant de gémir, je repassais ma main sur mon crâne pour m'assurer qu'il n'y avait pas de plaie. Mais non, rien. Pas même la plus insignifiante égratignure. J'ai reposé ma main sur mon bureau. Puis, reprenant lentement ma respiration, je me suis levée pour appeler ma mère, ou ma soeur, pour vérifier si il n'y avait rien d'inquiétant sur ma tête. J'ai passé la tête par la porte entrebâillée, et j'ai crié : « Maman ? » Aucune réponse. « Lilas ? » Je n'ai eu comme réponse que le faible écho de ma voix J'étais seule chez moi. Ma mère était sans doute dans les embouteillages, et ma soeur, chez une de ses amies. Quand à mon père... je n'ai plus le droit de le voir.
Je suis sortie de ma chambre. Puisque personne n'était là, j'aillais devoir vérifier seule si quelque chose n'allait pas. Je me suis postée devant le miroir de la salle de bain, et, après avoir réussi à trouver un moyen de regarder le haut de mon crâne, j'ai réalisé qu'il n'y avait bel et bien rien, à part mes cheveux. Je suis retournée m'asseoir à mon bureau, pensive. Cette douleur n'était peut-être que le fruit de mon imagination, après tout. Par peur d'ouvrir une quelconque blessure sur ma tête, j'ai quand même décidé de garder mes mains à une distance raisonnable du haut de mon corps, en attendant que ma mère arrive. J'ai essayé de ne plus y penser, et je me suis plongée dans un exercice de maths particulièrement compliqué.Plusieurs minutes se sont écoulées avant que j'entende le bruit. Combien de temps? Je ne sais pas.
Mais ce délai n'a pas d'importance. C'était un simple crissement, ou plutôt un grincement, le genre qu'on peut entendre dans toutes les maisons. C'était le premier bruit qui perçait le silence studieux dans lequel je m'étais peu à peu installée. Le bruit a continué, puis, après un temps assez court, s'est arrêté net. J'ai tendu l'oreille, pour entendre à nouveau ce bruit, mais le silence était retombé . J'ai repris mon exercice de maths.
Le crissement revenait sans cesse me déranger dès que je commençais à l'oublier. J'ai secoué la tête, agacée. Et c'est là que je l'ai vue. C'était une sorte de poudre grisâtre, qui s'était déposée sur mes vêtements. Ce n'était pas de la poussière. Je me suis retournée sur ma chaise pivotante. Quand j'ai vu le sol, derrière moi, j'ai étouffé un hoquet de stupeur. Des petits bouts de cheveux blonds, étalés partout devant mon bureau, se mêlaient à l'étrange poudre grise. C'était mes cheveux.
J'ai eu soudainement l'impression que l'atmosphère s'épaississait. Puis le temps a repris normalement. Je me suis sentie perdre l'équilibre, puis j'ai glissé de ma chaise. Je contemplais avec horreur mes cheveux éparpillés sur le sol, sans comprendre ce qui se passait. Et puis j'ai à nouveau ressenti la douleur, mais là, je sentais plusieurs égratignures et quelques plaies sut mon crâne. J'ai fermé les yeux quelques instants, puis les ai ouverts à nouveau.
Quelque chose obstruait ma vue, c'était comme une grande tache sombre. La masse d'ombre a reculé. Très lentement. J'ai encore entendu le crissement, mais cette fois-ci, plus près de mon oreille. J'ai essayé de bouger, mais je sentais quelque chose qui entravait mes mouvements. Je ne pouvais pas crier, je sentais comme une main qui faisait pression sur ma bouche et qui empêchait le moindre son de sortir, j'avais la sensation que du coton envahissait ma gorge mais sans m'empêcher de respirer. Je ne voyais pas bien ce qui se passait, des larmes embrouillaient ma vue.Au bout d'un instant, le crissement a cessé et j'ai vu la masse d'ombre qui reculait encore, jusqu'à apparaître nettement dans mon champ de vision.
J'aurais voulu crier encore plus fort. Je ne pouvais pas. C'était une créature extrêmement fine, dont la peau était faite d'ombres et dont les muscles avaient fondu, mais malgré son apparence frêle, elle dégageait une impression de puissance. Sa tête penchait d'un coté à un autre, ses petits yeux sombres me fixaient et sa bouche aux dents acérées semblait vouloir m'avaler. Mais ce n'est pas moi que la bouche allait avaler. Enfin, pas vraiment moi.
J'ai entendu le crissement une seconde fois, et un peu de l'étrange poudre est tombée sur mon épaule, rapidement suivie par une touffe de cheveux. Je ne sais pas trop ce qui se passait, mais je crois que la créature sciait mes cheveux avec ce qui devait être ses ongles.
Je voulais fermer les yeux. Je ne pouvais pas.
Je ne me souviens pas vraiment de tous les détails, car j'étais vraiment terrifiée, comme n'importe qui dans cette situation. Mais il y a une chose qui est encore bien ancrée dans ma mémoire. La créature, après avoir coupé mes cheveux, a commencé à me faire des entailles sur le haut du crâne. Puis elle a passé sa main sur ma tête comme pour la caresser, et j'ai senti mon sang se faire aspirer, par toutes petites doses. C'était insupportable. Je sentais que j'allais m'évanouir, mais tout comme je ne pouvais ni crier, ni bouger, quelque chose m'empêchait de tourner de l'œil.Je ne me souviens pas très bien de la suite. Seul le moment où elle s'était mise à me prendre mon sang est encore net dans mon esprit. Je crois l'avoir vue avaler mes cheveux dilués dans du sang, puis partir après avoir fini son... son repas. Je pense que c'est ça. Son repas. Ensuite, je me souviens juste que je suis restée quelques secondes sans bouger ni crier, même si j'en avais la possibilité. J'étais trop choquée par ce que je venais de subir. J'ai fini par m'évanouir.
Puis je me suis réveillée, par longtemps après mon évanouissement je suppose, puisque ni ma sœur ni ma mère n'étaient encore là. Quand j'ai rouvert les yeux, j'ai constaté qu'il n'y avait plus aucune trace de ce qui s'était passé. Enfin, presque. Quelques taches de rouge presque imperceptibles s'étalaient sur le plancher. Et puis surtout, le plus visible : mes cheveux avaient raccourci. Après avoir jeté un œil à mon reflet pour constater l'étendue des dégâts, je me suis mise à réfléchir à comment faire en sorte que ma mère ne se doute de rien.
Quand ma mère est rentrée, je lui ai dit que c'était moi qui les avais coupés. Elle n'a rien dit. Elle était sans doute déjà préoccupée par des questions vitales du style « qu'est-ce qu'on mange ce soir? », « Quand trouverai-je enfin le temps de changer le tableau dans le salon? » et plein d'autres questions toutes aussi importantes. J'en ai été soulagée. Je n'aurais pas aimé être soumise à un interrogatoire de sa part.J'écris ça plusieurs semaines après cet événement. Vous vous demandez sans doute pourquoi je n'ai parlé de ça à personne. La réponse est : je ne sais pas. À chaque fois que je tente d'approcher quelqu'un pour lui en parler, je fais demi tour. Je ne sais pas pourquoi.
Je ne sais pas si quelqu'un lira ça un jour. Mais si jamais ça arrive, je n'ai qu'une chose à dire: faites attention. La créature ne tue pas, et les blessures qu'elle donne ne sont au final que superficielles. Je ne pense pas qu'elle fasse ça pour le plaisir, mais plutôt pour se nourrir. Les blessures que vous pourriez subir ne seraient pas physiques mais psychologiques. Ne croyez pas que je n'ai gardé aucune séquelle. Je ne me coupe plus les cheveux, de peur de faire ressurgir des mauvais moments. Je ne passe plus aucune nuit sans que le visage de la créature ne revienne hanter mes rêves. Et puis plein d'autres choses.
Donc faites attention quand vous êtes seuls chez vous. Sa présence est parfois imperceptible...
#Laura :)
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N'ayez pas peur. [Réécriture]
TerrorCeci est un livre d'horreur et certaines de ces histoires sortiront de ma tête avec un peu de vrai (exemple: dates, lieux,époques,...) et d'autres seront déjà des écrits circulant sur Internet. Pour cela, ne vous inquiétiez pas, je vais faire de nom...