Julie

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Je galère à avancer car mes béquilles prennent de la place mais finalement je les retrouve près des toilettes. La conversation à l'air agitée, Robin parle avec les mains et Samir a les bras croisés, le visage grave. Je m'approche un peu, en essayant de ne pas me faire remarquer pour écouter discrètement.

- Tu te fous de ma gueule, mec ? Tu veux qu'on oublie cette histoire mais tu traîne encore avec elle ? s'exclame Robin.

- C'est une coïncidence, je te jure que je suis venu sans elle !

- Comment veux-tu que je te crois ?!

- Allez, frère, on a toujours dit les potes avant les putes !

Sympa... Quel connard ! Je décide d'intervenir.

- C'est vrai, on est venu séparément !

Samir me lance un regard noir mais ne dit rien.

- Je peux te parler, juste toi et moi ?

Robin acquiesce et je l'entraîne à l'extérieur. Mon coeur bat à tout rompre, j'ai les mains moites et l'estomac noué par le stress. Il m'impressionne par sa beauté et sa prestance. Je n'en reviens pas qu'il accepte de me parler.

- Qu'est-ce que tu voulais me dire ? m'interroge-t-il sèchement.

Mes mains se tortillent comme quand j'avais 6 ans, mon peu d'assurance part en fumée.

- Tu as reçu mon message ?

Il lève un sourcil.

- Quel message ?

- Je t'ai envoyé un message pour m'excuser de tout ça...

- J'ai perdu mon phone en boîte, j'ai changé de numéro.

Il s'assoit sur le banc et continue de me transpercer avec ses yeux gris, presque blancs.

- Tu m'as bloqué sur facebook...

- Par ta faute.

Son ton agressif me coupe le sifflet, et je n'ose plus rien dire.

- Tu sais Julie, j'étais vraiment sérieux avec toi. Pour la première fois, j'étais bien avec une fille et j'avais confiance. Mais tu as tout gâché avec tes cachotteries.

- Je suis désolée...

Il se relève et pose sa main sur mon épaule, je frémis à son contact.

- Je sais. Maintenant tu es libre, fais ce que tu veux. Nous deux c'est fini, passes à autre chose.

Ses paroles me font l'effet d'un coup de poing dans les côtes et ma respiration se bloque.

J'ai tout gâché, j'ai tout gâché...

Je suis obligée de m'asseoir car mes forces me quittent et je n'ai plus du tout envie de faire la fête. Je ne sais combien de temps je reste plantée là, en tout cas la pluie qui commence à tomber n'arrive pas à me faire bouger.

- Ma belle...

Samir me rejoint et me passe mon manteau que j'avais laissé à l'intérieur. Il s'installe à côté de moi et me prend la main.

- T'inquiète, ça va aller.

- Tu devrais rejoindre ta meuf avant que tu ne la déçoive, elle aussi !

- De qui tu parles ?

- Laela, dis-je en grimaçant.

Il éclate de rire puis passe son bras autour de mon cou.

- Tu es folle, ma parole. Tu as dû sacrément fouiller pour trouver son nom ! Y a que les filles pour faire ce genre de truc !

Je rougis et baisse la tête.