Billybob Au Pays Des Emmerdes

La découverte sans intérêt

Billybob n'était pas le genre de personne que l'on appréciait. En réalité, de nombreux membres de son entourage (qui s'élevaient au nombre impressionnant de deux, dont un animal de compagnie) n'étaient même pas sûrs qu'il était vraiment une personne. Il passait ses journées à manger des citrons et à lancer des débats avec son meilleur ami, Mouchie. Mouchie était son mouchoir préféré. Quelle que soit l'occupation actuelle de Billybob (principalement des promenades dans sa salle de bain de 200 mètres carrés), Mouchie était toujours avec lui. La plus grande qualité de Mouchie était qu'il ne contredisait jamais Billybob. C'était aussi sa seule qualité. Un jour, alors qu'il était affairé à trier des agrafes, il fit une découverte pour le moins intéressante, surtout pour le moins d'ailleurs. Il venait de ranger l'agrafe Heigenbrütsch 1983 dans l'espace qui lui était destiné dans son livre de collection d'agrafes quand il se retrouva nez à nez avec un curieux petit bout de carton. Il le ramassa et tenta de lire les petits caractères écrits dessus: "Keewk zehc saper nu ruop tiutarg tnemehcav nob..." Intrigué, il activa ses 25 neurones actifs pour tenter de décoder ce curieux message secret, jusqu'à ce qu'il finisse par se rendre compte qu'il tenait le carton à l'envers. Lorsqu'il eût finalement réparé son erreur il lût le texte à présent lisible d'une voix inutilement distinguée: " Bon vachement gratuit pour un repas chez Kweek!" Après avoir réfléchi quelques minutes à la signification de cette phrase, il comprit qu'un repas gratuit était un repas pour lequel il ne fallait pas payer, et sauta littéralement de joie au point que s'il avait eu plus de trente neurones actifs il aurait risqué de perdre ceux-ci en éclatant sa tête contre le plafond. "Mouchie! J'ai une excellente nouvelle à t'annoncer! Ce soir, on aura pas besoin de manger notre culture d'amanites tue-mouche personnelle, car nous allons au Restôrant!" S'exclama-t-il à l'intention de Mouchie, prononçant le dernier mot comme si Kweek n'était pas une chaîne de fast-food mais plutôt un 5 étoiles. "Bon, c'est que pour une personne mais je suppose que tu peux te passer d'un repas, n'est-ce pas?" ne recevant pas de réponse à sa question il appliqua la politique du "pas de réponse, bonne réponse" et se félicita une nouvelle fois d'avoir choisi un ami qui ne peut pas parler.

Ce soir-là, il se mit sur son trente deux (c'est comme se mettre sur son trente et un mais encore mieux) et opta sur une apparence de luxe. Il sortit donc un t-shirt troué, une paire de chaussettes dépareillées et un vieux jean délavé, se versa quelques gouttes d'eau de toilettes (pas le parfum, littéralement l'eau des toilettes) sur les cheveux et sortit prendre son tricycle. La route fût relativement longue compte tenu du fait que sa maison se trouvait au pôle nord, que le Kweek en question se trouvait en France et que faire l'atlantique en tricycle n'était pas très facile les dimanches. Quand il eût finalement atteint la côte bretonne, il réalisa qu'il avait oublié Mouchie, et repartit donc le chercher.

(vous vous demandez certainement comment on peut traverser un océan en tricycle. Et bien voyez vous, c'était un tricycle atlantique. Vous voulez savoir comment cela fonctionne? C'est très simple... Ça fonctionne, c'est tout.)

Après quelques jours d'allers-retours (l'un d'entre eux ayant été fait parce qu'il voulait tenter de parcourir la route en marche-arrière, pour voir) il finit enfin par se retrouver devant le fameux Kweek. Avec horreur, il réalisa que le local était fermé, et c'est à cet instant que retentit une mélodie dramatique de type "DUM DUM DUUUUUM" que ce cher Billybob ne pouvait évidemment pas entendre, et vous non plus d'ailleurs, étant donné que ceci est un texte. Je suis vraiment obligé de vous l'expliquer? Sacrebleu...