Chapitre 3

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- Alors Roméo, t'es dans la classe de Julison?

- Mouais...

- Comment ça mouais?

- Ben, oui on est dans la même classe mais ça change en rien du faite qu'elle me calcule pas, tu vois?

- Nan je vois pas trop... on se fait un babyfoot chez toi??

Je vois que mes problèmes intéressent toujours autant mes proches, enfin mes PROCHES c'est quand même un grand mot car dans la catégorie : mes proches, il y a ma grand-mère, Chris et Snowy qui je le rappelle est un ours en peluche et donc compte à moitié. Mes parents? morts. Enfin c'est ce qui dit grand-mère; Ils sont morts dans un accident de voiture lorsque j'avais cinq mois. Vous vous demandez comment j'y ai survécu? et bien j'y était pas, mes parents partaient au théâtre en "amoureux", me laissant chez ma grand-mère. En cours de chemin ma mère s'est rappelée d'avoir oublié de donner à ma grand-mère la trousse de première urgence (au cas où il m'arriverait une bricole), alors mon père a fait demi-tour, se faisant heurter par un camion qui roulait en sens inverse. J'ai toujours trouvé cette histoire rocambolesque mais au fond, pourquoi grand-mère me mentirait-elle?

- D'accord mais c'est moi qui prends les joueurs bleus.

- O.K. ça marche gros bébé.

Je me rappelle du jour où j'ai aperçu ce qui allait devenir MON baby-foot dans la vitrine du magasin avec Chris. C'était un jour nuageux, après notre match de foot que nous avions perdu comme tous les autres, et nous nous apprêtions à rentrer chez nous lorsque Chris s'arrêta net devant la vitrine de la boutique de jouets en bavant sur le plexi glace, c'est en faisant volte face que moi aussi je l'ai aperçu, ce bijou d'un mètre cinq de long et de quatre-vingt-dix centimètre de large, barres de quarante centimètre de chaque côté du plateau central en bois de chêne. Nous sommes restés collés sur place devant la vitrine jusqu'à ce que la pluie ne nous contraigne à partir chacun de notre côté sans le baby-foot. Je n'arrêtais pas de penser à cette merveille jour et nuit alors j'ai décidé de faire des économies ce qui n'était pas bien compliqué pour moi car je ne dépensais pas beaucoup d'argent contrairement à Chris qui avait des démangeaisons par la simple pensée d'avoir quelques billets dans sa poche sans savoir ce qu'il en ferait. J'ai travaillé une semaine chez le facteur du coin. Pendant une semaine je distribuais le courrier à tout le quartier et en échange je recevais quelques pièces. Ayant marre de toucher des feuilles de journaux toute la journée, j'ai décidé d'aider grand-mère à ranger les courses, de faire à manger, de l'aider à porter les habits à la buanderie et un tas d'autres choses, pour me gratifier de mes efforts elle me donnait 5$ par semaine que j'insérais soigneusement dans ma tirelire en porcelaine jusqu'au jour où j'ai eu assez d'argent pour me payer le super baby-foot dont je rêvais et ça fera bientôt six ans que je suis fier de raconter cette histoire.

- Attention Roméo je mène le jeu, 5-2 pour moi!

- Tu pourrais arrêter de m'appeler comme ça?

- Rrro, ça va c'est de l'humour. Est-ce qu'au moins tu sais ce que veut dire ce mot p'tit génie?

- Je n'en n'ai pas la moindre idée figure toi, au faite tu devinera jamais qui m'a demandé de faire équipe avec en chimie...

- Alison?!

- Non, et de toute façon j'aurais pas pu accepter faute de crise de nerf ou d'étourdissement... Tu te rappelle de la pot de colle en maternelle?

- Bloody Mary?

En maternelle, Mary Bluby était LA pot de colle que tout le monde évitait, même moi j'étais plus apprécié par les autres enfants. Tout le monde la traitait d'intello, de fayotte, de poule mouillée, de rapporteuse ce qui bien sûr n'était pas totalement faux car oui elle adorait montrer à toutes les personnes qu'elle croisait qu'elle était excessivement intelligente, elle faisait du zèle auprès des enseignants, c'était le genre de fille qui ne se mettait jamais en danger (même le jeu de la marelle était un comble pour elle) mais ce qu'elle adorait par-dessus tout c'était de rapporter les autres à la maîtresse . Malgré sa personnalité de petite fille modèle je ne la trouvais pas forcément méchante, presque intéressante. Elle était différente des autres petites filles, elle s'amusait toute seule dans son coin avec ses poupées et ne faisait pas d'histoire pour savoir qui irait sur la balançoire verte car les jeux collectifs ne l'intéressaient pas. Solitaire, voilà le mot que j'emploierais pour la définir, solitaire comme une louve ayant perdu le respect de sa meute. Ah oui, et pour en venir au surnom de Bloody Mary c'est Chris qui l'a trouvé. Tout le monde connaît l'histoire de "Bloody Mary", celle qui fait frissonner les petits, seulement ce n'est pas à cause de sa laideur qu'on l'a surnommé ainsi (même si je dois avouer qu'avec ses lunettes et son appareil dentaire ce n'est pas la plus belle fille du lycée) mais à cause de son sang qui coulait à flot, une simple chute d'un muret la faisait saigner du genou, lorsqu'elle se mouchait un peu plus fort c'est son nez qui se mettait à saigner, ses gencives également faisaient parties du cercle sanguinaire. Mary la sanglante.

- Même une ancre sur la tête ne me ferait oublier cette fille... et maintenant qu'elle est en puberté elle doit en voir du sang...

- T'es dégueulasse mec... attends tais-toi voir!

- Y a quoi?

- J'entends quelqu'un rentrer dans la maison...

- C'est sûrement mamie Zombie, arrête de te faire des films Sherlock!

- Y a quelqu'un avec elle en tout cas et ce n'est pas une membre de son club de tricot, baisse-toi je veux entendre leur discussion...

Un affreux souffle glacé se propage en moi, un blizzard dans mon fort intérieur. La voix d'homme que j'entends dans la cuisine se mêlant à celle de ma grand-mère ne présage rien de bon, en général grand-mère déteste inviter des gens chez nous, elle est plutôt antipathique avec le monde extérieur et le fait de sentir une personne inconnue dans la maison m'inquiète. J'avance dangereusement à quatre pattes de quelques centimètres pour pouvoir entendre leur discussion et ce que j'entends ne calme pas mon inquiétude,

- Abigayle tu dois lui dire la vérité...

- Je ne peux pas, il n'est pas prêt à entendre toute la vérité. Je me dois de le protéger et l'histoire de ses ancêtres l'affecterait terriblement, Nico est encore trop fragile.

Tout se chamboule dans ma tête. La vérité? la vérité à quel propos? mes parents? et pourquoi l'histoire de mes ancêtres m'affecterait? de quoi grand-mère me protège t'elle? toutes ces questions s'entrechoquent dans ma tête et personne ne peut me répondre, demander des réponses à grand-mère me mettrait dans une mauvaise posture et je perdrai l'avantage de savoir ce qu'elle me cache. Je dois savoir qui est cet homme mais pour ce faite je dois écouter la fin de la discussion.

- Il aura 16 ans l'été prochain Abi, réfléchis. Tu sais ce que la prophétie dit.

Premièrement, personne n'a le droit d'appeler ma grand-mère Abi excepté sa famille proche c'est-à-dire sa sœur et moi même. Cette personne doit connaître ma grand-mère assez bien pour qu'elle ne lui casse pas un doigt pour lui avoir donné le surnom que seul son mari avait le droit de lui donner. Et deuxièmement, de quelle prophétie parle ce gars? il vit encore en Antiquité ou comment ça se passe?

- Ils disent quoi? aller bouge toi je veux entendre ce qu'ils disent!

- La ferme Chris tu vas tout faire foirer!

Et merde un silence s'est installé, ils ont du remarqué qu'on les écoutait. Chris a tout fait foiré, je ne saurai jamais qui était cet homme et pourquoi il est venu parler de moi à grand-mère.

- Nico, c'est toi?

- Euh... oui, oui grand-mère. Je... j'étais dans ma chambre quand j'ai entendu la porte d'entrée se refermer, c'était qui?

- Personne. Juste la voisine qui est venue me rendre le plat que je lui ai prêté la semaine passée, tu as passé une bonne journée?

- Epique et pleine de mystère. Et toi?

WOLVES - La prophétie du Grand LoupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant