Chapitre 46

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Les bourrasques de vent nous freinent dans notre élan, la froideur du matin se fait sentir sur les joues et le spectacle devant nous est horrifiant. Obvilion en personne se tient devant nous, un colosse d'au moins cinq mètre de haut nous regarde comme si on était de vulnérables fourmis. Le sol tremble aussi fort que ce que la mère se déchaîne, les immeubles tombent comme si la terre et le ciel jouaient une partie de Jenga géant. L'immense forme noire rit en nous voyant trembler à son pouvoir destructeur, nous sommes impuissants. Nous ne pouvons rien contre lui, nous sommes quatre et lui est lui. Je pense que c'est la fin quand une idée me vient en tête.

- Allez chercher de l'essence et des allumettes et apportez les au stade on va le griller!

- Et toi ?

- Ne vous inquiétez pas pour moi j'ai un plan!

- Nico, non !

- Faites ce que je vous dis !

Mes amis partent chercher ce que je leur ai demandé, je me retourne vers Obvilion et crie :

- Hey ! c'est moi qui tu veux ?!

- Nicholas Baker... gronde une voix ténébreuse.

Je m'assure qu'Obvilion est d'humeur joueuse avant de partir en courant en direction du stade d'athlétisme pour l'éloigner de l'eau. Je fais exprès de prendre des chemins sinueux et d'éviter les raccourcis, je dois laisser le temps aux autres de trouver le matériel nécessaire.

- Tu me fais courir petit morveux ?!

- Si tu me veux, viens me chercher !

Obvilion se fait une joie de courir après moi comme un chat après sa proie sauf que notre jeu fait beaucoup plus de dégâts et malheureusement de victimes. Obvilion détruit tout immeuble sur son passage, il n'a pitié de rien ni personne.

Après environ une heure de course à travers Boston je suis crevé et prie pour que mes amis aient trouvé assez d'essence et du feu. Mes jambes -tout particulièrement mes mollets- me font atrocement souffrir mais je tiens.

- Tu vas finir comme ton père si tu ne t'arrêtes pas !

- Comment ça comme mon père? tu veux dire en héro? alors je veux bien.

Nous sommes maintenant tous les deux dans l'immense stade d'athlétisme à nous regarder comme deux cow-boys avant leur combat.

- Tu veux te battre petit ?

- Je ne fais pas cinq mètres de haut moi.

- Ne t'en fais pas, je vais te tuer à la loyale.

Le géant rétrécit jusqu'à une avoir une taille à peu près humaine, son corps me fait penser aux représentation du diable par des centaines de peintres et dessinateur. Sa peau est entièrement recouverte d'une matière pâteuse de couleur noire comme du pétrole, Il a des cornes et son envergure et digne d'une surcroissance musculaire.

- On a dit loyale n'est-ce pas?

J'ai à peine le temps de comprendre ce que voulait dire son sous entendu que me voilà dans les airs, en lévitation grâce aux pouvoirs surhumain d'Obvilion. Une fois reposé parterre j'essaie de me transformer en loup mais je n'y arrive pas, il m'en empêche.

- Qu'est-ce que tu as fait? 

- Tu voulais un combat loyale, le voici.

Je ne sais pas quoi faire, je dois de toute manière accepter car je ne peux plus revenir en arrière et même si j'en avais la possibilité qu'est-ce que je ferais? Je commence à paniquer quand je vois un cercle d'essence qui entoure notre ring invisible, il ne manque plus que le feu.

- Tu as raison je relève le défi, criai je.

- Nico ! cria Luna.

- Allez-y, je m'occupe de lui, lançai je à mes amis en sautant sur Obvilion, allumez le feu !

- Petit morveux, tu voulais me piéger?! me crache t'il en m'assénant un coup de poing.

Le démon essaie de s'échapper du cercle mais je l'en empêche en tirant une de ses jambes pour le déstabiliser.

- Luna allume le feu !

Je la supplie du regard pour qu'elle allume ce putain de feu mais je sais qu'elle en est incapable même si elle sait que ce geste sauverait tout le monde.

Elle sait aussi que ça me tuerait.

Max prend l'allumette, l'allume et la jette sur nous les larmes aux yeux. Wu fait de même pour augmenter la densité des flammes et rajoute de l'essence. Une prison incandescente tombe sur moi, ma dernière vision et celle de Luna pleurant dans les bras de Max.

La vie ou la mort il devra choisir pour effacer les tords des millénaires passés en survie.

J'ai enfin compris ce que cette phrase voulait dire, j'ai choisi la mort pour sauver mon peuple et pas seulement, le monde entier. Je me suis également sacrifié pour les Omégas, ce sacrifice sert à effacer toutes ces années pendant lesquelles ce peuple a été rejeté par les autres et qu'il a du survivre seul. C'est une expiation en quelques sortes. Je ne regrette pas.

- Petit salaud, je te savais bête mais à ce point ! je vais te tuer !

Obvilion se jette sur moi mais il est trop rapide pour que je puisse tenter toute esquive, je me retrouve parterre asséné de coups. Je sens le sang se mêler à la chaleur mais je ne peux pas succomber à la mort, pas maintenant. J'ai fait une promesse à Charles et si je meurs je ne pourrai jamais la tenir.

Je vois peu à peu le corps du géant succomber aux flammes, Il commence à se fatiguer et j'en profite pour le mettre à terre mais mes poings me suffisent de loin. Nous entamons un combat à terre jusqu'à ce que je presse sa gorge avec mon genou et le bloque. Obvilion se débat en me faisant plusieurs blessures aux jambes mais je n'ai pas le temps de penser à la douleur. Je me retiens de crier et réussis à attraper une de ses cornes en mains et je tire de toutes mes forces jusqu'à ce que j'entende un craquement sur sa boîte crânienne. Du dessus de sa tête s'échappe un liquide noir abondant, Obvilion hurle désormais à cause de la douleur et essaie de m'empoigner par la gorge, j'essaie de m'extirper de ses mains menues mais ce n'est pas une chose facile. Bientôt l'air me manquera et je mourrai asphyxié, le monde entier périra à cause de moi. Non ce n'est pas finit, Obvilion n'a pas encore gagné et je ne compte pas lui laisser ce droit.

Mes jambes se balancent comme deux balançoires offertes à un ouragan, je panique mais tente d'utiliser le moins d'oxygène possible vu que j'en ai très peu en stock et qu'à cause du feu une tonne de dioxyde de carbone s'est déposé dans notre atmosphère. Mes yeux fixent ceux d'Obvilion dans lesquels ont peut voir de l'amertume et de la cruauté mais également de la puissance. Celui-ci sert toujours ma gorge de toute ses forces et attend sûrement que ma tête explose. Je m'attends à mourir dans les deux prochaines minutes quand une vague de feu s'abat sur son dos et le fait rugir de douleur, je profite de cet instant pour lui mettre un coup de pied dans le ventre pour m'échapper de sa prison. Meurtri, Obvilion est comme un animal sauvage moribond. Je profite de sa vulnérabilité pour lui enfoncer sa corne dans la poitrine, celle-ci s'engouffre dans sa chair avec légèreté mais ses dégâts sont tout autre. Il pousse un cri rauque et horrifiant, ses yeux flamboyants ont le temps de me fusiller avant de disparaître dans une fumée de cendre.

Je lâche la corne qui s'échoue sur le sol avec bruit avant de la rejoindre. Ma vue se brouille, ma gorge se noue et tout devient flou.

WOLVES - La prophétie du Grand LoupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant