WOLVES - La prophétie du Grand Loup

Chapitre 7

- C'est encore loin ?

- T'as fini de te plaindre?

- J'ai faim, j'ai soif et j'ai mal aux pieds !

- T'es vraiment un gros bébé toi, c'est incroyable...

- ça va je rigole, t'es pas marrante toi, c'est incroyable...

En deux jours je n'ai pas du tout appris à la connaître. Je dis LA ou LA FILLE parce que je ne connais pas son prénom, elle ne veut pas me le dire alors j'ai pensé que ça doit être un prénom horrible et qu'elle doit en avoir honte mais je l'aime bien enfin je crois. C'est une fille très mystérieuse et discrète tout le contraire d'Alison qui adore attirer l'attention. En parlant d'Alison, je me demande si elle a remarqué mon absence (ce qui est peu probable car elle ne fait pas la différence entre un poteau et moi-même). Et Chris ? oui, c'est sûr il a remarqué et il est sûrement en train de me chercher dans tout l'Ohio à  l'heure qu'il est. Il a du prévenir grand-mère, elle doit être folle de rage contre moi ou alors inquiète mais je préfèrerais qu'elle soit en colère parce que je n'aime pas quand elle se fait un sang d'encre. En général elle s'en veut à mort de ne pas avoir été avec moi ensuite elle demande à tout mes amis (c'est-à-dire Chris et les membres de mon club de chimie) la dernière fois quand et où ils m'ont vu et enfin elle n'appelle pas la police mais fait ses propres recherches mais le pire c'est que c'est une meilleure enquêtrice que n'importe quel policier ou enquêteur renommé. Je me rappelle de la première fois que j'ai pris le bus pour me rendre à l'école, je me suis trompé de bus au chemin du retour et me suis donc retrouvé à un arrêt complètement inconnu pour moi, je me souviens d'avoir pleurer et d'avoir pensé très fort à ma grand-mère. Je suis resté une heure ou deux assis sur le trottoir avant de voir grand-mère s'asseoir à côté de moi et me proposer de rentrer chez nous, je n'ai jamais compris comment a t'elle pu me retrouver aussi vite dans un quartier où elle n'avait jamais mit les pieds mais à chaque fois que je parle de cet événement elle s'obstine à dire qu'elle ne s'en souvient plus.

Il faut que j'arrête de penser à ma famille, ce qui est fait est fait. Je baisse la tête et me concentre sur mes foulées, j'écoute le chant des pinsons et pense au cœur de la forêt. Cette pensée m'apaise comme toutes les fois. Quand j'étais petit je faisais souvent des cauchemars alors pour me calmer je pensais à la forêts, aux arbres, aux souches remplies d'eau sucrée et cela me soulageait, je pouvais me rendormir. 

- On va faire une pause pour tes pieds.

C'est la première fois depuis que je l'ai rencontrée qu'elle se montre chaleureuse. Elle m'effleure du regard et s'assied sur une vieille souche. Elle sort de son sac à bandoulière une gourde d'eau qu'elle me jette sur les genoux, un paquet de biscuits que je rattrape au dessus de ma tête et une carte.

- Ne mange pas aussi vite, tu vas t'étouffer !

C'est après cette remarque que je me rends compte de la vitesse à laquelle j'engloutis les biscuits aux noisettes et des miettes éparpillées autour de moi mais la seule chose qui me frappe c'est son sourire, il est magnifique. Ses lèvres framboisées laissent paraître ses dents blanches et alignées comme celles d'une star de cinéma hollywoodien. Mais ce rayonnement s'éteint lorsqu'elle remarque ma fascination pour ses dents. Ses joues deviennent cramoisies ce qui la replonge dans sa lecture de la carte.

- C'est quoi ?

- Une carte. 

- Une carte de quoi?

- De la Russie... de la forêt banane, quoi d'autre ?

Après une longue pause pour mes pieds, un encas pour mon ventre et une hydratation pour ma gorge et mon corps, nous repartons dans les sentiers sinueux de la forêt. Le soleil est au zénith nous éblouissant ce qui nous oblige à baisser la tête pour protéger nos yeux de cet éclat. Je sens mes épaules brûler malgré les manches de mon T-Shirt, une chaleur venue de nulle part nous frappe de plein fouet à travers les feuilles des arbres dont je ne saurais donner le nom.

- Qu'est ce que tu sais sur tes origines "sauvages" ?

- Rien, je te l'ai déjà dis.

- Tu étais dans un foyer ou un orphelinat avant notre rencontre?

- Non je vis avec ma grand-mère à Cleveland, mes parents sont morts mais ma grand-mère s'est toujours occupée de mon éducation.

"Voler en éclat de rire". Voilà une de mes jolies expressions inventées que j'attribue à sa réaction lorsque je lui ai dis pour mes parents, en général les gens sont mal à l'aise, me donnent toutes leurs condoléances ou se taisent mais elle...

- Qui est-ce qui t'a raconté des âneries pareilles ? tes parents ne sont pas morts si c'est bien toi Nicholas Baker.

- Qui es-tu pour dire des choses comme ça? tu ne sais rien de moi et moi je ne sais rien sur toi alors c'est quoi ton problème ? c'est une blague ?

- Pas du tout Nicholas. Je sais que c'est un choc pour toi mais je te jure que tes parents sont bien vivants et que tu les reverras tout bientôt mais si tu t'énerves et que tu commences à douter de moi, c'est tout le temps qu'on perd pour arriver jusqu'au camp alors calme toi s'il te plait.

- D'accord mais c'est quoi ce fichu camp pour finir?

- Tu veux la version courte ou la version longue ?

- Courte.

- Tu as les gènes d'un loup.

- Quoi ?!

- O.K. on va opter pour la version longue...