Chapitre 4

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C'est drôle, tout est blanc. L'atmosphère est pesante, l'odeur de la pièce lourde. Je ne sais pas où je suis ni qui je suis. La robe de chambre qu'on m'a revêt me provoque des démangeaisons sur tout le corps à cause de ma transpiration qui colle le tissu sur mon épiderme, mes mèches charbonneuses sont plaquées contre mon front humide et mes lèvres sèches cherchent avec désespoir de l'eau. Mes poignets et mes chevilles me font mal, je n'arrive pas à bouger. Après plusieurs tentatives pour but de me relever vouées à l'échecs, je remarque que je suis lié. Mes chevilles et mes poignets sont attachés et fixés à la table sur laquelle je suis couché comme un animal sauvage. Mon corps fume mais je suis froid à l'intérieur, mes dents claquent. J'essaie de me rappeler la façon dont j'ai atterri dans cet endroit mais tout est flou, je me concentre sans réussir. Je passe des heures à réfléchir ou peut-être des minutes, je ne sais pas, je n'ai plus la notion du temps et encore moins la patience d'attendre quelque chose dont j'ignore l'existence et cela me rend dingue. Je tire sur mes bracelets et crie comme un animal blessé mais la salle est vide, personne ne me vient en aide. Je me dis que je vais mourir tout seul et ça me fait rire, je suis hilare et ça me fait peur mais pour me consoler je me dis que c'est l'effet d'un anesthésient même si au fond je sais que je suis devenu fou. Je me calme avec peine en essayant de regarder par la fenêtre, le chant des oiseaux, le bruit de la circulation, le son que font les talons hauts de femme, le rire des enfants m'apaise. Mes muscles se relâchent et je sombre dans un profond sommeil.

Le loup des plaines !

C'est en sursaut que je me réveille en me rappelant tout ce qui c'était passé. Mlle. Fletcher, l'interrogatoire sur "Le loup des plaines", la forêt et cette jeune fille dont je ne saurais reconnaître le visage qui est resté flou dans ma mémoire. Je pense à grand-mère qui est sûrement en train de s'inquiéter pour moi et Chris qui se demande où je suis. Je m'inquiète tellement à l'idée d'être porté disparu par ma famille que je ne remarque même pas que mes poignets et mes chevilles sont libres, je crois presque avoir rêvé mais les marques rouge violacées sur ma peau me prouvent le contraire. La robe de chambre que j'avais sur moi a laissé place à un short et à un T-shirt à ma taille pour mon plus grand plaisir et étonnement. Mes lèvres auparavant sèches sont maintenant hydratées et mes gerçures ont pratiquement disparues, je n'ai ni froid ni chaud et je suis en pleine forme à présent alors qu'il y a peu de temps je pensais devenir fou. je me mets en position assise sur le lit que j'avais d'abord définit par table pour animaux mourants, mes jambes pendent au dessus du lit et mes bras ont retrouvé toute leur force, je ressens mes muscles. Je décide de sortir de la pièce. Je m'approche de la porte en m'attendant à la trouver fermée mais ce n'est pas le cas, je m'engage dans un couloir plein de vie. Des infirmières me sourient tout comme les patients en chaise roulante ou simplement ceux qui, comme moi, se promènent sans but précis. Mes pieds nus apprécient le contact avec le marbre froid et mes yeux trouvent cet environnement hostile agréable ce qui révolte mon cerveau qui sent un piège. J'ai le temps de faire deux pas avant de me faire interpeler par un homme grand, portant une blouse blanche, d'affreuse chaussures noires et des lunettes dans lesquelles je peux voir mon reflet. Ses ongles bien entretenus m'étonnent et ses cheveux poivre et sel me rassurent.

- Tu dois être Nicholas. Je me présente : Dr. Reynolds, c'est moi qui me suis chargé de toi lorsque tu es entré dans cet établissement et je dois avouer que j'ai fait du bon travail.

- Je préférerais que vous m'appeliez Nico... au faite... puisque c'est vous qui m'avez remis en point comme vous dites... vous pourriez m'expliquer ce qui m'est arrivé parce que je ne me souviens de rien...

- Rien de bien méchant, tu t'es évanouis dans la cantine du lycée, petite allergie alimentaire c'est tout. Mais tout va bien maintenant, on doit juste te garder encore quelques jours pour trouver ce qui a provoqué l'évanouissement.

- Mais vous venez de dire que c'est une allergie alimentaire...

- Oui mais il faut qu'on prenne quelques prises de sang pour vérifier si tu n'as pas d'autre allergie de ce type. Tu aurais pu y rester petit, je dois te laisser j'ai d'autre patients à visiter. Reste dans le coin, n'aies pas peur on ne te mangera pas.

Ce type qui se croit médecin est vraiment louche, il se contredit lui-même. D'abord il dit que c'est une petite allergie de rien du tout et ensuite il dit que j'aurais pu y rester et cette histoire de prises de sang ne m'enchante pas du tout. Où alors c'est moi qui me fais des histoires pour rien, et au fond je ne suis pas médecin donc je ne peux pas juger leur travail. Je crois que je vais repartir en direction de ma chambre car cette promenade m'a épuisé plus que je ne le pensais. Le couloir que j'ai emprunté la première fois me paraît plus long cette fois-ci, le sol marbré dont la fraîcheur me faisait du bien est devenu chaud. La porte de ma chambre n'est plus très loin à présent mais j'ai de la peine à avancer, c'est comme si des mains invisibles me tiraient en arrière pour m'empêcher d'atteindre la poignée métallique. Une fois la porte refermée derrière moi, je sens la fraîcheur émaner de la chambre blanche. La fenêtre est ouverte. Je ne me rappelle pourtant pas l'avoir ouverte en partant et vu que mon lit est défait j'éloigne l'idée de la gentille infirmière qui vient aérer la chambre de ses patients. A cet instant, un instinct naturel dont j'ignorait l'existence me souffle de faire volte face. Devant mes yeux se tient une jeune fille au visage familier.

- Alors comme ça on oublie de remercier la fille qui t'as sauvé la vie?

La nuit est d'un noir monochrome, seules les étoiles éclairent les rues endormies. La chambre auparavant blanche est elle aussi plongée dans le noir, la fille me sourie de ses belles dents blanches qui éclairent la pièce sombre. Je n'ai d'autre choix que de sourire à mon tour, je ne me lasse pas de la regarder.

WOLVES - La prophétie du Grand LoupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant