- Où est-ce que tu m'emmènes?- Tu verras.
- O.K... et toi t'es qui au juste?
- ...
- Dis moi au moins ton prénom...
- D'accord. Je m'appelle la ferme et marche.
Je dois avouer que cette fille n'est pas très loquace et encore moins empathique parce qu'elle se contrefiche de mes pauvres pieds qui souffrent, de mes genoux tremblants, de mes avant bras écorchés et de mon souffle saccadé. D'ailleurs je ne sais même pas pourquoi j'ai accepté de la suivre, à première vue elle m'inspirait confiance mais peut-être qu'elle me mène dans une espèce de tribut ou de secte, j'ai entendu parler de gourous qui sont en train de se propager dans tout le pays et qui recrutent surtout des jeunes comme moi. Je ne vois pas d'autre possibilité, j'ai rarement été interpelé par une fille au beau milieu de la nuit qui me demande de la suivre dans un coin reculé de la forêt (si les rôles étaient inversés j'aurais peut-être compris le fond malheureux de cette pensée). Mes méninges surchauffent à force de penser à l'endroit où j'atterrirai bientôt, mes avant bras continuent de saigner et mes gouttes de transpiration coulent toujours aussi abondamment qu'il y a une heure.
L'instinct que j'ai eu à l'hôpital lorsque j'ai senti une présence dans ma chambre s'est réveillé sauf que cette fois-ci il ne me dit pas de me retourner mais plutôt de foncer et de ne PAS me retourner. Mes genoux tremblants trouvent la force nécessaire pour s'élancer dans cette mer d'arbre, je ne cours pas je vole.
- Arrête imbécile, reviens sinon tu te fera tué !
Je n'entends rien, plus rien. Le vent qui frappe mon visage est le seul son que mes oreilles arrivent à déchiffrer. Le voile de douleur qui couvrait ma peau s'est envolé laissant mon épiderme nu, je m'écorche sur les branches des arbres qui essaient de me faire barrage mais je fonce tel un bulldozer sans me soucier de ces bras bienveillants. Je cours à en perdre la raison j'ai l'impression que cette course déterminera mon espérance de vie, mes jambes aussi frêles que celles d'un faon s'encoublent pratiquement toutes les foulées. Plus je m'y enfonce plus je constate avec frayeur que la forêt est infinie, aucune route ne l'entoure c'est-à-dire aucune issue. Les troncs des arbres noirs comme la nuits ressemblent aux Queen's guards qui veillent non pas sur une reine mais sur la forêt. Les corbeaux posés sur les épaules des gardes inspectent eux aussi les environs en quête d'une proie à
calomnier. Les racines se mêlent les unes aux autres puis se séparent et se lovent en fin de chemin, elles ressemblent à des vagues dans cet océan d'arbres et de verdure. Le brouillard s'est officiellement couché sur le sol humide du bois, je ne vois rien à part mes mains et leurs cicatrices. Je me sens pris au piège, largué jusqu'à ce que j'entende des bruits de pas. Je me remets à courir dans la direction que j'ai estimée opposée. Les bruits de pas se rapprochent rapidement mais très discrètement ce qui est déconcertant, je n'ai pas la moindre idée du moment où on me sautera dessus. À bout de souffle je m'arrête m'appuyant par la même occasion sur le tronc d'un arbre pour me reposer car j'ai l'impression que j'ai semé la personne ou la chose qui me traquait. Epuisé et furieux je crie. Tout ça à cause d'une p*tain d'interrogation surprise ; je m'évanouie puis je me fais hospitaliser dans un établissement louche, une fille vient me chercher pour m'emmener dans un endroit situé dans une FORÊT?! et maintenant voilà que je suis perdu et que je remercie le sens de l'orientation que je n'ai jamais eu. Maintenant que suis passagèrement calmé je me dis que crier dans une forêt pleine de bêtes sauvages et un agresseur à mes trousses ne fait pas vraiment parti des meilleures idées que j'ai eu dans ma vie. Mon intuition se révèle être juste car j'entends des branches craquer tout autour de moi, mon pouls accélère dangereusement et mon cœur est en train d'exploser dans ma cage thoracique qui ne tiendra peut-être pas le coup, mon cerveau à force de surchauffer s'est partiellement arrêté et mes cordes vocales s'en veulent à mort d'avoir crier. Tout mes sens sont en éveil malgré les petits problèmes techniques que je rencontre, je m'attends à un ours ou même à un Serial Killer comme dans le film "Vendredi 13" d'ailleurs quel jours sommes nous? aucune importance car tout sera soigneusement noté dans mon acte de décès sauf si on ne retrouve pas mon corps ou si le médecin légiste ne fait pas correctement son boulot. Une brise d'air frais parcourt mon visage avant de laisser place à un animal sauvage aux yeux verts.- T'es malade ou quoi?!
- C'est toi la malade, qu'est-ce que tu veux de moi?!
- Qu'est-ce que je veux de toi? tu me demande ce que je veux de toi! rien. J'ai été chargée de ta sécurité Tarzan et ce que tu viens de faire c'était vraiment con.
- Comment est-ce que t'as réussi à me retrouver?
- C'était pas compliqué avec le bruit que tu fais quand tu marches et je parle même pas du bruit que tu fais quand tu cours...
Mon cœur bat toujours la chamade mais je suis rassuré de savoir que je ne serai pas membre d'une secte pédophile ou un truc dans le genre. Mes muscles sont tendus et ma nuque me fait un mal de chien mais je ne bronche parce que je suis trop gêné pour le faire, la fille est toujours en train de m'observer, elle parcourt mon visage de fond en comble en essayant d'en déduire quelque chose sans réussite car elle grimace de temps à autre. Ses chevilles sont planquées derrière mes genoux et ses mains agrippent mes épaules de fait que ses genoux touchent mes hanches et que son nez est à quelques centimètres du mien, ses iris vert fixent mes pupilles noires dans lesquelles elle peut se voir aisément. Une chaleur confortable recouvre la totalité de mon corps à chaque fois que ses mèches brunes effleurent ma peau cramoisie.
- Je ne suis pas là pour te faire du mal bien au contraire...
Je connais cette fille depuis moins de trois heures et je pense déjà qu'elle est bipolaire, premièrement elle m'envoie bouler et maintenant elle me rasure de sa voix la plus tendre mais le pire dans l'histoire c'est que ça me rassure et que j'acquiesce comme un idiot.
- O.K. mais tu m'emmenait où avant qu'on entreprenne une course folle dans cette forêt?
- Au camp.
Au camp? super si ça se trouve c'est simplement une gentille scout qui a été chargée de trouver de nouvelles recrues en plein milieu de la nuit. C'est avec dépit que je la vois se relever et me tourner le dos, elle commence par s'enrouler une mèche de cheveux autour son indexe droit ce qui à première vue est un signe d'angoisse car elle a la tête d'une personne qui cache quelque chose comme grand-mère après le départ de cet homme inconnu venu lui rendre visite.
- Il est trop tard pour aller au camp, le couvre-feu a déjà été instauré depuis longtemps, il va falloir dormir dans la forêt brute cette nuit.
- Dormir dans la forêt, avec des bêtes sauvages tout autour de nous?
- La prochaine fois que tu voudras partir en courant mon p'tit gars tu réfléchiras deux fois avant de te lancer dans une course dans une forêt pleine à craquer de petites bestioles toutes gentilles.
- Désolé. C'est quel genre de camp au faite?
- Tu n'es au courant de rien?
- Je devrais être au courant de quelque chose en particulier?
- Est-ce que tu connais tes origines au moins?
- Ben oui, je suis originaire de Cleveland, j'y ai toujours vécu et...
- Non, je parle de tes origines sauvages...
- Comment ça, mes origines sauvages?
- Il est temps de dormir, demain est une longue journée...
- Non attends explique moi!
- Tout te sera expliqué demain.
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WOLVES - La prophétie du Grand Loup
FantastikJe m'appelle Nicholas Baker. J'ai 15 ans. J'habite à Cleveland au Midwest des Etats-Unis dans l'Etat de l'Ohio. Je pourrais être comme vous, c'est-à-dire un adolescent normal avec des amis normaux, amoureux de la plus belle fille du lycée. Seulement...