Cette nuit je ne dors pas dans les bois mais dans un lit confortable et au chaud. Je ne partage même pas mon bungalow avec quatre autres campeurs comme m'avait prévenu Luna, je suis tout seul. Je suis installé confortablement, j'ai bien chaud et le bruit est insonore, j'ai tout pour passer une bonne nuit mais le sommeil ne vient pas. Je regarde le plafond qui a été remplacé par une vitre ce qui laisse les étoiles m'épier depuis leur loge. Mes mains sous ma nuque et mes pieds entrecroisés, je réfléchis aux trois derniers jours que j'ai passés. Trop d'éléments s'entrechoquent dans ma tête me provoquant une atroce migraine mais j'aime cette douleur, je crois devenir masochiste. Je ne sais plus qui ou ce que je suis.
Je m'appelle Nicholas Baker, j'ai 15 ans. J'habite à Cleveland au Midwest des Etats-Unis dans l'état de l'Ohio. Je vis dans une petite maison avec ma grand-mère et Snowy. Mon meilleur ami s'appelle Chris et il s'inquiète pour moi alors que je suis bien au chaud et en sécurité enfin je crois.
Je fais l'inventaire des saloperies qui me sont arrivées ces trois derniers jours et bizarrement je classe ma rencontre avec mes parents dans la catégorie "j'aurais préféré que ça n'arrive pas". Je suis déjà allé dans un orphelinat avec ma grand-mère qui m'a fait cadeau de cette visite en tant que punition car elle trouvait que j'étais soit disant "ingrat". J'ai rarement vu autant de tristesse dans un établissement, les petites filles étaient d'un côté essayant de jouer avec des poupées en chiffon tandis que les garçons se trouvaient de l'autre testant la vitesse des petites voitures de course, chacun était muet, aucun ne souriait. Jamais je ne m'étais senti aussi étranger, je ne ressemblais pas à ces enfants. J'étais coupable de les regarder comme un spectateur au lieu d'être avec eux, à leur place. Ces enfants auraient donné n'importe quoi pour parler, toucher ou même regarder pendant quelques minutes leur parents. Après être sorti de l'orphelinat j'ai vomi mes tripes et je suis resté au lit fiévreux pendant une semaine, j'avais 5 ans.
C'est une sensation vraiment étrange de "rencontrer" ses parents, j'ai grandi sans eux et me voilà ce soir à quelques mètres d'eux sans vouloir me glisser dans leur lit comme j'en avais longtemps rêvé. Après les "retrouvailles déchirantes" j'ai eu le droit à un petit (non en faite un long, très long) discours d'excuses de la part de mes vieux. Et quand je dis vieux c'est vieux car j'ai découvert que les Alphas (les loups quoi) sont immortels et mes parents doivent avoir au moins 100 ans ce qui est troublant car grand-mère en a au moins 70.
Je sais vous ne comprenez rien, moi aussi j'y comprenais que dalle au début mais pour résumer : mes parents sont les grands Aghaton et Sélena roi et reine des Alphas ce qui signifie que je suis prince (j'ai l'impression d'être Aladin), que les Alphas peuvent être immortels s'ils le souhaitent (mais ça je l'ai déjà dit), que j'ai un bungalow V.I.P. en dehors du camp et que j'ai accès au village des loups (c'est trop dément). J'ai également appris que grand-mère avait renoncé à son immortalité pour s'occuper de moi et pour me protéger, c'est la mère d'Aghaton. Sur le coup je ne suis plus trop sûr de la rancune que j'ai envers elle, en d'autres termes je lui en veux pour m'avoir éduqué, nourri, logé, protégé et de m'avoir donné plus d'amour que deux parents réunis. Non grand-mère, je t'aime.
Je regarde en live la nuit se transformer en jour depuis mon lit, mes yeux sont secs mais je n'ai toujours pas sommeil mais j'ai faim. Et soif. Je regarde autour de moi pour but de trouver une jarre ou seulement un verre d'eau, négatif. Je décide de me lever et de faire un tour dans mon bungalow pour voir si le jour l'a embelli contrairement à la nuit qui le rend plus glauque, positif. Il est très vaste, sa superficie dépasse largement celle de ma chambre, la plupart des murs en bois ont été remplacés tout comme le plafond par des vitres ce qui éclaire la pièce mais je crois que c'est surtout pour que le bâtiment se fonde dans le paysage sauvage de la forêt. Le bungalow est peu encombré : un lit, deux tables de chevet, une armoire et quelques décorations vintages surplombent le mur. Pour un logement V.I.P. je n'ai même pas de toilettes et encore moins de douche, je dois les partager avec et comme les autres mais ça ne me dérange pas parce que je n'ai pas envie que mon nouveau statut me rende narcissique et hypocrite (je m'emporte un peu pour de simples douches). Seulement ma pudeur me dit de foncer jusqu'aux sanitaires tant que tout le monde dort et que le champ et libre. C'est ce que je fais, je cours à travers la prairie et me retrouve devant les douches gratifiées d'un panneaux bleu tout essoufflé, je me déshabille en vitesse priant que personne ne vienne perturber ma douche de 3 minutes 30. L'eau froide brûle mes égratignures et me réveille. Une fois gelé et à peu près propre je me sèche et m'habille d'un jean et d'un T-Shirt gris que j'ai extirpé de l'armoire mise à ma disposition. Je sors des sanitaires les mains dans les poches en sifflotant, content de mon coup. Je remarque très rapidement que la vie du camp renaît doucement dans la brise du matin, les volets s'ouvrent ainsi que les portes en bois de chêne. Les adolescents encore endormis essaient de se mouvoir alors que d'autres partent à la cafétéria pour le petit déjeuner, je décide d'attendre Luna dans un coin de la bâtisse. Plusieurs minutes passent et mon ventre commence à s'impatienter. D' habitude c'est Chris qui m'attend des heures devant la cafétéria mais aujourd'hui c'est moi qui teste ce rôle et il me déplait fortement, j'ai l'impression d'être le centre d'attention du camp, tous les regards sont sur moi et les chuchotements bruissent dans le vent, je me sens tellement mal à l'aise que je me surprends à mordre ma lèvre inférieure la faisant abondamment saigner.
Plusieurs minutes passèrent après que j'aie nettoyé mon menton ensanglanté avant qu'une main ne se dépose sur mon épaule.
- C'est moi que vous attendiez mon prince ?
- Arrête ces conneries Luna, ça fait une éternité que j'attends ici comme un imbécile.
- Pourquoi tu n'es pas entré ? tu avais peur ? dit elle en éclatant de rire. J'avais une petite affaire à régler dans la forêt mais je t'ai apporté des croissants de la cafète, t'as faim ?
Je lui arrache le sachet contenant les croissants des mains en lui jetant un regard noir qui se devait de sortir après une heure d'attente mais elle se contente de lever les yeux au ciel et de partir dans la direction opposée tout en me trainant derrière elle.
- On va où ? demandai je la bouche pleine et perlée de miettes.
- Au centre d'entraînement pour te faire passer un petit test.
- Un quoi ?! répliquai je en recrachant ce que j'avais dans la bouche avec peu d'élégance.
Luna m'emmena jusqu'au terrain d'entraînement des premières années (c'est ce qui était marqué sur un panneau à l'entrée de celui-ci) et me souhaita bonne chance repartant aussitôt. Largué je me dirigeai vers le centre de la place où une vingtaine d'adolescents s'étaient réunis.
- Bonjour à tous, je serai votre entraîneur et c'est moi seul qui jugerai vos capacités.
J'entends un garçon derrière moi chuchoter à son voisin :
- C'est Nils, paraît qu'il est violent avec ses élèves...
- Oui mon garçon je peux l'être mais ce ne sera pas moi votre plus grande peur lorsque vous serez seuls dans un milieu inconnu et hostile alors boucle là et écoute.
Son ouïe m'impressionne et je ne suis pas le seul car tous les yeux sont grands ouverts et certains plus courageux que d'autres se permettent de faire un commentaire.
- Pour résumer je vous apprendrai à avoir le sens de l'orientation, à vous battre car la défense c'est pour les mauviettes et à survire dans un milieu sauvage. Je vous noterai sur ces points et sur vos résultats au parcours durant le trimestre, à la fin de celui-ci les plus faibles seront relâchés et essaieront de s'intégrer chez les Omégas s'ils ne vous tuent pas avant. Compris?
Je sens s'ouvrir un gouffre sous mes pieds, je n'ai aucune chance de réussir ces épreuves. La seule chose à laquelle je pense c'est de profiter un max de mon accès V.I.P. au village des loups.
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WOLVES - La prophétie du Grand Loup
FantasyJe m'appelle Nicholas Baker. J'ai 15 ans. J'habite à Cleveland au Midwest des Etats-Unis dans l'Etat de l'Ohio. Je pourrais être comme vous, c'est-à-dire un adolescent normal avec des amis normaux, amoureux de la plus belle fille du lycée. Seulement...