Chapitre 4 : StarBuck et Espagnole

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Alec avait passé trois heures ce matin là à expliquer à ses parents que, oui, il allait chez un ami, qu'au passage, oui il AVAIT des amis, et que non, il ne voulait pas fuguer dans leur dos. Le tout avec un sourire incorrigible qui lui donnait une envie furieuse de vomir.

Si il ajoutait à ça le mal de tête que lui avait procuré les évènemes de la veille, il se serait pendu pour moins que ça si sa soeur Nora ne soupçonnait pas quelque chose. "Smith" avait réussi son coup, peu importait si c'était son vrai nom ou pas. Nora le croyait et était prête à tout pour lui réussir. La seule chose que Alec savait vraiment à propos de ce type, c'était qu'il était très grand, qu'il fumait, et qu'il voulait des données confidentielles (Alec aimait ce mot, ça lui donnait plus l'impression que ce qu'il faisait était légal). Il soupira longuement, tritura les trois pièces sales tintant dans sa poches arrière gauche, observa son entourage avec un regard las.

L'un des avantage d'avoir des parents riches, c'est qu'on pouvait se payer un Starbuck à peu près quand on veut. Alec aimait l'ambiance de ce café, le seul bémol était le regard étonné de la caissière quand il demandait un café à onze ans, puis son regard maternel à jerber quand elle lui demandait d'une voix douce "et votre petit prénom ?". "Petit" ? C'était bien la meilleure. Le seul fait qu'il soit plus jeune devait faire de lui un "petit" ? Non seulement elle n'avait pas l'air de bien voir, mais il était très grand pour son âge, et si seulement elle savait qu'il avait probablement plus de QI et de maturité que tous les clients dans l'année réunis, peut-être qu'elle lui jeterait le même regard ennuyé qu'à TOUS les clients, et cesserait d'avoir le même air effeminé et immature juste à cause d'une différence de 10 ans entre eux. Du moins ses camarades de classe avaient le mérite de le traiter comme leur égal, faute de le considérer comme supérieur, c'était déjà un progrès. Il soupira une deuxième fois dans le dos du gars d'en face. Les files d'attentes étaient épuisantes. Elles le faisaient réfléchir.

Ce matin, il n'y avait pas beaucoup de monde. Il observa longuement les visages des gens attablés. Un gros homme suant papotant bruyemment avec une vieille brune d'une maigreur impressionnante, plus loin une jeune femme nerveuse au regard fuyant ne cessant de fixer sa montre, un étudiant, plongé dans la contemplation de son écran d'ordinateur, le casque sur les oreilles, les paupières lourdes d'avoir trop travaillé sans doute. Un peu plu loin, dans le coin des discrets, (les discrets étaient souvent les plus intéressants) une brune aux cheveux courts, écouteurs enfonçés sur les oreilles, café à côté d'elle encore fumant, le pied battant la mesure, ou était-ce à cause du stress ? assise juste à côté d'elle devant une petite table, une grande blonde (fausse blonde, cela dit) sulfureuse, avec maquillage à volonté, ongles flashy, portable flambant neuf sur lequel elle passait et repassait le pouce vers le haut, soutien gorge à motifs de licornes parfaitement visible en dessous d'un débardeur blancs avec un motif peace, short déchiré, DocMartens rouge à lacets verts, bref, un arc-en-ciel sur pattes.

Il se rendit compte qu'il prêtait trop d'attention à la jeune fille et se détourna, agaçé. Enfin, au vu de son goût vestimentaire, beaucoup de personnes la dévisageaient en ce moment là, mais il savait qu'il n'était pas "personne" et ce genre de fille stupide et trop effeminée l'insupportait.

La caissière l'interpella d'une petite voix : ça n'était pas l'autre, celle de d'habitude. Il soupira de soulagement, intérieurement. Une stagiaire, probablement.

- Bonjour monsieur, vous désirez ?

Il prit sa commande d'un ton las et la paya avec un petit sourire. Elle le remercia en lui tendant son café, semblant à deux doigts de s'incliner.

Sans s'en rendre compte, il s'assit entre la brune et l'arc-en-ciel et commença et siroter le café. Il POUVAIT se permettre d'être en retard au rendez-vous. Il aurait pu choisir d'arriver à l'heure, mais le simple fait d'en faire un meeting important le mettait sur les nerfs. Il vallait mieux le prendre à la légère pour éviter le stress. Surtout que son adversaire semblait ardu.

M. SmithOù les histoires vivent. Découvrez maintenant