Chapitre 22 : Bodyguard et dispute

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Marco fit pivoter sa chaise en grommelant. Du bout de l'orteil, il écarta le chinchilla qui était en train de bouffer ses baskets.

- Sale bête... gronda-t-il entre ses dents.

Il mourait d'envie de shooter franchement dedans et d'écraser l'animal contre un mur, ou encore de rouler dessus avec sa chaise de bureau, mais l'espèce de taré aux treizes savait comment faire pression avec ses chips préférées, puis l'enfermer pendant trois jours dans sa chambre, qui puait le vieux fromage et les pieds. Donc il se tenait à carreaux, et il évitait de pulvériser la bestiole. Même si elle venait bouffer ses baskets quand il dormait.

Entre l'homme-rat et le rouquin, il ne savait pas trop lequel des deux lui faisait le plus peur. Probablement le rouquin. Les traditions se perdent. Avant, on brûlait les roux comme lui en tant que sorcières pour la prospérité du village. On aurait du continuer. Ou au moins jeter celui-là dans le bûcher avant d'arrêter.

Le gamin avait parfaitement maitrisé l'art du pistolet à eau, et réussissait maintenant à lui tirer dans le nez quand il passait par la porte de la chambre. Petit con. Il était étonnement précis, en plus. Un vrai tireur d'élite. Marco avait appris à se tenir en permanence dos à l'encadrement de la porte. Outre ça, il était aussi spécialiste en clash et se faisait un malin plaisir à l'idée de dire des méchancetés à sa victime. Heureusement, ses blagues étaient souvent trop fines pour que l'esprit limité de Marco ne les comprenne.

En plus de tout ça, Marco se faisait terriblement chier (ses mots, pas les miens). Il avait ses petites habitudes, mais il l'ennui était toujours présent. Parmi ses habitudes figurait, entre autre, une activité de voyeurisme tout à fait éducative, notamment pratiquée sur une jeune femme dont il avait mémorisé les heures de sortie de l'immeuble. Étant également très bourrin, il trouvait ça divertissant de reluquer une demoiselle parcourir 20 mètres jusqu'à sa voiture. Chacun son truc. Curieusement, il avait cessé de trop penser à sa femme.

Ce jour là, le temps était "merdique". Le grand dadais n'avait pas fait d'apparition surprise depuis un bout de temps, et l'homme-rat avait cessé de geindre sans arrêt en se plaignant de lui. Apparemment il s'appelait Smith, il était fumeur, et "Pete" détestait ça.

En parlant de "Pete", il était en train de tracer avec une patience démente un long 13 gothique sur un espace "vide" de son mur. "Vide" signifiait généralement "un espace invisible de 3 centimètres". Il écrivait des treizes partout dès qu'il était un peu plus stressé. L'appartement en était couvert, et c'était HYPER flippant.

La porte s'ouvrit brutalement dans le couloir de l'entrée, et les geignements recommencèrent. Marco leva les yeux au ciel pendant que Pete émit un son aigu insupportable. Le rire tonitruant du grand gars retentit dans la cuisine. 

- SMITH ! beugla Pete avec un voix de soprane.

Les disputes étaient fréquentes par ici, souvent à cause du rouquin, qui n'était jamais d'accord avec rien. Mais pour une raison ou pour une autre, c'était toujours pire lorsqu'il s'agissait de Smith.

- Comment t'es entré ?!

- J'ai piqué le double de tes clés en partant, la dernière fois.

- Quoi ?!

- On s'en fout ! J'allais pas te voler des trucs dans ton sommeil, non plus... Parce que de toute façon ton appart' est vraiment dégueu ! Sérieux c'est quoi, ça ?

- Roh ça va ! J'ai pas eu le temps de nettoyer, cette semaine...

- Semaine ? Tu serais pas au chômage, par hasard ?

M. SmithOù les histoires vivent. Découvrez maintenant