- Edashi, tu peux arrêter de tambouriner sur la table, s'il-te-plait ?
Joël releva la tête, inattentif.
- Euh.... Oui, désolé.
Il appuya le plat de sa main sur son bureau et prit une grande inspiration.
Cette situation le stressait. Il ne savait rien, et devait se contenter de ne rien savoir. Il ne pouvait que la harceler de messages, mais ça lui semblait si malpoli... En réalité, il était tiraillé entre deux interprétations, qui intervenaient à intervalle régulier dans son esprit, lui donnant une migraine tout juste supportable.
Soit : ce silence venait du fait que Carmen ne voulait plus traiter avec lui, ce qui voudrait donc dire qu'elle s'était lassée de lui, ou qu'elle avait soudainement changé de camp. Ce qu'il ne comprendrait pas vraiment, mais considérant à quelle point c'était une femme compliquée et secrète, ça restait une option à prendre en compte.
Soit : elle ne restait pas silencieuse parce qu'elle le voulait, ou alors peut-être son téléphone était cassé, ou alors c'était elle qui...
Il fronça les sourcils.
Si jamais quelque chose lui était arrivé, n'était-ce pas de sa faute à lui ? Instinctivement, il se remit à tapoter des doigts sur son bureau, contrarié.
- Joël.
- Oh, pardon... s'interrompit-il en se redressant.
Lehman le regarda d'un air gauche.
- Pardon quoi ? grogna-t-il dans sa barbe.
Joël sentit son cœur se serrer. C'était mal de détester quelqu'un à ce point, mais il ne pouvait pas vraiment s'en empêcher.
- Que se passe-t-il ? répondit-il sur le même ton.
Lehman lui tendit un dossier compact, enveloppé dans une chemise verte. Il se tint bien droit devant lui, un éternel air arrogant sur le visage, les mains dans les poches.
- Tiens. Y'a eu des coups de feu, les gens ont appelés. Ils veulent qu'on attrape les "responsables". Comme d'habitude.
On ?
Joël attrapa le tout et feuilleta son contenu. Des témoignages en vrac, des photos prises au téléphone portable montrant des impacts de balle, bref, classique. La dernière chose dont il avait envie, c'était de s'occuper de ce genre d'histoire. Il était bien assez occupé avec NetMoney. Et surtout, le fait de travailler avec cet idiot fini de Lehman ne l'enchantait pas vraiment.
- C'est pas la première fois que ce genre de chose arrive, marmonna Joël en refermant la pochette. Les mauvais quartiers, ça court les rues, autour de Chicago...
Son collègue esquissa un sourire.
- Je sais où tu veux en venir, Edashi, sauf que c'est arrivé dans le quartier le plus chic de tout le centre-ville... Donc nos "clients" sont un peu secoués, forcément... ricana Lehman.
Joël arqua un sourcil.
- C'était quand ?
- Quartier d'affaire, rive gauche, Jeudi vers 21 ou 22 heure, je sais plus trop, les témoignages diffèrent.
Joël réfléchit quelques secondes et bugua. Il resta tendu, immobile, les yeux perdus dans la moquette. Tout son visage pâlit.
- Tu es sur de toi ? fit-il d'une voix blanche.
Lehman l'observa attentivement sans flancher.
- Te met pas dans cet état là. Y'a eu aucun blessé.
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M. Smith
AdventureNetMoney, l'entreprise qui a tout perdu, et dont la faillite à fait trembler les US. Le coupable n'est autre qu'un enfant de douze ans, Alec, qui possède un talent évident pour le piratage, et qui n'a aucune idée des conséquences de ses actions. Or...