Chapitre 12 : Infos et tension

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La voiture roulait silencieusement sous le soleil écrasant. Alec grelottait violemment. Il n'avait pas du tout eu le temps de se réchauffer lors du passage éclair chez Carmen. Il écarta avec impatience une mèche trempée de son champ de vision.

Il se souvenait à peine de l'impact. Ce dernier lui avait laissé une brûlure rouge sur tout le dos, comme si un géant lui avait donné une tape amicale. Il était resté longtemps sous l'eau, assez peut-être, pour persuader ses poursuivants que le récupérer était peine perdue. Il avait vite manqué d'air. Très vite. La dernière chose dont il se souvenait, c'était d'être tiré vers le haut par une force hérculéene, avant d'enfin crever la surface de l'eau pour reprendre son souffle. Après, ça devenait flou. Il s'était ensuite retrouvé chez Carmen, sur le sofa du salon, gelé et à cours d'air.

Smith ne disait rien. Ce qui était assez gênant, pour une fois. Après les évènements, Alec s'attendait, (voire espérait) à un récapitulatif de l'expérience (assez traumatisante) qu'il venait de vivre. Le géant n'était pas moins jovial que d'habitude, mais le simple fait qu'il restait parfaitement silencieux clochait sérieusement. Alec n'était pas stupide, il avait compris que le malaise tournait autour de Carmen. Il haussa les épaules. Peu importe. Elle était trop encombrante, pour le coup. Et ayant goûté à la persistance de l'ennemi, Alec ne doutait que rester en contact avec elle aurait tout fait foirer. C'était pas vraiment sa faute, mais sa compagnie était devenue presque aussi dangereuse que jongler avec des couteaux enflammés. Elle pouvait d'ailleurs s'attendre, et ce très rapidement, à des filatures ou des tentatives de contact de la part des ennemis. Ainsi le fait qu'elle ne sache pas ni leur position ni leurs intentions devenait essentiel.

Ce pourquoi toute forme d'interaction entre elle et Smith (et par la même occasion Alec) allait tout bonnement cesser à l'avenir.

La vieille auto s'arrêta au feu rouge. Le pouce de Smith tambourinait sur le volant en cuir noir. Ses yeux étaient rivés sur la voiture d'en face, un gros 4x4 Blanc, très péteux. Soudain, il se retourna gauchement et sourit au garçon :

- Ça va, toi ? Pas trop froid ?

Il marqua une pause.

- On a de la chance, il fait encore chaud, remarqua-t-il en se tournant de nouveau vers la route.

- Ça va, dit simplement Alec en regardant un groupe de collégienne passer à côté d'eux en riant.

Smith lança un regard furtif dans le rétro. Il prit une expression faussement outrée et rentra la tête dans les épaules.

- Je t'ai sauvé la vie ! Ta réaction me déçoit terriblement, souffla-t-il avec une moue boudeuse.

Alec leva les yeux vers ceux du géant. Il ne se sentait pas vraiment d'humeur à plaisanter pour le moment.

- Merci beaucoup.

Le feu tourna au vert. Smith accéléra. Il laissa passer un temps.

- T'es contrarié ? demanda-t-il soudain.

L'adolescent fronça les sourcils. Bien sûr que non.

- Pas du tout. Pourquoi une telle question ?

Smith eut un petit rire.

- Je sais pas, petit gars, juste comme ça...

- Et vous ?, répliqua vivement le garçon.

Smith arrêta de tambouriner sur le volant. Ses yeux restaient scotchés à la route. Il ne cilla pas.

- Pas trop contrarié ?

M. SmithOù les histoires vivent. Découvrez maintenant