Chapitre 4 : La lettre

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Chapitre 4 : La lettre


Le lendemain, Drago et moi passâmes notre samedi après-midi à faire nos devoirs dans la bibliothèque située à l'étage près de ma chambre. J'aimais bien étudier avec lui, il respectait ma concentration et ne me dérangeait pas sans arrêt pour me poser une question où pour que je l'aide. C'était l'un de seuls défaut de mes amis de Gryffondor, ils avaient tendance à trop se reposer sur moi pour ce genre de chose. Bien sûr Drago ne restait pas totalement silencieux, je l'entendais parfois ricaner dans son coin et quand je levais les yeux vers lui, il avait aussitôt reprit son sérieux et me faisait un signe de main signifiant que ce n'était pas important. Dans ces moments là, je me demandais si sa santé mentale était intacte.

Vers seize heures,alors que j'étais descendue dans la cuisine pour me prendre un verre de jus de citrouille, Drago me rejoignit et sembla me renifler discrètement. Après quelques secondes d'hébétude et voyant qu'il continuait de le faire, je le repoussai de la main.
- Non mais qu'est ce tu fous ?
- Je vérifiais que ne tu ne puais pas trop.
- Et pourquoi ça aurait été le cas ? Demandai-je avec humeur.
- Tu n'as pas pris de douche.
- Bien sûr que si !
- Menteuse. C'est ma mère qui te lance le contre sort tous les samedis matins pour que tu puisses être en contact avec l'eau et comme elle n'a pas été là du week-end...
Je n'en revenais pas. Après la discussion que nous avions eu hier à ce sujet, il se permettait de se moquer de moi. Ne pouvait-il pas faire preuve de tact de temps en temps ?
- Je te signale que j'ai à présent un niveau de magie suffisant pour pouvoir me lancer le sort toute seule ! Je me le lance tous les lundis soir et non plus le samedi, et il dure une semaine, comme d'habitude, ajoutai-je alors qu'il me toisait d'un air septique. Maintenant si tu n'as pas d'autre commentaire de ce genre à me faire, je remonte travailler, fis-je d'un ton sec.
J'entendis Drago ricaner, ce qui m'exaspéra. Tout cela ne faisait vraiment rire que lui.

Une fois à l'étage supérieur, je me ruai jusqu'à ma chambre et ôtai ma chaussette droite. Le maléfice que j'avais à mes trois orteils de pieds me faisait penser à Dumbledore, quand sa main avait noircie à cause de l'un des horcruxes de Voldemort. En fait c'était exactement la même chose, à l'exception près que le maléfice ne se propageait pas sur le reste de mon corps et qu'il ne me tuerait donc pas. Dumbledore n'avait pas eu autant de chance que moi. J'entendis ma porte grincer et relevai les yeux. Drago venait d'entrer dans ma chambre et m'observait d'un air intrigué.
- Ne frappe pas surtout, lâchai-je d'un ton sec. Pourquoi tu me regardes comme ça ?
- Pour rien, je me demandais juste où tu étais, comme tu n'étais pas dans la bibliothèque.
- Eh bien je suis là, donc si tu ne comptes pas me renifler une nouvelle fois, je te demanderais de bien vouloir sortir.
- Mais je t'ai vraiment vexée ? Dit-il en écarquillant les yeux.
- SORS ! M'écriai-je.
Il marmonna quelque chose dans sa barbe avant de s'en aller tout en prenant soin de claquer la porte de ma chambre derrière lui.
Je me levai de mon lit et m'approchai de la fenêtre tout en attrapant un cadre photo posé sur un meuble de ma chambre. Ce cadre photo était vide et correspondait donc tout à fait à l'image que je me faisais de mes parents : rien. Ils n'étaient rien, je ne connaissais d'eux que leur nom de famille : Granger. J'avais beau eu faire des recherches, je n'avais absolument rien trouvé sur eux. Narcissa m'avait expliqué que cela avait été arrangé avec le ministère pour m'assurer une bonne couverture. Ainsi personne n'aurait pu douter que Granger était un nom de famille sorcier et non moldu. J'en voulais tout de même à Narcissa pour ne pas avoir conservé la moindre trace d'eux, une photo, un objet, une lettre ... Non rien. Harry avait plusieurs souvenirs de ce genre, mais moi je n'avais rien.

Je n'étais pas ressorti de ma chambre jusqu'à ce que l'elfe m'annonce que le dîner était prêt. Je rejoignis ainsi Drago en bas, d'un pas trainant. Quand j'arrivais dans la salle à manger il tenait une lettre entre les mains.
- C'est pour toi.
Mon cœur se mit à battre la chamade et je sentis mon visage devenir blanc. Était-ce l'auteur de la lettre de la veille ? Me crainte fut cependant vite dissipée. Au dos de l'enveloppe était inscrit le prénom d'un sorcier, d'un sorcier que j'avais d'ailleurs très bien connu.
- Je ne savais pas que vous étiez toujours en contact, fit Drago.
Je ne lui répondis pas et m'empressai d'ouvrir la lettre de Victor Krum.


Bonjour Hermione,

Je ne sais pas si tu es au courant, mais je serais bientôt à Poudlard, dans deux semaines plus précisément. Je crois savoir que tu entames ta dernière années et j'espère que nous aurons l'occasion de passer quelques instants ensemble.

Affectueusement,

Victor Krum



Que venait-il faire à Poudlard ? Et surtout, comment pouvais-je ne pas être au courant alors que j'étais préfète en chef ! Je relus une deuxième fois la lettre, en souriant malgré moi. Je ne l'avais pas revu depuis la fin de ma quatrième année.
Quand je relevai enfin la tête, Drago me fixait avec insistance, attendant visiblement que je lui en lise le contenu. Je l'ignorai cependant superbement et m'installai face à mon assiette.
- Alors ? Qu'est ce qu'il dit dans sa lettre ?
- Je ne pense pas que cela te regarde.
- Tu as pris ma réflexion de cette semaine au sérieux ou quoi ? Je ne t'ai pas dis de ressortir avec lui hein, je disais ça comme ça.
- Je ne ressors pas avec lui Drago, bien que cela ne te concerne absolument pas.
Soudain, il se leva de sa chaise et se penchant au dessus de la table pour tenter d'attraper la lettre. Néanmoins, il ne parvint pas à mettre la main dessus car je la récupérai en le défiant du regard.
- Cela me concerne au contraire, je suis responsable de toi.
J'arquai un sourcil moqueur.
- Je suis le plus vieux, insista-t-il.
- Tu as trois mois de plus que moi.
Il tenta de m'arracher la lettre des mains en montant, cette fois, presque sur la table, mais je le menaçai aussitôt de ma baguette.
- Tu n'as pas le droit d'utiliser la magie en dehors de Poudlard, me signala-t-il en souriant.
- On en a le droit pour se défendre.
- Mais si tu ne sors pas avec lui, qu'as-tu à me cacher dans ce cas là ?! S'écria-t-il.
- La vraie question est : pourquoi ça te met dans cet état ? M'enquis-je d'un sourire ravie.
Il laissa échapper un profond soupire qui ressemblait plus à un grognement et entreprit de se rasseoir sur sa chaise. Je baissai alors la garde et il en profita pour se ré-avancer vers moi et m'arracher la lettre. Il partit en courant jusqu'aux toilettes du rez de chaussé en s'enferma dedans. Je me ruai à sa suite et donnai d'impressionnants coups de poings contre la porte en lui ordonnant de sortir. Cependant il ne me répondit pas et en ressortit quelques secondes après, me lâchant la lettre ouverte dans les mains.
- "Affectueusement" ? Dit-il en ricanant.
Je me contentai de lui adresser mon plus beau regard noir.
- Pourquoi est-ce qu'il vient à Poudlard ? Qu'est-ce qu'il se passe ?
Je ne lui répondis pas et rejoignis la salle à manger. Il me rattrapa cependant par le bras me forçant à me tourner vers lui.
- Allez dis-moi, insista-t-il en reprenant son sérieux.
- Je ne sais pas, je n'étais pas au courant, consentis-je à lui répondre en me dégageant de son contact pour retourner m'asseoir à table.
Il me suivit en silence, mais cela ne dura pas.
- Tu vas encadrer la lettre et la mettre au dessus de ton lit ? Me lança-t-il en essayant de réprimer un rire.
- La ferme.
- Avoue que c'est drôle ! Il croit qu'il a encore une chance avec toi ! S'exclama-t-il en secouant la tête comme pour tenter de chasser cette idée stupide.
- Et qui te dit qu'il n'aurait pas une chance avec moi ? Répliquai-je sur un ton de défis.
Je le vis laisser retomber sa fourchette dans son assiette. Ma phrase avait eu l'effet escompté et j'en étais ravie. Je ne laissai néanmoins rien transparaître et l'observai d'un air sérieux.
- Je te répète que je rigolais cette semaine. Tu n'es pas obligée de sortir avec lui pour me prouver je ne sais quoi.
- Je te remercie Drago mais je n'ai rien à prouver, et certainement pas à toi !
- Je ne crois pas que tu comprennes Hermione... expliqua-t-il à voix basse. Tu n'as plus quinze ans. Si tu sors avec lui cette année, tu vas forcement devoir...
La fin de sa phrase mourut dans sa gorge et je l'interrogeai du regard en haussant les sourcils.
- Je veux dire par là qu'il a vingt-et-un an maintenant, et je ne pense pas qu'il va s'arrêter à de petits bisous.
- Et alors ?
- Tu le fais exprès ou quoi ? Il va vouloir coucher avec toi ! S'exclama-t-il comme s'il m'annonçait que Voldemort était revenu.
- Je tiens à te rappeler que je suis majeure dans moins de trois semaines Drago, je n'ai donc pas besoin de ton avis.
- Bien sûr que si, tu as besoin de mon avis ! Fit-il d'une voix étranglée.
- Tu m'as demandé le mien quand tu as couché avec Pansy ?
Son visage vira au blanc.
- Oui je suis au courant, continuai-je d'une voix lasse, tout le monde est au courant et tout le monde s'en fou d'ailleurs.
- Mais toi tu es une fille.
Je lui lançai un regard choqué.
- Oui oui je sais que tu es la première à prôner l'égalité des sexes, allant même jusqu'à la demander pour les elfes, ajouta-t-il dans une grimace, mais tu ne peux pas non plus fermer les yeux sur des milliers d'années de mœurs.
Je lui jetai mon verre d'eau à la figure.
- Je me contre fous de ton avis Drago ! Tu n'es pas mon père !
- On est quand même de la même famille, répliqua-t-il.
- C'est quand ça t'arrange hein ! M'écriai-je en me levant de table sans finir mon assiette.

J'avais aussitôt filé sous la douche. Drago devenait de plus en plus insupportable.

J'adorais être sous l'eau, cependant je n'étais jamais totalement sereine quand je prenais ma douche en fin de semaine, lorsque je devais bientôt renouveler le sort de protection qui empêchait le maléfice de Voldemort d'agir. Après tout, qui avait décidé que le contre sort devait être renouvelé au bout d'une semaine ? Et si jamais ce n'était pas totalement une semaine ? Et si un jour il me prenait l'envie de me laver un dimanche au milieu de la nuit ? Est-ce que le contre-sort agirait toujours aussi bien ? Mes pensées me firent aussitôt couper l'eau et je filai m'observer face au miroir. Il n'y avait rien, ma peau était intact, et c'était évident. Après tout, Narcissa m'avait raconté que le jour où mes trois orteils avaient noircis, j'avais poussé le plus terrible hurlement qu'elle n'ai jamais entendu venant d'un enfant. Si cela m'arrivait de nouveau, je ne pourrais donc pas passer à côté. Je grimaçai rien qu'à cette idée et filai sous mes draps après avoir enfilé mon pyjama.  

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