Chapitre 11 : La tarte aux pommes

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  J'avais passé la journée avec Ginny à essayer de faire un gâteau à la façon moldu. Au départ elle m'avait seulement demandé de lui apprendre à le faire. Mais évidemment, je n'en avais jamais fait moi-même. Depuis aussi loin que remontait ma mémoire j'avais seulement lu de nombreux livres au sujet des moldus où je les avais simplement observés. "Un mensonge bien ficelé" avait dit Ginny, mais elle ne l'avait pas dit méchamment. Elle avait au contraire été impressionnée de constater par quoi nous étions passés les Malefoy et moi pour ma sécurité.
- Donc tu n'as jamais conduit de vrai voiture ? Me questionna-t-elle alors que j'observai le four d'un air hésitant.
- Malheureusement non, dis-je en riant. Je pense que les parents de Drago auraient eu une crise cardiaque si j'avais essayé. Mais c'est vrai que l'idée me tente assez. J'ai l'impression que la tarte à une drôle de couleur...
Ginny s'approcha à son tour du four et observa l'intérieur.
- Mlle Granger, je pense qu'il faudrait couper la cuisson maintenant, sinon cela va brûler.
Ginny et moi nous retournâmes vers l'elfe qui était resté toute l'après-midi dans la cuisine pour veiller à ce que nous ne mettions pas le feux à la pièce.
J'ouvris alors aussitôt la porte du four et y plongeai la main pour attraper le plat.
- AIH ! M'exclamai-je alors en retirant ma main dans un mouvement brusque.
Ginny me lança un regard entendu.
- Le plat est chaud lui aussi, répliqua-t-elle. Même moi je le sais.
- Je le savais, j'avais juste oublié, fis-je en attrapant le torchon le plus proche.
Je vis l'elfe gigoter et je savais qu'il mourrait d'envie de venir nous aider, comme je l'en avais empêché plusieurs fois dans l'après-midi. Je sortis enfin la tarte du four pour aller la poser sur le plan de travail. Ginny et moi l'observâmes pendant plusieurs secondes.
- Il a une drôle de tête non ? Fit Ginny d'air un hésitant.
- Pas du tout, répliquai-je. Il a été fait avec tout notre amour, il sera forcément bon.
Ginny me toisa d'un air moqueur mais ne répondit rien. Je n'aurais jamais imaginé qu'une simple pâtisserie pouvait être aussi difficile et longue à faire. Personne ne le spécifiait dans les livres ça ! Je remerciai Merlin d'être une sorcière et laissai la tarte refroidir en entraînant Ginny dans le salon. Ginny s'installait dans le fauteuil le plus proche quand une explosion contre la fenêtre nous fit sursauter. Nous nous couchâmes aussitôt par terre, les bras sur la tête.
- Qu'est-ce qu'il se passe ? Me demanda Ginny d'une voix effrayée.
Je me tournai vers la fenêtre mais rien n'était cassé, pourtant j'aurais juré que les carreaux avaient volé en éclat. Une nouvelle explosion retentit sur la fenêtre d'à côté. C'était comme si quelqu'un essayait de lancer un sort sans parvenir à briser la vitre. Je sortis aussitôt ma baguette et je vis Ginny faire de même. Nous nous relevâmes précautionneusement et nous écartâmes de la fenêtre à reculons. Ma main tendue qui tenait ma baguette tremblait. Et si c'était l'auteur de la lettre ? Si c'était lui, j'avais mis Ginny en danger en lui cachant l'existence de ces deux mots que j'avais reçus. Une nouvelle explosions retentit mais pas dans le salon. Cela semblait venir de la cuisine. Mon coeur battait à tout rompre. Je suppliai à Ginny de ne pas bouger tandis que je m'avançai à pas de loup jusqu'à la porte de la cuisine. Je vis mon elfe, occupé à nettoyer la cuisine que nous avions mis en désordre, sans s'inquiéter le moins du monde par ce qu'il était en train de se passer. Était-il possible qu'il n'ait rien entendu ? Je me ruai alors dans le couloir et ouvrai la porte d'entrée.
- Hermione ! M'appela Ginny.
Je me retournai vers elle. Elle était juste derrière moi dans le couloir.
- Reste à l'intérieur, lui ordonnai-je.
- Certainement pas !
J'allai répliquer quand un nouveau bruit assourdissant retenti. Le sort lancé avait touché la porte d'entrée, à seulement quelques centimètres de moi. Je pris une profonde inspiration et sortis dehors en tenant fermement ma baguette devant moi.
- EXPE...
Je m'arrêtai aussitôt. Drago se tenait face à moi hilare.
- Détends toi ! C'était moi !
- Comment ça c'était toi ?
Il leva un sac en plastique transparent, remplit de petits tubes bleus et j'entendis Ginny soupirer juste derrière moi. Mais cela ressemblait plus à un soupire de soulagement.
- C'est à Gorges... grogna-t-elle. J'avais déjà vu ces tubes bleus à la maison, mais je ne savais pas quels effets ils avaient.
- Eh bien maintenant tu le sais, signala Drago amusé.
- Ce n'est vraiment pas drôle ! M'exclamai-je alors en m'approchant de Drago. J'aurais pu te lancer un sort !
- J'ai vu ça, mais bon, ton expelliarmus n'allait pas me tuer...
- J'aurais pu être renvoyé de Poudlard pour ça, insistai-je. Mais cela n'a visiblement pas d'importance pour toi.
Drago leva les yeux au ciel et passa devant nous pour rentrer dans le manoir. Il déposa son balais de quidditch dans l'entrée et prit la direction de la cuisine.
- C'est dingue, fit Ginny d'un air ébahi. Drago est allé acheter des produits de mon frère.
- Oh quand c'est pour faire l'idiot, il est capable de tout, même d'acheter des produits Weas...
Une exclamation de surprise m'arrêta net. C'était Drago. Je me ruai alors dans la cuisine pour voir ce qu'il se passait. Quand j'entrai il se retourna vers moi d'un air interrogateur, tout en me désignant d'un geste de la main la tarte que Ginny et moi avions passé l'après-midi à faire.
- J'espère que tu as faim, dis-je alors.
- Qu'est ce que c'est que cette horreur ?  Ca sent les pommes pourris !
- C'est une tarte aux pommes, corrigeai-je vexée. On l'a fait cette après-midi. A la manière moldu, crus-je bon d'ajouter.
Il me toisa d'un air incertain, puis regarda Ginny espérant certainement qu'elle allait lui dire que je plaisantai.
- Elle est encore chaude, dis-je, mais on pourra la goûter ce soir.
- VOUS la goûterez, corrigea-t-il. Hors de question que je mange de ça.
Une chouette blanche s'engouffra soudain dans la cuisine effrayant l'elfe de maison qui était encore occupé à tout nettoyer.
- Tu n'as pas fermé la porte d'entrée, rouspéta Drago en tentant d'attraper la lettre que tenait la chouette.
Cependant cette dernière lui donna un violent coup de bec et s'approcha de Ginny. Mon amie attrapa l'enveloppe et je vis que son nom était écrit dessus. Je lui lançai un regard étonné alors qu'elle l'ouvrait pour la lire.
- C'est ma mère, déclara-t-elle au bout de quelques secondes. Elle veut que je rentre à la maison.
- Quoi ? M'exclamai-en la dévisageant.
Sa mère savait-elle ? Savait-elle où sa fille se trouvait en ce moment même ?
- Ron a été désartibulé après un transplanage. Il est à saint-mangouste.
J'étouffai une exclamation horrifiée.
- Il va bien, ajouta-t-elle. Il va falloir que j'y aille... Je suis désolée Hermione...
- Je viens avec toi !
- Je ne crois pas que sa mère est spécifiée "viens avec Hermione", fit remarquer Drago d'une voix calme.
Je me retournai vivement vers lui, puis vers Ginny.
- Elle n'a rien dit, mais tu peux évidemment venir enfin ! S'exclama-t-elle en levant les yeux au ciel.
- Non, Drago a raison. Il va bien, il n'est pas nécessaire que je sois là.

Ginny insista une nouvelle fois, mais je fus catégorique. Ils avaient besoin d'être en famille. Elle monta alors rapidement rassembler ses affaires et je l'accompagnai jusqu'au grand portail. Elle me serra affectueusement dans ses bras et transplana. Quand je rentrai à l'intérieur, Drago n'avait pas bougé de la cuisine et lançai un regard méfiant à la tarte.
- Je ne voulais pas être désagréable, me lança-t-il quand il me vit entrer, c'est juste qu'ils devaient avoir envie d'être en famille...
- Je sais et tu as raison. Je n'ai pas à être avec eux, dis-je d'un ton triste malgré moi.
J'éprouvai soudainement un horrible sentiment de vide et j'avais l'impression qu'il ne disparaîtrait jamais. Ginny avait une famille elle. Drago s'approcha de moi en fronçant les sourcils.
- Qu'est ce qu'il y a ?
- Rien, répliquai-je en tentant de masquer mon malaise.
- Dis-moi... insista-t-il d'un ton encourageant.
- Ta famille et toi êtes super avec moi et ce depuis toujours. Mais je n'ai pas de famille à proprement parler.
Je vis le regard de Drago se décomposer.
- Ce que je veux dire...
Ma voix se coupa et je tentai de formuler mes pensées sans qu'elles puissent être vexantes.
- Quand je me marierai, qui m'accompagnera jusqu'à l'hôtel ? Qui accourra à la naissance de mes enfants ? Qui ...
- Mais nous enfin, me coupa-t-il choqué par ce que je venais de dire. Mon père se fera un plaisir de te conduire à l'hôtel et ma mère sera la première à jouer des coudes pour voir ton premier enfant. Je ne comprends même pas que tu dises ça !
- C'est juste que je n'ai aucun lien de sang avec qui-que ce soit. Je ne sais même pas à quoi ressemblent mes parents, je ne sais rien d'eux ! Je n'ai personne qui sera toujours là pour moi quoi qu'il se passe. Je sais que tes parents m'aiment Drago, mais s'il devait choisir entre toi et moi, ce serait toi. Et c'est normal, ils t'ont mis au monde, ils t'ont appris à marcher, à parler. Je sais que c'est une pensé très égoïste mais personne ne m'aimera autant que de vrai parents peuvent-aimer et je trouve ça triste. Personne ne me choisira moi plutôt que quelqu'un d'autre. Tout le monde à un être plus chère que moi à aimer.
Drago m'observait silencieusement, il avait tenté d'intervenir plusieurs fois, mais je ne lui en avais pas laissé l'occasion. Et maintenant que je m'étais tue, il ne semblait plus savoir quoi dire. Que pouvait-il dire de toute façon ? Dans le fond tout était vrai, il ne pouvait me rassurer d'aucune manière. Je n'étais la plus importante personne pour personne.
- Moi, dit-il enfin. Si je devais sauver de la mort une seule personne sur cette terre, c'est toi que je sauverais.

Mon identitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant