Chapitre 9 : Le repas

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C'était bientôt l'heure de dîner, et Ginny et moi n'avions pas bougé du salon, attendant que l'elfe de maison finisse de préparer le repas.
- Tu ne défends pas les elfes de maison alors finalement ? Me demanda Ginny.
- Si, j'ai essayé de demander aux Malefoy de payer l'elfe, je les ai harcelé pendant des années, mais j'ai arrêté c'était peine perdu...
- Ça me rassure, tu es bien l'Hermione que je connais.
- Évidemment.
- Mais tu vis avec les Malefoy par Merlin ! Je pense que je n'arriverais jamais à m'y faire.
- J'espère que si, avec le temps.
- Malefoy va manger avec nous ? S'enquit-elle.
- Drago, appelle-le Drago s'il te plait. Oui il va dîner avec nous, enfin si ça ne te gène pas.
- Non mais ça va pas ! S'exclama soudain le concerné que je n'avais pas entendu arriver. Je suis chez moi, si la fille Weasley n'est pas contente elle s'en va.
- Ginny, elle s'appelle Ginny, fis-je dans un soupire.
- Et cela va peut-être t'étonner, intervint cette dernière, mais cela me ferait très plaisir de dîner avec vous deux.
Drago paru complètement décontenancé par se réponse car il ne trouva rien à répondre et je lançai un "merci" silencieux à Ginny. Elle faisait vraiment de gros efforts pour moi. Drago sembla peu à peu reprendre ses esprits et me lança soudain une lettre. Je l'attrapai rapidement et la déposai sur la cheminé sans la lire. J'aurais le temps de le faire plus tard.
- Tu ne l'ouvres pas ? S'enquit Drago. Tu n'as pas hâte de savoir si c'est Victor qui t'écrit ?
- Victor Krum ? Demanda Ginny en haussant les sourcils.
- Oui, il va venir donner des cours de vol à Poudlard pendant quelques mois, il arrive lundi je crois, expliquai-je. Il m'a envoyé une lettre le week-end dernier pour me prévenir.
- Alors ? Tu ne regardes pas si c'est lui ? Insista Drago. Après tout, tu as attendu sa lettre toute la semaine.
- Occupe-toi de tes affaires s'il te plait, répliquai-je agacée.
- Il y a quelque chose que je devrai savoir ? Demanda Ginny d'un sourire étrange.
- Eh bien oui, Hermione va certainement ressortir avec lui.
Ginny paru aussi étonnée que moi de voir avec quelle facilité Drago s'adressait à elle. Après tout il n'avait jamais été amis et voilà qu'ils étaient tous les deux en train de me poser des questions sur Victor Krum.
- Tu vas ressortir avec lui ? Me demanda Ginny avec de grands yeux ronds.
- Mais bien sur que non ! C'est Drago qui s'est mis ça en tête. Cette idée est totalement ridicule.
Ginny hocha la tête d'un air déçu et l'elfe annonça que le repas était servis. Nous nous levèrent tous pour rejoindre la salle à manger tandis que Drago insistait une nouvelle fois.
- Ne me dis pas que tu te laisses berner aussi facilement ? Lança-t-il à Ginny pendant que nous prenions place autour de la table.
Elle le regarda étonné. Décidément elle ne s'était pas attendue à qu'il soit aussi naturel avec elle, et moi non plus. Ne pouvait-il pas se taire ?...
- Si Hermione dit qu'il ne l'intéresse pas, c'est que c'est le cas, répondit-elle calmement.
- Mais elle ment enfin ! S'exclama-t-il en levant les yeux au ciel dans un geste théâtrale.
Ginny qui s'était assise à côté de moi, se tourna dans ma direction pour me lancer un regard hébété.
- Ce n'est pas parce que c'est vous qu'elle préfère qu'elle ne vous ment pas ! La preuve, elle vous a mentit toute sa vie, continua Drago en fixant Ginny, attendant une réaction de sa part.
- Je ne préfère personne et je ne mens pas, répondis-je. Maintenant si nous pouvions manger sans parler de Victor ou de mes mensonges, cela m'arrangerait. Merci.
Drago n'ajouta rien et je surpris un sourire sur le visage de Ginny. Au moins, Drago la faisait rire et cela lui permettrait peut-être d'avaler plus facilement la pilule quant à la vérité sur mon cas.
- Tu veux faire quoi sinon après Poudlard ? Demanda Drago à Ginny.
Ginny et moi échangeâmes un regard qui n'échappa pas à Drago.
- Quoi ? S'exclama-t-il.
Ginny secoua la tête comme pour reprendre ses esprits et lui répondit qu'elle ne savait pas encore, bien que la potion soit un domaine qui l'intéressait particulièrement.
- Ah oui ? S'enquit Drago visiblement très intéressé. Tu as eu quoi comme note aux Buses ? En Potion bien sur.
- Effort exceptionnel.
- J'ai eu Optimal moi, répliqua-t-il ravi de constater qu'il avait été meilleure qu'elle. Tu as vu Hermione ? Je suis le meilleur en Potion, mais ça tu le sais déjà hein ? Railla-t-il.
Je roulai des yeux, tout en me retenant de lui répondre quoi que ce soit. Il était ri-di-cule. Quant à Ginny elle ne semblait pas savoir comment réagir. Elle ne répondit donc rien et elle eut raison. Il ne fallait mieux pas répondre à Drago dans ce genre de situation, cela lui faisait beaucoup trop plaisir.
- Au fait, Hermione t'a expliqué en détail ce que ça lui faisait quand elle était en contact avec l'eau sans utiliser le contre-sort ? Demanda-t-il à Ginny.
- C'est douloureux c'est ça ?
Il laissa échapper un rire, avant de se lever pour se poster juste à côté de moi. Je le toisai d'un air méfiant quand il se baissa pour attraper mon pied.
- Arrête ça tout de suite Drago ! M'exclamai-je alors qu'il tentait de me débarrasser de ma chaussette.
Ginny nous observa d'air air totalement ahuri. En même temps elle n'avait jamais dû imaginer une telle scène, même dans ses rêves les plus fous. Et c'est vrai que nous devions avoir l'air complètement stupides. Je gigotais comme une furie sur ma chaise, tandis que Drago, tirait sur ma jambe qui était à présent parallèle au sol, pour tenter de m'immobiliser le pied.
- Mais, vous faites quoi ? Demanda Ginny d'une voix hésitante.
Je sortis soudain ma baguette de ma poche et la pointai sur Drago d'un air menaçant.
- Je te préviens, si tu n'arrêtes pas tout de suite...
- Je te rappelle que tu n'as pas le droit d'utiliser la magie en dehors de Poudlard ! Il faut que je te le répète tous les week-end ?
- Lâche cette jambe ! M'exclamai-je en lui donnant un violent coup de pied dans le ventre.
Drago tomba en arrière sous l'effet du choc.
- Mais tu es une malade ! S'exclama-t-il en se tenant les côtes pour reprendre sa respiration.
- Et toi alors ? C'est des manières de se comporter ? Non mais si tes parents t'avaient vu te lever de table pour aller m'attraper la jambe ! Non mais n'importe quoi ! Tu te comportes comme un gamin de douze ans.
- Oh c'est vrai que tu es tellement mature toi, répliqua Drago en se relevant. Parce que j'imagine que ça à dû beaucoup t'amuser de ne pas me prévenir de sa venue, dit-il en désignant Ginny d'un signe de tête.
- Tu ne le méritais pas c'est tout, répliquai-je.
Drago contourna la table et alla s'asseoir quand il s'immobilisa soudain. Il leva les yeux vers moi avec une lenteur extrême.
- Je ne le méritais pas ? Répéta-t-il en prenant soin de détacher chaque syllabe.
- Oui, exactement, répondis-je d'une voix aigu. Tu es insupportable depuis la fin de l'été et tu ne t'en rends même pas compte !
Il explosa d'un rire totalement dénué humour.
- Ça c'est la meilleur ! S'écria-t-il. C'est toi qui est devenu totalement capricieuse ! C'est toi qui nous dis quand on doit se retrouver le soir à Poudlard avec tous les autres. On doit se pointer obligatoirement et quand j'oublie de prévenir les autres tu me fais le scandale du siècle ! Nous ne sommes pas à ta disposition Hermione. D'autant plus que c'est ton choix de ne pas le dire à tes autres amis, donc ce n'est pas notre problème si tu veux nous voir en cachette ! De plus, c'est toi qui a réclamé que je te raccompagne jusqu'à ta salle commune l'autre soir, je n'en avais pas envie mais je l'ai fait pour être sympa ! Et puis tu es une telle miss-je-sais-tout que tu n'acceptes pas que je sois meilleure que toi en Potion hein ?! C'est pour ça que tu as préféré galérer tout le week-end dernier au lieu de me demander de l'aide. Idiote ! Et après c'est moi le gamin et le mec insupportable ? Mais regarde-toi ! Tu veux que tout le monde fasse ce que tu veux sans rien donner en retour !

A ces mots Drago se leva de table, balança avec force son assiette dans ma direction et quitta la salle à manger. L'assiette de Drago glissa entre Ginny et moi explosa au sol à nos pieds.
Je me retournai mal à l'aise vers ma meilleure amie dont j'avais totalement oublié la présence.
- Je suis désolée pour la scène... marmonnai-je honteuse.
Ginny me répondit que ce n'était rien et je me baissai pour ramasser les morceaux d'assiettes. Quand l'elfe arriva en courant, je lui ordonnai de ne pas s'en occuper. Après tout c'était à moi de le faire, c'était à cause de moi que c'était arrivé. Drago avait-il raison ? Étais-je vraiment ce genre de personne ? Je l'avais trouvé distant et désagréable ces derniers temps, mais peut-être que tout était à cause de moi finalement. Le pire c'est que je n'avais même pas pensé une seconde à me remettre en question.
- Je suis désolée Ginny, répétai-je en me redressant pour poser des morceaux d'assiette sur la table. Tout ce qu'il a dit est sûrement vrai, je suis horrible... et je lui en voulait parce que je le trouvais distant et désagréable alors que...
- Tu n'es pas horrible, vous avez chacun vos tords. Lui aussi t'embête avec Victor alors que ça ne le regarde pas, et qu'est ce qu'il lui a prit avec ton pied ?
Dans un profond soupire, je levai mon pied pour le poser sur ma chaise et enlevai ma chaussette. Ginny eu un hoquet de surprise en découvrant mes trois orteils totalement noirs.
- On dirait la main de Dumbledore.
- Oui, je pense que c'est à peu près le même sort, sauf qu'il ne se propage pas, une chance, fis-je d'un sourire triste.
Je poussai un nouveau profond soupire.
- J'ai gâché tout le week end Ginny. Je voulais que ce repas se passe bien et Drago te posait même des questions pour faire connaissance. Je n'aurais même pas pu espérer qu'il agisse aussi bien envers toi... Le repas aurait pu si bien se passer ...
- Je connais les disputes entre frère et sœur, fit-elle d'un ton rassurant, ne t'en fait pas.
- Ce n'est pas mon frère, corrigeai-je énergiquement sans pour autant être désagréable.
- Tant mieux.
Je me tournai vers elle en arquant un sourcils.
- Pourquoi tant mieux ?
- Parce qu'il est fou de toi Hermione et depuis un bon moment je pense. Donc j'imagine que ça le soulagerait de savoir que tu ne le considères pas comme ton frère.
- Pardon ?
- Tu m'as très bien comprise... Je suis désolée, si tu ne voulais pas l'entendre, mais ça crève les yeux. Et je pense que le pire pour lui, c'est que tu ne te rends compte de rien et que tu ne l'imagines pas comme un potentiel petit copain ne serait-ce qu'une seconde.
- Tu te trompes, Drago est...
- Non, me coupa-t-elle. Tu crois vraiment qu'il aurait fait tout ça pour toi sinon ? Te raccompagner en haut de cette tour ? Essayer d'être le plus sympa possible avec moi ce soir ? Tenter de faire en sorte que tu le considères comme un élève doué, notamment en potion. Pourquoi tu crois qu'il s'en vante ? Parce que tu es là ! Et ce n'est pas tout. Pourquoi crois-tu qu'il réagisse comme ça vis à vis de Victor Krum ? Et tout à l'heure, ajouta-t-elle, quand il est arrivé dans le salon et qu'il ne m'avait pas encore vu, il a sentit que tu avais un air étrange. Il s'est aussitôt retourné baguette en main et s'est mis en posture de défense ! Il faisait barrière entre toi et un potentiel ennemi. Et sans compter le fait, qu'il cherche à se chamailler avec toi dès que l'occasion se présente, notamment au sujet de ton pied. Je ne suis là que depuis deux heures et j'ai déjà remarqué tout ça. Je comprends pas que tu n'en aies pas eu conscience avant Hermione, tu es pourtant très intelligente n'est-ce pas ?
Je regardai Ginny totalement abasourdie. Ça ne pouvait pas être vrai. Drago ne pouvait pas s'intéresser à moi tout de même ? Tout sauf ça !  Si Ginny avait raison, c'était pire que tout.

Nous ne reparlâmes pas de Drago de la soirée, du moins pas de ses sois-disant sentiments pour moi.
Alors que Ginny était allée prendre sa douche, je profitai d'être seule pour ouvrir la fameuse lettre. Elle n'était pas de Victor, non, elle était de l'inconnu qui m'avait déjà écris la semaine dernière. La même et unique phrase y était écrite.

" Tu ne parviendras pas à te cacher éternellement "

Je jetai aussitôt le bout de parchemin dans la cheminé et allumai un feux. Qui pouvait bien m'écrire ces lettres ? Et puis je ne me cachais pas puisque je venais de toute avouer à Ginny. L'auteur de la lettre ne devait pas encore le savoir.
Quand Ginny me rejoignit enfin dans le salon, elle me trouva face à la cheminé le regard perdu dans le vague. Après quelques secondes de silence je me retournai vers elle. Elle fixait le grand tableau qui me représentait avec Drago. Non, elle avait tord, Drago ne s'intéressait pas à moi de cette manière, après tout elle ne le connaissait pas, elle ne savais pas qui il était réellement, mais moi si. Cependant, je devais admettre que ce qu'il m'avait balancé à la figure ne cessait de me tourmenter. Il avait raison, je me comportais comme une capricieuse. Après tout, les Serpentard ne me proposaient jamais qu'on se voit, c'était toujours moi qui leur disait quand me retrouver. Peut-être n'en avaient-ils pas vraiment envie après tout. Et cette lettre ! Mon dieu cette lettre ! Je ne pouvais pas le dire à Ginny, pas maintenant, pas après cette soirée qu'elle venait de passer. Elle avait beaucoup à assimiler et je lui serais éternellement reconnaissante de si bien prendre la chose. Je ne pouvais pas l'accabler d'un nouveau problème. Et puis si ça se trouvait c'était juste une mauvaise blague pour me faire peur. Oui, ça ne pouvait être qu'une blague, du moins je l'espérais.
- Allez viens on va dormir, ça ira mieux demain.
J'acquiesçai d'un signe de tête et montai à l'étage.

J'avais installé Ginny dans un très jolie chambre d'amis qui avait bien sûr sa propre salle de bain. C'était l'un des avantages de ce grand manoir. Nous pouvions recevoir des invités et les installer confortablement. Ginny me souhaita bonne nuit et nous rejoignîmes chacune notre lit. Cependant je ne parvins bien évidemment pas à m'endormir, trop de choses s'étaient passées ce soir, mais le pire pour moi était que Drago ne s'était jamais autant énervé. Il ne m'avait jamais parlé d'une manière aussi cruelle, cruelle parce qu'il avait raison sur toute la ligne. Après avoir balancé son assiette par terre dans la salle à manger, il était monté s'enfermer dans sa chambre et je ne l'avais pas revu depuis. Je me relevai alors de mon lit. Ginny avait tord, Drago avait les mêmes sentiments que d'habitude à mon égard, les mêmes sentiments que lorsque nous étions petits. C'est moi qui avait changé, c'était moi la cause de nos disputes et il fallait que je m'en excuse. Je ne pourrai pas m'endormir avant. Ce fut donc sur la pointe des pieds que je sortis dans le couloir et que je frappai à la porte de Drago. Il n'y eu aucun réponse, soit il ne m'entendait pas, soit il me faisait vraiment la tête.
J'ouvris alors lentement la porte, il était étendu sur son lit, les bras derrière la tête, encore totalement éveillé. Il avait les yeux ouverts et ne les tourna pas dans ma direction quand j'entrai.
- Drago...murmurai-je.
Il ne bougea pas d'un cil. Je me rapprochai alors davantage de lui et vins m'asseoir au bord de son lit.
- Je suis désolée, tu as raison sur toute la ligne, je ne m'en rendais pas compte. Si à l'avenir j'ai besoin d'aide en potion, je n'hésiterai pas à te le demander et je ne vous obligerai plus à me voir le soir dans la salle sur demande.
Il fit enfin un mouvement. Il tourna sa tête sur le côté pour me regarder.
- Bien, répondit-il simplement.
- Et tu as été super avec Ginny ce soir, continuai-je, tu as fais comme si tu l'aimais bien, tu lui as posé des questions et je sais que c'était en parti pour moi.
Drago ne me répondit pas, il se contenta de m'observer d'un air indéchiffrable.
- Et je suis désolée de ne pas t'avoir prévenu que Ginny venait, c'était bête de ma part.. Je voulais juste me venger parce que je te trouvais distant.
Cette fois-ci il se redressa sur les coudes.
- Distant ? Répéta-t-il étonné.
- Oui je sais, c'est peut-être stupide... répondis-je mal à l'aise.
- En effet c'est stupide.
Drago rompit le contact de nos deux regards, se rallongea complètement et se remit à observer le plafond.
- Bon, eh bien, bonne nuit, dis-je en me levant du lit.
Comme il ne semblait pas enclin à me répondre, je sortis de sa chambre et refermai la porte derrière moi.
Nous n'avions pas eu la conversation que j'espérais, la conversation où il m'aurait assuré qu'il ne m'en voulait pas, mais au moins je m'étais excusée. J'étais d'ailleurs certaine qu'il avait apprécié que je vienne le voir, même si il n'en avait rien montré. Je le connaissais un peu tout de même.

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