Chapitre 8 : Le manoir Malefoy

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Chapitre 8 : Le manoir Malefoy


Cette deuxième semaine avait été encore plus rapide que la première. J'avais même l'impression de ne pas l'avoir vécu. Je n'avais jamais été aussi peu attentive en cours, je n'avais pas rejoins les Serpentard une seule autre fois le soir et j'avais à peine parlé à mes amis de Gryffondor. Je ne m'étais plus préoccupée de la lettre de Victor qui n'arrivait pas, ni par celle anonyme reçu la semaine dernière qui me disait "Tu ne parviendras pas à te cacher éternellement". Rien n'avait eu de l'importance cette semaine, mis à part toutes les questions de Ginny au sujet des moldus. Moi qui avait passé ma vie à tout apprendre d'eux, cela me servait enfin à quelque chose : mentir à Ginny jusqu'au dernier moment. Elle avait l'air si emballé par son arrivée dans une maison moldu, si excité.... Quant à moi, j'avais passé la semaine à m'angoisser et à présent, nous y étions.
J'avais terminé mon dernier cours de la journée il y avait plus d'une heure et je traînais dans ma chambre pour choisir les affaires que je voulais emporter chez moi ce week-end. Ginny devait m'attendre depuis une bonne demi-heure dans notre salle commune, mais je n'arrivais pas à descendre. Et si j'étais en train de faire la plus belle bêtise de ma vie ? Et je n'avais même pas prévenu Drago. J'aurais dû lui dire, lui dire comment se comporter, ou peut-être lui demander de rester dans sa chambre, au moins le temps que Ginny puisse assimiler tout ce que j'allais lui révéler. Peut-être qu'il m'aurait donné des conseils d'ailleurs. De toute façon, c'était trop tard, et Ginny entra soudain dans le dortoir des septième années.
- Ça ne va pas Hermione ?
- Si très bien, répondis-je d'une voix quelque peu tremblante.
- Tu as été bizarre toute la semaine... C'est à cause de moi ? Enfin, c'est par rapport au fait que je viens chez toi ce week-end ? Tu veux qu'on annule ?
- Non bien sûr que non. Je suis juste stressée par les ASPIC et ma fonction de préfete en chef..
Je mourrais d'envie d'annuler au contraire, mais je savais que Ginny le prendrait mal et de toute façon c'était le week-end idéal, je doutais que les parents de Drago soient encore absents la semaine suivante. C'était maintenant où jamais.
- Tu es prête ? Demandai-je.
- Ca fait une semaine que je suis prête, répondit-elle en riant tout en me désignant sa petite valise devant la porte d'un signe de tête.

J'avais toujours trouvé que la tour Gryffondor était trop haute dans le château, mais pas aujourd'hui, car nous arrivâmes dans la hall beaucoup trop vite à mon goût. Et l'excitation de Ginny m'angoissait de plus en plus.
- Tu crois que tes parents nous feront faire un trajet en voiture ? Demanda-t-elle alors qu'elle s'accrochait à mon bras pour le transplanage d'escorte.
- Je ne suis pas sur qu'ils soient là ce week-end, répondis-je mal à l'aise.
- Ah bon ? Eh bien, c'est toi qui conduira la voiture alors ! Ce sera encore mieux, répliqua-t-elle d'un air ravie.
Je ne lui répondis pas, trop perturbée par Pansy me regardait d'un air étrange à l'autre bout du hall. Cette dernière devait être loin de se douter que j'emmenais Ginny chez moi, elle devait penser que c'était moi qui allait chez elle. Le professeur qui se chargeait des départs nous fit signe que nous avions à présent trente secondes pour partir, mais je ne bougeais pas, le regard toujours fixé sur Pansy.
- Hermione, on va louper le créneau, me lança Ginny.
Je transplanai alors le coeur battant, en pensant très fort au manoir Malefoy.

Quand nous posâmes enfin les pieds par terre nous nous trouvions devant un immense portail. Ginny resta totalement silencieuse et observa la grande allée cernées de haies qui menaient jusqu'à la grande porte du manoir. Elle semblait tellement hébétée qu'elle ne me vit pas ouvrir le portail à l'aide de la magie et nous commençâmes à avancer le long de l'allée.
- C'est chez toi ? Demanda-t-elle soudain en me regardant d'un air peu certain.
Je hochai la tête d'un sourire timide.
- Mais c'est immense ! Tu es très riche dans le monde des moldus en fait ? Vraiment riche ! S'exclama-t-elle en observant le grand manoir qui s'élevait au dessus de nos têtes. En tout cas, les pièces doivent vraiment être bien illuminées, ajouta-t-elle en constatant qu'il y avait peu de parcelle de mur sans fenêtre.
- Oui, en effet, répondis-je en posant ma main sur la porte pour que celle-ci s'ouvre.
Elle entra à ma suite dans le grand manoir et contempla l'intérieur avec intérêt.
- Je ne m'attendais pas à ça, avoua-t-elle. C'est très .... Ça ressemble aux maisons de sorcier en fait.
- Oui et je suppose que l'ambiance n'est pas aussi chaleureuse que tu l'imaginais.
Ginny me lança un regard gêné avant de rire. Elle n'avait encore rien compris, voilà pourquoi elle riait. Je lui fis visiter tout le rez-de-chaussé en prenant soin de la faire entrer dans la salon en dernier, car c'était là qu'elle comprendrait enfin où elle se trouvait, là qu'elle verrait les nombreux tableaux représentant les membres de la famille Malefoy, là qu'elle verrait mon propre tableau
Je n'étais plus qu'à quelques pas d'entrer dans la salon quand elle un éclat de voix se fit entendre à l'étage.

- TU AS TOUTE LA SEMAINE POUR FAIRE LE MÉNAGE DANS MA CHAMBRE ET TU ATTENDS LE WEEK-END POUR LE FAIRE ? Hurla une voix que je ne connaissais que trop bien. DÉGAGE !

Ginny me lança un regard mi appeuré, mi amusé.
- C'est ton père ? Demanda-t-elle avec intérêt. Il me semblait plus gentil quand je l'avais vu sur le chemin de traverse, dit-elle en souriant.
Elle parlait évidemment d'un sorcier étranger que Lucius et Narcissa avaient payé pour jouer le rôle de mon père. Il en avait été de même pour ma fausse mère. Je n'eus cependant pas l'occasion de lui répondre quoi que ce soit, car des pas se firent entendre dans les escaliers. Drago descendait. Mon coeur se mit à battre si violemment dans ma poitrine que je crus qu'il allait en sortir. Je tirai alors Ginny dans le salon et refermai la grosse porte en bois derrière nous.
- Mais qu'est ce qu'il se passe ? Demanda-t-elle visiblement amusée par mon comportement.
Malheureusement j'avais tout sauf envie de rire moi. Je ne m'étais jamais sentie aussi mal, j'avais même l'impression que j'allais m'évanouir. Je n'aurais jamais dû demander à Ginny de venir, elle n'aurait jamais dû être là !
- Hermione qu'est ce qu'il se passe ? Tu es toute blanche, dit-elle en m'observant cette fois d'un air inquiet.
- J'ai juste besoin de m'asseoir, fis-je en me laissant tomber sur le fauteuil le plus proche, je te laisse admirer la pièce.
Oui admirer la pièce... Je voulais juste qu'elle voit enfin les tableaux, les portraits de famille. Je voulais en finir.
- C'est magnifique, déclara-t-elle en se déplaçant dans la grande pièce, c'est très...
Elle ne termina pas sa phrase. Elle venait de lever les yeux vers le tableau au dessus de la cheminé. Narcissa, Lucius et Drago se tenaient tous les trois debout dans un grand cadre doré. Elle fronça les sourcils, ferma les yeux et les rouvrit presque aussitôt sur la peinture qui n'avait pas bougé de sa place. Elle se retrouva vers moi, l'air complètement perdu. Je lui lançai un regard désolé. Ses yeux se reportèrent sur les murs du salon et elle passa d'un tableau à l'autre pour enfin s'arrêter sur le mien. Il avait été installé dans la salon juste après la chute de Voldemort. J'y étais représentée assise dans l'herbe, dans le grand parc qui entourait le manoir Malefoy. Je semblais rayonnante de bonheur sur cette peinture et Drago à mes côtés, avait un air espiègle inscrit sur le visage.
Quand ginny se tourna une nouvelle fois vers moi, son regard se voulait effrayé et hésitant.
- Hermione... je.... je ne comprends pas...
La porte du salon s'ouvrit soudain à la volé sur Drago.
- Ah tu es rentrée ! S'exclama-t-il en me voyant. C'est toi qui a dit à l'elfe de ne pas faire ma chambre de la semaine ? Je suis sur que c'est toi, ajouta-t-il voyant que je ne répondais pas en pointant un doigt accusateur vers moi. Ça ne fait rire que toi !
Drago ne semblait pas se rendre compte de mon état. Il ne semblait pas se rendre compte que quelque chose n'allait pas, et il ne voyait pas Ginny, derrière lui, qui se tenait droite comme un "i".
- Pourquoi tu tires cette tronche ? Ajouta-t-il. Tu n'as pas eu de nouvelle de Victor Krum c'est ça ? Railla-t-il d'un air moqueur.
Je ne répondis toujours pas, complètement tendue par la situation. Drago sortit alors aussitôt sa baguette me tourna le dos et se posta devant moi dans un geste défensif. Il tomba aussitôt sur Ginny qui l'observait d'un air paniqué.
- Oh ! Laissa-t-il échapper en abaissant aussitôt sa baguette.
Cependant Ginny avait sortit la sienne et la pointait sur Drago.
- Qu'est ce qu'il se passe ici ? Demanda-t-elle d'une voix étranglée.
- Baise ta baguette Weasley, lui ordonna Drago.
- Hermione ? Insista-t-elle sans bouger.
- Tu ne risques rien Ginny, baisse ta baguette, fis-je d'une voix douce.
Drago se retourna vivement vers moi.
- Mais tu ne lui as rien dit ? S'exclama-t-il d'un air complètement ahuri. Tu la ramènes ici sans lui avoir expliqué quoi que ce soit ? Mais tu es complètement folle !
Après quelques secondes à me fixer d'un air choqué, il finit par exploser de rire en se laissant tomber sur l'accoudoir du fauteuil où je m'étais assise.
- Ce n'est pas toi Hermione, n'est-ce pas ? C'est une potion de Polynéctar ! Qui es-tu ?! S'exclama-t-elle en pointant aussitôt sa baguette sur moi.
Dans un mouvement très rapide, Drago pointa sa baguette sur Ginny et la désarma. Ma meilleure amie eut un pas de recul effrayé.
- Ginny, c'est bien moi... Je suis désolée de te l'apprendre comme ça, ce n'était surement pas la meilleure solution.
- Ah bah ça... je te pensais plus intelligente Hermione, fit Drago en levant les yeux au ciel.
Je lui lançai un regard noir tout en me levant pour m'approcher de Ginny.
- Si les Malefoy n'ont pas été envoyés à Askaban, au même titre que plusieurs autres familles qui étaient du côté de Voldemort, c'est parce qu'elles étaient en fait de notre côté depuis le début. Du côté de l'ordre, expliquai-je. Dumbledore le savait, au même titre que Rogue, McGonagall et Kingsley. Les Malefoy sont ma famille depuis toujours.
- Presque toujours, corrigea Drago.
Je me retournai vivement vers lui agacée. Ne pouvait-il pas se taire ?
- Je ne veux juste pas qu'elle pense que tu es ma sœur ou un truc comme ça, se défendit-il en levant les mains en signe d'excuse.
- Je vis ici depuis très jeune, répétai-je à l'attention de Ginny. Les Malefoy m'ont traité comme leur fille, parce que je n'ai jamais connu mes parents, au même titre que Harry. Ils ont été tué par Voldemort.
- Tes parents ne sont donc pas des moldus ? Demanda Ginny d'une voix tremblante.
- Non, mais je m'appelle tout de même Granger. Mais même si tu cherches tu ne trouveras rien sur ce nom, tout à été effacé les concernant pour me protéger.
- Pour te protéger de quoi ? S'enquit-elle.
- Voldemort, après avoir tué mes parents, m'a lancé un maléfice, je ne peux pas être en contact avec l'eau sans subir d'atroces souffrances. Bien sûr il existe un contre sort que je dois renouveler toute les semaines. Mais on pense que ce maléfice n'était pas voulu et qu'il voulait en réalité me tuer. Les Malefoy m'ont donc caché avec l'aide d'autres sorciers depuis pratiquement ma naissance.
- Nous ne sommes pas si horribles que ça, tu vois, fit Drago.
- Drago sors s'il te plait, demandai-je le plus gentiment possible. J'ai besoin d'être seule avec Ginny.
- Je suis chez moi.
- Moi également ! M'exclamai-je. Je suis certaine que cette situation t'amuse beaucoup, mais tu es le seul et tu ne m'aides pas là.
Je m'étais attendue à toutes sortes de réaction de la part de Drago, mais pas celle-ci. Il semblait beaucoup s'amuser de la situation. Après quelques protestations, il finit par sortir du salon et je me retrouvai seule avec Ginny qui n'avait toujours pas quitté le mur d'en face.

Je lui expliquai alors tout ce qu'avait été ma vie aussi loin que remontait ma mémoire. Je lui expliquai comment les Malefoy m'avaient toujours traité comme leur fille, pourquoi ils avait jugé que c'était plus prudent de me faire passer pour une fille de moldu pour que Voldemort ne me retrouve jamais. Car même du côté des mangemorts, on savait que Voldemort reviendrait un jour. Je lui expliquai que je n'avais jamais fait semblant, que les Gryffondor étaient mes amis, mais que certains élèves de Serpentard l'étaient également. Je lui fis aussi part de ma peur de tout leur avouer après de la chute de Voldemort.
Ginny m'écouta sans prononcer le moindre mot et quand j'eus finis elle quitta enfin son mur pour s'approcher de moi. Je lui rendis sa baguette redoutant ce qu'elle allait en faire, mais elle vint me serrer dans ses bras. Ginny était réellement l'une des sorcières les plus compréhensives que je connaisse. C'était bien pour ça qu'elle avait toujours été ma meilleure amie. Après m'avoir relâché elle me posa une série impressionnante de questions aux quelles je répondis avec joie car elle me pardonnait mon mensonge et comprenait.
- Donc toutes les insultes des Serpentard à ton égard ?
- C'était fait expert, ça nous amusait d'ailleurs beaucoup quand nous étions jeunes de jouer ce rôle. Je savais que c'était pour ma protection. Et si ils agissaient méchamment envers vous également, c'était pour ne pas perdre la face vis à vis des mangemorts. N'oublie pas que Goyle et Crabe étaient les fils de véritables mangemorts et qu'ils rapportaient tout à leurs parents.
- C'est pour ça que tu paraissaient si angoissée toute la semaine ?
- Oui, j'avais peur que tu ne puisses pas comprendre, que tu ne me pardonnes pas.
- C'est dingue... laissa échapper Ginny qui semblait totalement perdu dans ses pensées. Et on ne s'est rendus compte de rien, jamais ! Qui sont tes amis chez les Serpentards ?
- Drago, Blaise, Théodore, Daphné et Pansy.
Ginny grimaça au nom de la dernière personne.
- Elle n'est pas aussi bête qu'on le pense, elle est même très drôle quand elle veut, ajoutai-je.
- Comment c'est de vivre avec les Malefoy ? S'enquit Ginny.
- Comment c'est de vivre avec tes parents ? Demandai-je en souriant. Je les considère comme tels, expliquai-je. Je sais que nous n'avons aucun lien de sang, mais ils ont été pour moi de vrai parents.
- C'est quand même une famille très conservatrice...
- Les mangemorts sont des familles conservatrices, ils se devaient donc de l'être également. Lucius et Narcissa n'ont cessé d'avoir peur pour Drago et moi depuis notre première année à Poudlard. On ne dirait pas mais Narcissa est une mère très douce et Lucius un père très fière de son fils.
- J'ai dû mal à imaginer....
- Cela veut dire que nous avons tous parfaitement joué notre rôle.
- Et avec Drago ? J'imagine que tu le considères comme ton frère ?
- Oh non ! M'exclamai-je précipitamment. Plutôt comme un ami d'enfance je dirais.
- Tu t'entends vraiment bien avec lui ?
- Oui, enfin c'est vrai que depuis quelques temps c'est un peu étrange entre nous. Depuis un peu avant la rentrée en réalité. Je pense qu'il m'en veut de cacher mon affection pour lui et les autres Serpentard. Je pense qu'il est jaloux de ma relation publique avec Harry, Ron, toi...
- Je peux le comprendre, avoua Ginny. Qu'est ce que tu comptes faire maintenant ?
- Je ne sais pas, mais ce dont je rêverais en tout cas, c'est de voir toutes les personnes que j'aime réunis autour d'une belle table.
- Eh bien pour commencer, il faudrait peut-être que tu me le présentes officiellement ? Proposa Ginny. Je ne peux pas te promettre que je l'aimerais, mais je peux essayer.
Je lui adressai un sourire éblouissant. Ginny était décidément la personne la plus compréhensive du monde des sorciers, du moins, j'en étais presque sure.

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