Chapitre 10 : Le départ de Drago

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 Je me souvenais de ce jour-là comme si c'était hier. Ce jour, où à cause de ma couverture j'avais dû me taire. Il y avait eu d'un côté la famille Malefoy et de l'autre Ron et Harry. Je me souvenais parfaitement que ma famille et mes amis étaient tous aussi terrifiés les uns que les autres.
Harry et Ron car ils se trouvaient dans le manoir Malefoy avec l'arrivée imminente de Voldemort, et les Malefoy ne sachant pas comment réagir face à moi. Après tout, pour les autres mangemorts de la pièce tels que Bellatrix, je n'étais qu'Hermione Granger, la sang de bourbe amie de Harry Potter. Mais pour les Malefoy, j'étais Hermione Granger, celle qui vivait avec eux. Drago restait tout de même le plus effrayé par la situation, je savais qu'il n'avait jamais eu aussi peur de sa vie. Pourtant il était parvenu à faire semblant de ne pas reconnaître Harry, même si ses parents avaient lourdement insisté pour qu'il regarde mieux le visage de mon meilleur ami. Je n'aurais jamais pu blâmer Narcissa et Lucius pour ça. Tout ce qu'ils voulaient c'était que Drago et moi soyons sains et saufs, quitte à dénoncer Harry pour sauver leur fils. Mais Drago avait tenu bon et s'était montré plus courageux que jamais, il n'avait pas fléchit. Presque tout le monde, sans exception, était persuadé que c'était Alberfort qui avait envoyé Dobby pour nous sauver, mais moi je savais que c'était Drago qui l'avait fait. Je savais que Drago avait pris le plus gros risque de sa vie pour moi. C'est ainsi, que grâce à Dobby, nous avions pu nous échapper du manoir où j'avais vécu tant de bons moments en secret. Tout juste avant de transplaner, mon dernier regard avait été pour Drago. Qu'allait-il lui arriver à présent ? Moi, j'allais être en sécurité, mais lui ? Se ferait-il tuer, ainsi que toute sa famille, pour avoir laissé Potter et ses deux amis s'échapper ?

- Moi qui le prenait pour un enfant trop terrorisé pour s'opposer à Voldemort... murmura Ginny qui semblait se rendre réellement compte de l'implication de la famille Malefoy dans la chute de Voldemort.
- Drago est quelqu'un de très courageux au contraire, dis-je dans un sourire triste. Il nous a tous sauvé ce jour là, pas seulement Harry, Ron et moi, mais également sa famille. Après leur échec, personne n'a voulu avertir Voldemort. Ils les auraient trop férocement puni, même Bellatrix n'a rien dit.
- Elle savait pour toi ?
- Bien sûr que non, fis-je en remontant le manche de mon bras.
Ginny observa avec un frisson la cicatrice sur mon bras : "sang de bourbe", qui ne disparaîtrait peut-être jamais.
- Toi aussi tu as été courageuse Hermione, vraiment très courageuse. Je ne sais pas si j'y serais parvenue à ta place.
- Tu es forte Ginny, tu aurais agit comme moi si tu avais été à ma place.
- Je l'espère, répondit-elle en mordant dans un toast à la marmelade.
Nous restâmes silencieuses quelques minutes, savourant notre petit déjeuné avant que Ginny ne reprenne la parole.
- Comment ça s'est finit avec Drago hier soir ? Demanda-t-elle.
Je vis qu'elle faisait un réel effort pour l'appeler par son prénom, peut-être qu'avec le temps, cela deviendrait naturel pour elle. Cependant, je haussai un sourcil, ne voyant pas où elle voulait en venir.
- Je t'ai entendu sortir de ta chambre hier, je suppose que tu es allée le voir ? Insista-t-elle.
- Oui, en effet, mais c'est surtout moi qui ai parlé, il était encore trop énervé. Je me suis excusée pour tout en tout cas.
- Ça lui passera, tenta de ma rassurer Ginny.
- Oh je ne m'en fais pas pour ça, lâchai-je en riant doucement. Drago et moi ne restons jamais fâchés plus d'un jour, nous n'y arrivons pas. Pourtant je t'assure que j'essaye de ne pas lui adresser la parole, mais je finis pas oublier que je lui en veux et je lui reparle. C'est pareil pour lui, dis-je en lui faisant un clin d'œil.
- Eh bah dit donc ! Moi j'arrive à ne plus adresser la parole à mes frères pendant une semaine sans le moindre effort.
Ginny et moi nous toisâmes quelques instants avant de rire. Elle était si compréhensive alors qu'elle avait tant à ingurgiter. Des tintements aux carreaux me firent lever la tête dans un sursaut. C'était un hiboux grand duc gris qui tenait des lettres dans son bec. J'allais aussitôt lui ouvrir tout en lui donnant un morceau de pancake pour qu'il reprenne des forces. La première lettre était pour moi et venait de Daphné, la seconde était adressée à l'attention de la famille Malefoy et de Hermione Granger. J'ouvris la première tandis que Ginny tenait de masquer sa curiosité.
- C'est Daphné qui m'a écrit hier, mentis-je, et là elle me réécrit pour me demander une nouvelle fois si elle peut passer au manoir cette après-midi.
- Daphné Greengass ?
- Oui. Comme tu t'en doutes, je n'ai dis à personne que tu venais chez moi ce week-end donc...
- Elle peut venir tu sais, tenta Ginny.
- Non, la coupai-je aussitôt. Tu es très compréhensive Ginny, je t'en suis reconnaissante, mais Daphné n'a pas besoin de venir en rajouter une couche, dis-je en souriant.
Je posai la lettre de Daphné sur la table et entrepris d'ouvrir la deuxième quand elle glissa soudain de mes mes mains.
- Hé ! M'exclamai-je à l'attention de Drago qui venait de me l'arracher.
- Il y a mon nom dessus, se défendit-il.
- Le mien aussi si tu regardes bien, insistai-je.
- Il n'est écrit qu'en deuxième.
Je me contentai de lever les yeux au ciel et le laissai finalement lire cette fichue lettre. Après tout, même si cette dispute que nous avions eu la veille avait été plus dure que d'habitude, l'issu était toujours la même. Il me pardonnait aussi vite. Cependant il n'avait pas dit bonjour à Ginny... Je me raclai alors la gorge pour que Drago se rende compte de son oubli.
- Ce n'est pas important, répondit Drago qui pensait que je voulais connaître le contenu de la lettre. Ce sont les parents de Pansy qui nous invitent à dîner dans deux mois. Elle devrait nous prévenir encore plus tôt, ajouta-t-il en ricanant.
Il reposa la lettre, attrapa un verre de jus de citrouille et daigna enfin regarder Ginny.
- Bien dormi ? Lui lança-t-il.
Elle hocha la tête comme seule réponse, visiblement étonnée de son comportement presque amicale. Drago ne sembla pas s'en rendre compte et s'installa en face de nous, exactement de la même manière qu'au dîner de la veille. Puis, il attrapa la Gazette du sorcier pour la lire. Ginny quant à elle, se tourna vers moi d'un air hésitant. Je soutins son regard pour l'encourager à se lancer.
- Que comptes-tu fais à propos de Ron et Harry ?
- A propos de mon identité ?
- Vu le temps qu'elle a mit pour te mettre au parfum, je pense qu'il faudra attendre la prochaine décennie, lâcha Drago sans relever les yeux de son journal.
- Je ne sais pas...répondis-je sans prêter attention à la remarque de Drago. Je sais qu'il faudra bien que je leur dise à un moment donné, mais je doute qu'ils soient aussi compréhensif que toi...
- Tu te trompes, m'assura-t-elle cependant. Harry comprendra, et Ron part peut-être au quart de tour, mais il finira par entendre raison lui aussi.
- Je ne veux pas les perdre.
- Il faut tout d'abord que tu évites de leur annoncer comme tu l'as fais avec moi, Ron n'y survirait pas, me conseilla Ginny d'un air amusé.
- Et moi non plus, intervint Drago une nouvelle fois.
- De toute façon il n'y a pas d'urgence, reprit Ginny, et puis je serais avec toi pour t'aider. Si je suis de ton côté ils seront plus aptes à te laisser parler.
- Attends ! S'exclama soudain Drago en fixant Ginny d'un regard soupçonneux. Tu sors avec Potter n'est-ce pas ?
- Heu, oui, répondit Ginny déstabilisée par sa curiosité.
- En quoi ça te regarde Drago ?
- Elle va lui dire alors, me dit-il, elle va le dire à Potter.
Je soupirai d'un air exaspéré en laissant tomber ma tête entre mes mains.
- Je ne vais rien dire du tout, répondit Ginny.
- Oui c'est ça, railla Drago. Mais ne t'en fais pas, ça ma convient très bien, plus vite cette histoire sera réglé, mieux je porterai.
- Je ne vais rien dire, je vous le promets insista-t-elle.
Drago la toisa d'un regard qui voulait clairement dire qu'il ne la croyait pas.
- Tu ne veux pas t'occuper de tes affaires ? Lançai-je à Drago. Je connais Ginny, elle ne dira rien, alors arrête maintenant.
Drago n'ajouta rien et se replongea dans la lecture de la Gazette, tandis que Ginny et moi sortîmes de la cuisine pour aller nous promener dans le parc.

Il faisait encore beau et chaud en septembre, il fallait que nous en profitions le plus possible avant l'hiver. Ginny ne cessa de répéter à quel point la pelouse était verte, à quels points les fleurs étaient belles et je me contentai de sourire. Tout ces compliments étaient en réalité à adresser à Narcissa, elle avait un véritable don avec les plantes.
- Il y a quelques choses qui me tracasse, fit Ginny au bout d'un moment.
Nous nous arrêtâmes à la lisière de la forêt et je l'incitai à poursuivre d'un regard curieux.
- Je ne comprends pas comment les Malefoy ont pu te cacher aux autres mangemorts.
- Personne ne venait jamais ici.
- Mais le manoir Malefoy a bien été le quartier générale des mangemorts non ? Insista Ginny. Voldemort y était ! Comment a-t-il pu te louper ?
- Jamais personne ne venait ici, répétai-je cependant. C'était une fausse information, certainement la seule information qui n'ait jamais filtré d'ailleurs. Le quartier générale des mangemorts se trouvait en réalité chez les Goyle, ces imbéciles !
- Mais pourquoi avoir fait croire que c'était ici ? S'exclama Ginny étonnée.
- Pour la même raison que nous gardions caché le quartier général de l'ordre du phoenix, expliquai-je. Cependant, il y a bien une raison pour avoir choisit ce manoir-là comme fausse base. Comme tu le sais, les Malefoy n'étaient plus vraiment dans les bonnes grâces de Voldemort. Il cherchait sans cesse à les punir, les humilier, les mettre à l'épreuve. C'est notamment pour ça qu'il a décidé de faire croire que la manoir Malefoy était le lieu de regroupement, comme ça, s'il y avait une attaque, ma famille ne représentait pas une grande perte.
- Mon dieu mais c'est affreux, laissa échapper Ginny dans un hoquet de surprise.
- C'est toujours mieux que si le manoir avait vraiment servir de base. Je ne sais pas ce que je serais devenue dans ce cas là... Je ne sais pas où je serais allée vivre l'été. Je pense que je serais restée à Poudlard, après tout, c'est là que j'aurais été le plus en sécurité.
- Cela devait être tellement dangereux pour les Malefoy de te cacher, de mentir. N'avez-vous jamais eu peur que quelqu'un vous trahisse ?
- Les seuls au courant avec les Malefoy était les familles de Blaise, Théodore, Pansy et Daphné. Ils ont fait le serment inviolable concernant tout ce qui avait rapport avec moi. S'ils laissaient filtrer la moindre information me concernant, ne serait-ce que mon existence, ils l'auraient payé de leur vie. Même si Narcissa et Lucius leurs faisaient entièrement confiance, ils ont tout de même mis en place cette garantie. Et comme tu vois, personne ne m'a jamais trahie.

Alors que Ginny et moi reprenions le chemin du manoir, je vis Drago en sortir un balais de quidditch à la main. Je me précipitai vers lui alors qu'il empruntait le chemin qui menait au grand portail. Ginny était restée en arrière.
- Tu vas où ? Lui demandai-je essoufflée, une fois sa hauteur.
- Je vais chez Blaise, on va faire une partie de Quidditch.
- A deux ?
- Nous ne serons pas deux.
- Tu rentres quand ?
- Je ne sais pas, je vais déjeuner là-bas je pense, je rentrerai en fin d'après-midi.
- Oh... marmonnai-je déçu.
- Je pensais que tu serais contente que je te laisse seule avec elle, dit-il en désignant Ginny qui était trop éloignée de nous pour nous entendre.
Une vision étrange infiltra soudain mon esprit : Drago et les serpentards jouant au quidditch avec mes amis de Gryffondor. Cette belle image me fit tristement sourire car jamais ils ne s'entendraient aussi bien pour jouer tous ensemble, il ne fallait pas exagérer.
- Ca ne va pas Hermione ? Me demanda Drago d'un regard inquiet tout en posant une main sur mon épaule.
Ce contact eu l'effet d'un électro choc sur moi et je m'écartai vivement de Drago. S'il fut vexé par mon geste, il ne le montra pas et continua de m'observer en fronçant les sourcils.
- Excuse-moi, dis-je aussitôt, non, tout va bien. Ne rentre pas trop tard, ajoutai-je en lui adressant un sourire sincère.
Il acquiesça et remonta la grande allée qui menait au portail. Quand il le passa et qu'il disparu derrière, Ginny m'avait enfin rejoint.
- Ca te perturbe ce que j'ai dis hier ?
- Comment ça ? Demandai-je en me tournant vers elle.
- Quand il a posé sa main sur toi, tu t'es écartée de lui...
- J'ai eu un geste idiot.
- Il n'a rien remarqué, m'assura Ginny.
- Drago remarque toujours tout, il fait juste comme si de rien n'était.
- Tu sais, je peux peut-être me tromper, déclara-t-elle d'une voix hésitante. Hier, sur le moment, j'ai juste trouvé ça flagrant, mais je ne le connais pas après tout, pas aussi bien que toi.
Oui Ginny ne le connaissait pas et Drago n'avait aucune attirance pour moi. Il m'appréciait de la même manière que lorsque nous étions petits et il ne fallait pas que je change mon comportement envers lui à cause de ça, à cause d'une idée que Ginny avait eut. Cependant, je savais qu'il me faudrait un peu de temps pour oublier tout ce qu'elle m'avait dit, car pour l'instant tout cela se transformait en un hurlement dans ma tête. Je jetai un coup d'œil derrière le grand portail puis rentrai dans le manoir suivis de Ginny. Nous nous installâmes au salon et je ne pus m'empêcher de trouver que c'était étrangement calme et vide... Non seulement Lucius et Narcissa n'étaient pas là, mais Drago non plus. C'était la première fois que je me retrouvai seule ici, du moins sans quelqu'un de ma famille.
- Quelque chose ne va pas ? S'enquit Ginny.
- Drago ne m'avait jamais laissé seule, expliquai-je.
- Je te remercie, je suis là moi, répliqua-t-elle d'un air faussement vexée.
- Oui excuse-moi, mais je veux dire que je n'ai jamais été dans la manoir sans la présence d'au moins un des Malefoy. Quand ses parents ne sont pas là, je suis toujours avec Drago et s'il part, ou si moi je pars, nous nous suivons toujours. Je sais que Drago est parti pour me laisser seule avec toi, mais si je ne lui avais pas couru après dans la jardin, il ne m'aurait peut-être pas prévenu de son départ. C'est totalement inhabituel de sa part.
- Peut-être parce que c'est aussi inhabituel que je sois ici. Ce n'est pas comme s'il t'avait laissé seule.
Ginny avait évidemment raison, mais mon malaise venait dû fait que Drago s'était peut-être forcé à rester constamment avec moi jusqu'à maintenant. Car à présent que Ginny était là, il n'avait pas hésité une seconde pour quitter le manoir.  

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