Mon identité

Chapitre 7 : L'invitation

Chapitre 7 : L'invitation


Le lendemain au petit déjeuner, j'avais pris soin de me placer face à la table des Serpentard. Drago semblait très fatigué. Était-il vraiment allé se coucher après m'avoir ramenée ? Avait-il vu quelqu'un d'autre après moi ? Cela expliquerait pourquoi il m'avait lâché, aussitôt arrivé à la tour des Gryffondor. Je vis Pansy, assise à deux places de lui, bailler. Était-il allé la rejoindre ? Il préférait donc passer du temps avec elle, plutôt qu'avec moi ? Et pourquoi Pansy n'était-elle pas descendue dans leur salle commune quand j'y étais ? Elle était trop fatiguée pour me voir, mais pas pour coucher avec Drago au milieu de la nuit ! Et où le faisaient-il d'ailleurs ? Dans leur salle commune ? Sur le fauteuil dans lequel je m'étais assise la veille ?
Je laissai retomber ma fourchette à côté de mon assiette dans un profond soupire. J'étais ridicule.
- Ça ne va pas Hermione ? Me demanda Harry à voix basse.
Il était à côté de moi et essayait visiblement d'être discret.
- Non, tout va bien, mentis-je.
- Tu sais que tu peux tout me dire, insista-t-il. Je te vois regarder la table des Serpentard depuis tout à l'heure...
Il fallait vraiment que je sois plus discrète. Mais avec Drago et Pansy qui couchaient peut-être ensemble derrière mon dos, c'était assez difficile.
- Non Harry tout va bien, je surveille juste les préfets de Serpentard. Je suis crevée, et c'est à cause d'eux que je me suis couchée tard, répondis-je de mauvaise humeur.
- Qu'est ce qu'il s'est passé avec les préfets de Serpentard ? Intervint Ginny.
- Ils sont insupportables, comme d'habitude, répondis-je d'un ton las.

Je passai la plus horrible mâtiné de ma vie, je n'avais qu'une chose en tête, tirer les vers du nez de Blaise. Après tout, c'était bien lui le meilleur ami de Drago, donc, il devait forcément savoir. Savoir si Drago et Pansy couchaient encore ensemble. Par chance Blaise était aussi préfet en chef et je n'aurais donc aucun mal à lui parler en public sans attirer les regards. Ce fut après le dernier cours de la mâtiné que je l'interpellai en plein couloir. Il se retourna vers moi interloqué avant que je lui lance d'un ton froid que je n'avais pas toute la journée. Il me suivit alors en silence et quand nous nous retrouvâmes enfin seul dans un couloir, il laissa disparaître son masque d'indifférence.
- Cela n'a rien à voir avec notre travail de préfet n'est-ce pas ? Me lança-t-il amusé.
- Non.
- Ca va ? Me demanda-t-il. Tu n'avais pas l'air bien aujourd'hui.
- Ca va très bien, répliquai-je d'un ton plus sec que prévu. Qu'est ce que vous avez foutu hier soir ?
Il m'interrogea du regard.
- Je suis venu vous rejoindre dans votre salle commune, mais il n'y avait que Drago !
- Ah bon ? Mais il ne nous a pas prévenu ! S'exclama-t-il surpris.
Au moins, Drago n'avait pas mentit là dessus.
- Il l'a fait expert, grognai-je. Il n'a pas un comportement habituel en ce moment, j'ai l'impression qu'il a une dent contre moi...
Blaise me jaugea du regard pendant quelques instants avant de me répondre.
- Il n'a rien contre toi, enfin pas que je sache. Bon si, il y a peut-être cette histoire avec Victor Krum mais bon... Tu sais comment est Drago, il fait ça pour t'embêter. Dans le fond il s'en fou.
J'allais lui poser le question fatidique, j'allais lui demander si Drago couchait avec Pansy, mais je me repris avant même d'avoir ouvert la bouche. Voyant que je ne répondais pas, Blaise me relança.
- Vous vous êtes disputés avec Drago ?
- Non, je le trouve juste distant.
- Tu sais Hermione, s'il était vraiment distant avec toi comme tu dis, il n'aurait pas passé la soirée avec toi.
Il avait raison, il fallait que je cesse aussitôt ma paranoïa. J'étais juste jalouse que Drago puisse préférer passer du temps avec Pansy plutôt qu'avec moi. Mais après tout, je n'avais pas le droit de lui interdire de fréquenter une fille, je n'étais pas sa mère, je n'étais même pas de sa famille.
- Il est bientôt midi et demi, me lança Blaise, on va aller déjeuner non ? Si tu veux on se retrouve après les cours dans la salle sur demande.
J'acquiesçai d'un signe de tête et le laissai prendre de l'avance sur moi. Nous avions beau être les deux préfets en chef, ce n'était pas nécessaire que nous arrivions côte à côte dans la grande salle.

Quand je rejoignis enfin mes amis à table, je ne pouvais penser qu'à une chose, mon secret. Voir les serpentard en cachette, tantôt dans la salle sur demande, tantôt tard le soir dans leur salle commune, commençait à me peser. Ne pouvions-nous pas être tous amis ? Les Serpentard et les Gryffondor ? Après tout n'avais-je pas le droit d'être entourée de tous ceux que j'aimais ? Mes yeux se posèrent sur Harry, j'étais à peut près sur, qu'avec le temps il finirait pas comprendre et ne m'en voudrait pas, mais Ron ? Que dirait Ron ?... Il fallait que je tâte le terrain avec l'un d'eux. Ginny peut-être ? Après tout elle était ma meilleure amie. J'avais peut-être fait une erreur en décidant de garder ma vraie identité secrète.

Lorsque nous eûmes terminés de manger, nous nous dirigeâmes tous dans le parc pour profiter des rayons du soleil de septembre. Ginny était un peu à la traîne étant donné qu'elle s'était arrêtée dans le hall pour discuter avec Luna et je l'attendis près de la grand porte du Château.
- Ils sont partis où ? Me demanda-t-elle une fois qu'elle m'eut rejoint.
- Là-bas, près du lac, dis-je en faisant un signe de tête en direction de Harry et Ron.
Je n'avais que quelques minutes avant que nous soyons à leur hauteur et je ne savais pas comment aborder le sujet. "Je vis avec Drago depuis presque toujours et les Serpentards sont mes amis". Non je ne pouvais décemment pas lui balancer un truc comme ça.
- Tu voulais me parler ? Me lança-t-elle en me gratifiant d'un sourire encourageant.
- Comment le sais-tu ?
- Oh allez, pas à moi ! Pourquoi tu m'aurais attendu devant la grande porte sinon ?
- C'est juste que j'ai déjà passé pas mal de temps avec Zabini, du fait qu'il soit préfet en chef avec moi et... ils ne semblent pas si terribles.
- Par "ils" tu entends les Serpentard ?
Je hochai la tête.
- Zabini te plait ?
Je me retournai vers elle stupéfaite. La conversation ne prenait pas du tout la tournure que j'espérais.
- Non, bien sûr que non. C'est juste que la guerre est finie et qu'on sait maintenant qu'ils ont toujours été de notre côté. Enfin je ne parle bien sûr pas de Crabbe et Goyle dont les parents étaient coupables. De toute façon, ils n'ont pas eu le droit de revenir à Poudlard, mais je parle de ceux qui sont restés. Je trouve juste dommage que nous continuions de nous traiter tous en ennemi.
- C'est comme ça, répondit Ginny d'un sourire fataliste. Gyffondor et Serpentard ont toujours été ennemis.
- Tu ne trouves pas que c'est dommage ? Insistai-je.
- Si surement. Mais franchement, Malefoy est un parfait crétin prétentieux qui t'a traité de sang de bourbe depuis toujours, Parkinson passes ses journées à ricaner et à se comporter comme une peste et j'en passe !
L'insulte de Ginny envers Pansy me fit un bien fou. Pansy avait beau être mon amie, je détestai qu'elle s'immisce entre Drago et moi. Face à mon silence Ginny fronça les sourcils.
- Dis-moi ce qu'il se passe, fit-elle en posant une main sur mon épaule. C'est Zabini c'est ça ? Que tu ne te confies pas aux garçons sur ce genre de chose d'accord, mais à moi tu peux me le dire.
Je n'avais jamais été aussi angoissée de ma vie. J'avais voulu tout lui avouer mais maintenant que j'étais face à elle, je n'étais plus sure de rien. Ginny me fixait d'un regard pénétrant, comme si elle essayait de lire dans mes pensées.
- Viens chez moi ce week-end, dis-je alors. Je t'invite.
Elle ouvrit de grands yeux ronds et un franc sourire étira ses lèvres.
- C'est la première fois que tu me le proposes.
Je me contentai de lui sourire en retour.
- Je serais ravie de venir, continua Ginny, ça va être marrant !
Elle semblait vraiment heureuse de cette invitation, mais elle s'imaginait certainement une jolie maison et non un manoir. Elle s'attendait certainement à un intérieur rempli d'objets moldus, à des parents moldus qui viendraient lui examiner les dents en parfaits dentistes. Mais Ginny ne verrait rien de tout ça et j 'espérais sincèrement ne pas avoir fait la plus belle bêtise de ma vie en l'invitant au manoir Malefoy.

Quand je rejoignis les Serpentard dans la salle sur demande le soir même, ils étaient tous là. Au moins, Blaise faisait passer le message correctement contrairement à Drago. Celui-ci arriva d'ailleurs dans la salle en dernier et il se prit une hué de protestation dans la figure pour ne pas avoir dit aux autres que j'étais venu la veille. Il répondit un bref "j'avais oublié de vous le dire" et s'assit.
Je pris soudain conscience que Pansy ne m'écartait pas de Drago, non. C'était plutôt lui qui semblait m'écarter de tout le monde. Je savais qu'il m'en voulait de ne pas avoir expliqué qui j'étais vraiment au reste du "monde", mais m'en voulait-il au point de me le faire payer ? C'était très plausible en effet. Du moins c'était plus plausible que Pansy tentant de m'écarter. D'autant plus qu'elle et Daphné ne cessèrent de me poser des questions sur mes amis de Gryffondor ce qui me réchauffa le coeur.
- Elle est en quelle année exactement la fille Weasley ? Me demanda Daphné.
- En sixième, elle n'a qu'un an de moins que nous.
- Ses deux frères jumeaux, enfin seulement Georges maintenant, intervint Pansy, fait des inventions géniales ! Tu as vu les nouveautés de la rentrée ?
- Mes amis m'ont parlé d'un nouveau bonbon qui empêche de mentir, déclarai-je.
- Ah oui c'est génial ça ! S'extasia Pansy en gigotant sur sa chaise.
- Je ne vois pas vraiment à quoi cela peut servir, fis-je d'un air blasé. C'est presque comme du veritaserum en plus.
- Alors d'un, au moins c'est légale et de deux, je n'attends qu'une chose : en acheter et en faire prendre à mes parents !
Daphné et moi explosâmes de rire, car il était certain que Pansy était sérieuse.
- Qu'est ce qu'il se passe ? Demanda Théodore en se tournant vers nous, lâchant ainsi sa conversation avec les garçons.
Drago et Blaise arrêtèrent également de parler pour nous regarder. Quand à nous trois, nous nous jetâmes de bref coup d'œil avant de nous lancer un regard complice. Ce serait en effet très drôle de leur en faire prendre à eux aussi. Ils nous jaugèrent quelques instants d'un air septique avant de conclure que nous étions je cite "trois pauvres dingues qui ne savaient même pourquoi elles riaient".
- Au fait, j'ai loupé le petit déjeuner ce matin, dit Blaise d'un air sérieux, McGonagall a fait une annonce ?
- Elle aurait dû en faire une ? Demanda Théodore.
Je lançai à Blaise un regard hésitant, nous n'étions surement pas en droit de leur en parler si la directrice ne l'avait pas fait elle-même. Cependant Blaise était allé trop loin et il n'eut pas d'autre choix que d'expliquer que Victor Krum allait venir donner des cours de vol pendant quelques mois. Pansy et Daphné se retournèrent aussitôt vers moi.
- Tu ressors avec lui ? Me demanda Daphné d'un air soupçonneux.
Drago explosa d'un rire moqueur.
- Quoi ? S'étrangla Daphné; Je ne vois pas pourquoi il abandonnerait sa carrière, à part peut-être pour voir Hermione.
- Je n'ai pas été en contact avec lui depuis ma quatrième année, expliquai-je pour que toute supposition à ce sujet cesse.
- Et puis franchement, il peut avoir toutes les filles qu'il veut et il choisirait Hermione ? Intervint Drago. Ce serait complètement débile.
- Je te ferais remarquer qu'il m'a choisi en quatrième année pour l'accompagner au bal, donc c'est surement que j'ai quelques qualités, répliquai-je piquée au vif.
Drago leva les yeux au ciel mais ne répondit pas.
- Je vais y aller moi, déclara Pansy en récupérant son sac par terre. J'ai dû travail, ajouta-t-elle devant le regard surpris des garçons.
- Oui, je vais y aller aussi, ajoutai-je.
- Vous êtes sérieuses là ? Demanda Blaise surpris.
- Nous avons les ASPIC à la fin de l'année, vous feriez bien de vous y mettre aussi.
- Mais tu auras tout le week-end pour travailler, insista-t-il
- J'ai d'autres projets pour ce week-end justement, répondis-je en me levant.
- Quels projets ? S'enquit Drago.
Je ne répondis pas et rejoignis Pansy qui était déjà arrivée jusqu'à la porte de la salle.
- Quels projets ? Insista-t-il d'une voix forte.
Je ne répondis pas.

Je ne comptai pas le prévenir de l'arrivée de mon amie. Il m'avait à peine adressé la parole de la soirée, donc il méritait bien de se retrouver devant le fait accomplit en voyant Ginny entrer derrière moi dans le manoir vendredi soir. Mon coeur se mit d'ailleurs à battre à toute vitesse à cette pensée, en réalité j'étais terrorisée par la réaction que pourrait avoir Ginny. Par chance, Drago m'avait dit la veille, que ses parents ne seraient toujours pas là, ce qui allégerait déjà un peu la situation pour Ginny.