Chapitre 12 : Les cicatrices

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  Nous passâmes notre dimanche après-midi à travailler. Drago paraissait très concentré et n'avait même pas ricané une seule fois. Pourtant, j'aimais quand ça lui prenait. J'aimais lever mes yeux vers lui pour essayer de comprendre ce qu'il lui arrivait, en vain, car à chaque fois que je le regardais il avait aussitôt reprit son sérieux.
Drago s'était plongé depuis une bonne heure dans un devoir de métamorphose tandis que je terminai le mien que j'avais commencé beaucoup plus tôt.
- Tu as eu des résultats ? Me demanda-t-il soudain en levant les yeux de son parchemin.
- De quoi tu parles ? Demandai-je en me redressant pour le regarder.
- De la métamorphose, on est en train de faire un devoir dessus, dit-il avec une pointe d'impatience dans la voix. Tu as réussi à changer une partie de ton apparence ?
- Un tout petit peu, j'en parle justement dans ma copie. Et toi ?
- Rien du tout, mais tu as réussi à changer quoi ? Demanda-t-il impressionné.
- Ne t'emballe pas, dis-je en riant, je suis juste parvenue à changer la couleur d'une mince mèche de mes cheveux.
Il me détailla avec sérieux et pour l'aider j'attrapai la mèche en question juste derrière mon oreille droite.
- Mais elle est verte ! S'exclama-t-il.
- Comme tu vois, répondis-je dans un grognement, je n'arrive pas annuler l'effet...
- Je peux voir de plus près ?
Il n'attendit cependant pas ma réponse et se leva. Il contourna la grande table et attrapa la mèche entre ses mains.
- Au moins tu as réussi à la transformer entièrement, les racines sont vertes égal...
Il se stoppa net dans sa phrase.
- Quoi ? Demandai-je alors.
Il ne répondit pas.
- Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ? Insistai-je en récupérant ma mèche de cheveux tout en le fixant d'un air anxieux.
- Qu'est ce que c'est que ces cicatrices derrières tes oreilles ?
- Quelles cicatrices ? Demandai-je en levant les yeux au ciel.
- Accio miroir.
Un miroir atterrit dans les mains de Drago et il m'entraîna dans la salle de bain la plus proche, c'est à dire la mienne. Il m'obligea à me tenir debout face à la glace en face au lavabo et ajusta le petit miroir de poche derrière mon oreille pour que je puisse voir de quoi il parlait. Il s'y prenait mal... J'attrapai moi-même le petit miroir et l'ajustai.
- Mon dieu mais qu'est-ce que c'est ! M'exclamai-je effrayée.
J'avais trois longs traits parfaitement parallèles, comme si un animal qui avait planté ses griffes.
- Tu as la même chose derrière l'autre oreille, lâcha Drago d'un air ahuri.
J'ajustai le miroir derrière mon oreille gauche, et en effet, exactement les mêmes cicatrices y étaient. Le plus troublant étaient qu'elles avaient exactement la même taille. Je rendis le petit miroir à Drago dans un geste brusque pour me frotter l'arrière des oreilles.
- Tu crois que c'est à cause du sortilège de métamorphose ? J'aurais pu faire une erreur !
- Je ne pense pas, répondit Drago, ça doit être là depuis longtemps.
- Mais enfin je l'aurai remarqué !
- Tu penses souvent à regarder derrière tes oreilles ? Moi je ne me suis jamais inspecté à cet endroit.
Je tirai Drago vers moi, le forçai à se tourner et inspectai moi aussi l'arrière de ses oreilles. Il n'y avait rien, évidemment.
Je me mis à me gratter énergiquement à l'endroit de mes cicatrices, elles allaient forcément disparaître. Si je me griffais suffisamment, peut-être que je saignerai et peut-être que ces traces de griffures s'effaceraient !
- ARRÊTE ! S'écria Drago en m'attrapant les mains. Qu'est-ce que tu fous ! Tu vas te faire mal !
- Je veux qu'elles disparaissent ! M'exclamai-je en tentant de me dégager de son contact. Lâche-moi !
- Hermione calme toi... murmura-t-il d'une voix douce. Ce ne sont que des cicatrices, que personne ne voit en plus.
Voyant que je ne me calmais pas il m'attira subitement contre lui et me serra dans ses bras. J'essayai de me débattre pendant encore quelques secondes, mais je dû me rendre à l'évidence que je n'y arriverai pas. Pas avec Drago dont les bras puissants m'empêchaient de bouger. Je me calmai alors peut à peut tandis qu'il me soufflait des paroles rassurantes. Son parfum s'immisça comme la veille dans mes narines, en plus fort. J'avais mon nez plongé dans son cou et j'avais l'impression qu'aucune autre position n'aurait pu être plus agréable. Je passai mes bras autour de son cou, pour l'avoir davantage contre moi. Ses mains à lui, autour de ma taille ne bougèrent pas.
- Pourquoi es-tu parti hier après-midi ? Demandai-je. Pourquoi est-ce que tu m'as laissé seule avec Ginny ?
- Je croyais que c'était ce que tu voulais, répondit-il. Je pensais que tu voudrais passer l'après-midi seule avec ta meilleure amie. Et puis, je ne la connais pas, je ne voulais pas qu'elle se sente mal à l'aise en ma présence, peut-être que..
- M. et Mme Malefoy souhaitent que je nettoie la salle de bain de Mlle Granger.
Nous nous séparâmes lentement dans un profond soupire.
- Qu'est-ce que tu en sais  ? Cracha Drago de mauvaise humeur.
- Je ne pense pas que ce soit urgent, ajoutai-je en constatant que la pièce était tout à fait propre.
- Ils viennent de me le dire. Ils sont rentrés, expliqua-t-il.
J'échangeai un rapide regard avec Drago et nous nous précipitâmes en bas en courant. Drago arriva avant moi et je ne pus que lui lancer une grimace propre aux mauvais perdants.

- Drago ! Hermione ! S'exclama Narcissa le regard illuminé. Vous allez bien ?
La mère de Drago vint nous serrer tour à tour dans ses bras.
- Vous avez passés un bon week-end ? Demanda Lucius qui apparut à son tour dans le couloir.
- Ginny Weasley est venue, déclarai-je alors.
- Weasley ? Répéta Lucius surpris.
- Elle est au courant, intervint Drago.
- C'est une excellente nouvelle ça ! S'exclama Narcissa. Alors, comment ça s'est passé ?
- Bien, elle l'a très bien pris, mais je doute qu'il en soit de même avec mes autres amis.
- Je suis certaine du contraire, m'assura-t-elle cependant.

Nous restâmes avec eux un petit moment, à discuter de leur week-end en France au bord de l'océan.
- Qu'est-ce qu'il fait chaud là-bas d'ailleurs, ce n'est pas croyable !
- J'emmène ma femme en vacances et elle trouve encore le moyen de se plaindre ! S'exclama Lucius.
Narcissa lui lança un regard entendu et allait lui répondre quand elle me fixa étrangement.
- Quelque chose ne va pas Hermione ?
J'avais recommencé à me gratter l'arrière des oreilles, je secouai alors la tête pour leur signifier que tout allait bien.
- Mais dis-leur enfin ! S'exclama Drago en levant les yeux au ciel Et arrête de te gratter !
- Mais qu'est-ce que c'est que cette mèche verte ? S'enquit soudain Narcissa.
- Une mauvaise manœuvre en sortilège...
- Oh c'est ça qui te tracasse ?
Elle s'approcha de moi, pointa sa baguette sur la mèche en question et à son air satisfait je compris qu'elle avait reprit sa couleur d'origine. Narcissa était vraiment une sorcière très douée.
- Ce n'était pas ça le problème d'Hermione, intervint cependant Drago.
Lucius et Narcissa m'observèrent alors sans comprendre.
- Je ... j'ai des traces bizarres derrière les oreilles, dis-je d'une voix tremblante.
Narcissa fronça les sourcils, regarda son mari et reposa enfin les yeux sur moi. Mais son regard avait changé, elle avait l'air triste.
- Nous pensions que tu ne t'en rendrais peut-être jamais compte, annonça Lucius. C'est ...
- C'est quoi ?! M'exclamai-je.
- C'est lié au mauvais sort, marmonna Narcissa mal à l'aise. Celui que Voldemort a lancé contre toi..
- Quoi ? Et vous ne comptiez pas me le dire ?
- C'est que ça ne se voit pas vraiment... nous pensions bien faire Hermione.
- Eh bien vous n'avez bien fait non !
- Hermione ! Gronda Drago.
Il détestait quand je m'adressai de la sorte à ses parents, mais cette fois j'avais plus que raison de me mettre dans cet état.
- Et comment on fait pour l'enlever ?
- On ne peut pas, me répondit Lucius d'une voix grave. On a tout essayé quand tu étais petite, nous t'avons même emmené à Saint Mangouste. Mais les traces de mauvais sorts sont impossibles à faire disparaître.
J'eus la sensation de me prendre un seau d'eau glacé sur la tête. Je haïssais cet homme ! Je haïssais Voldemort. Non seulement j'avais trois orteils noirs et j'étais obligée de me lancer un contre sort pour pouvoir être en contact avec l'eau, mais en plus, j'avais des énormes cicatrices derrière chaque oreille.
Je pris sur moi pour ne rien ajouter, mais je leur tournai tout de même le dos pour remonter à l'étage. Je ne leur en voulais pas pour les cicatrices en question, ce n'était certainement pas de leur faute, mais je leur en voulais de me l'avoir caché. Si Drago ne l'avait pas découvert par hasard, je n'aurais peut-être jamais rien su. Cela me rendait tout bonnement folle !

Je montai d'un pas rageur les escaliers, empruntai le long couloir, ouvris la porte de ma chambre et la claquai violemment derrière moi.  

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