Chapitre 46 : L'état inguérissable d'Hermione

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  Quand j'arrivai dans le salon par la cheminé, Narcissa était là, comme si elle m'avait attendu toute la soirée. Elle me lança tout d'abord un regard inquiet avant de me sourire. Elle m'invita à m'asseoir sur l'un des canapés du salon et ordonna à l'elfe de nous servir à boire.
- Drago sait que tu es là ? Me demanda-t-elle après un long silence.
Je secouai la tête négativement.
- Je savais que tu viendrais me voir tôt ou tard, Drago est venu hier soir, juste après t'avoir vu dans l'eau avec Théodore. Ne t'en fais pas, je ne te juge pas, ajouta-t-elle aussitôt.
- Il est venu ? Répétai-je surprise.
- Oui. Il ne t'a rien dit ?
Je secouai une nouvelle fois la tête. Drago et moi n'avions pas échangé un seul mot depuis hier.
L'elfe apporta un plateau sur lequel il avait déposé une théière et deux tasses de thé.
- Drago a compris avant toi que tu ne pourrais pas oublier ta condition de sirène, que tu ne pourrais pas tirer un trait dessus. Elle fait intégralement partie de toi à présent, m'expliqua Narcissa en remplissant nos deux tasses. Pourquoi es-tu venue Hermione ?
- J'ai apporté un livre, dis-je en levant ma main qui le tenait toujours.
Narcissa jeta un œil à la couverture et la commissure de ses lèvres s'étira légèrement.
- Tu ne trouveras pas ce que tu cherches dedans.
- Et qu'est ce que je cherche d'après toi ?
- A toi de me le dire, répliqua-t-elle d'une voix douce.
Je bue une gorgée de thé.
- Dis-moi la vérité, as-tu connu ma mère ?
- Oui, tu le sais bien.
- Ce n'est pas ce que je veux dire.
- Pose-moi les bonnes questions, insista-t-elle.
J'étais certaine qu'elle savait où je voulais en venir, mais elle voulait que cela vienne de moi.
- Est-ce que Caleen avait des comportements étranges ? Notamment envers Voldemort ?
Je me refusai à l'appeler mon père, il n'en serait jamais un. Même si je ne connaissais pas bien plus Caleen, elle avait voulu me connaitre, elle avait voulu que je m'intègre à son peuple.
- C'est à dire ? Demanda Narcissa d'une voix étrangement calme.
- Est-ce que ma mère avait déjà essayé de le tuer ? Sans pouvoir le contrôler bien sûr, ajoutai-je précipitamment.
- Il avait souvent quelques bandages près du cou, répondit Narcissa. Que s'est-il passé avec Drago ?
- J'ai faillit... J'allais m'en prendre à lui ce soir, avouai-je sans oser la regarder dans les yeux. Si un professeur n'était pas arrivé... Je crois que ... C'est pourquoi je suis venue te voir, juste après.
- Explique-moi ce qu'il s'est passé.
- Je faisais ma ronde, en tant que préfète en chef et Drago m'attendait, au détour d'un couloir. C'est là que c'est arrivé. J'ai sentis un goût dans ma bouche, un mélange de sel et d'alcool. C'est un liquide d'attaque qui permet à nos dents de se fortifier d'après ce qu'on m'a expliqué. Pourtant à aucun moment je n'étais en colère ou triste... Je ne sais pas ce qui a pu se passer, c'est arrivé d'un coup, je n'ai rien pu ....
- Que faisiez-vous à ce moment précis ?
Ma gorge resta nouée. Je ne pouvais tout de même pas décemment lui avouer que son fils et moi nous apprêtions à coucher ensemble au milieu d'un couloir la nuit.
- Je vois... murmura-t-elle. En réalité, j'étais assez proche de ta mère. Du moins aussi proche qu'on pouvait l'être d'une sirène. Elle m'a fait part de quelques détails qui la concernait. Elle n'est malheureusement pas là pour te le dire et ... Après tout, je t'ai élevé comme ma propre fille, ajouta Naricssa en prenant une profonde inspiration. Dans votre peuple, le sexe et la chasse sont très liés, déclara-t-elle.
Je grimaçai et baissai les yeux de gêne en entendant Narcissa prononcer ce mot.
- Par la chasse j'entends la manière de se nourrir, continua-t-elle. Lorsque une sirène a vraiment envie d'être intime avec quelqu'un, au moment où cela est près d'arriver où que c'est déjà en train de se produire, elle a envie de se nourrir en même temps. Réflexe d'ailleurs purement féminin d'après Caleen. Apparemment, les mâles ne se comportent pas de la même manière, surement dû au fait que ce ne sont pas eux qui vont chasser. Ils n'y éprouvent aucun plaisir contrairement aux femelles qui aiment planter leurs dents dans la chair.
Je relevai enfin les yeux vers Narcissa. Même si elle parlait avec beaucoup d'assurance, je voyais qu'elle était effrayée par tout ça. Et je ne pouvais que la comprendre. Son fils et moi étions ensemble et j'avais faillit le mordre à peine heure plus tôt.
- C'est d'ailleurs pour ça qu'il n'existe pas vraiment de roi et que ce sont les femelles au pouvoir. Mordre l'autre pendant l'acte sexuelle est une sorte de soumission. Mais d'après les propos de Caleen, l'homme n'en souffre pas, cela lui procure presque autant que plaisir qu'à la femelle. Du moins, c'est un fait invérifiable.
- Donc Voldemort ne...
- Je n'avais pas ce genre de discussion avec lui, me coupa Narcissa. Je n'ai que la version de Caleen. A-t-elle dire vrai ? A-t-elle mentit ? Je ne sais pas.
- Comment fait-on pour s'en débarrasser ?! M'exclamai-je.
- On ne s'en débarrasse pas. Jamais, insista-t-elle en plongeant son regard dans le mien.
J'avais la conversation la plus gênante de ma vie et à cet instant j'aurais rêvé que Narcissa soit seulement en train de me mettre en garde contre le danger des rapports sexuels non protégés ou autre, comme dans une famille normale. Mais non, moi je risquai de mettre en danger son fils, de lui infliger des blessures et en plus de le soumettre si je recouchais avec lui un jour.
- Les marques restent longtemps ? Demandai-je.
- Ce sont des blessures causées par des créatures magiques. Les sirènes sont des créatures magiques. Voldemort lui-même n'est jamais parvenu à faire totalement disparaître les traces.
Je plaquai ma main sur ma bouche, effrayée.
- Parce que si les marques disparaissaient rapidement, tu n'aurais eu aucun remord ? Me demanda-t-elle cette fois-ci d'une voix froide.
- Non ce n'est pas ce que j'ai voulu dire, fis-je précipitamment.
- Si tu aimes réellement mon fils, tu l'écarteras du danger.
- Du danger ?
- De toi. Je t'aime Hermione, mais j'aime aussi mon fils, commenta-t-elle d'un regard triste. Caleen m'a dit qu'il y avait un bon nombre d'accidents dans son peuple. Qu'il arrivait que des mâles meurent après une morsure qu'une sirène ne serait pas parvenu à stopper. Et étant donné ton peu d'expérience dans le domaine, tu ne parviendras pas à t'arrêter.
Elle était en train de me demander de renoncer à Drago et je savais au fond de moi qu'elle avait raison, que ce serait mieux pour lui. Pourtant....
- Je ne lui ferais jamais de mal, lui assurai-je alors.
- Sais-tu d'où vient la première sirène ?
Je voulu ouvrir mon livre mais Narcissa m'arrêta d'un geste de la main.
- Tu ne trouveras rien là dedans, j'ai cherché bien avant toi des informations sur ta condition lorsque j'ai pris la décision de t'élever.
Je fronça les sourcils, attendant qu'elle poursuive.
- Merlin, le grand merlin avait une femme.
J'ouvris de grand yeux, je n'avais jamais entendu parlé de ça.
- Sa femme était un modèle de beauté et avait une voix merveilleuse. Cependant, elle détestait chanter, cela la mettait trop mal à l'aise. Merlin ne lui demandait donc jamais car tout ce qu'il souhaitait c'était le bonheur de celle qu'il aimait. Un soir cependant, il la surpris dans le lit d'un autre homme. Pour la punir il la changea en une créature jusque là inconnue. Une créature mi-femme mi-poisson. Cependant la seule interdiction pour la sirène de retourner sur la terre ferme n'était pas suffisante à ses yeux. C'est ainsi que la sirène dû boire le sang d'hommes afin de survire et chanter pour les attirer. De plus, la luxure étant le défaut de sa bien aimé, il ordonna le fait que lorsqu'elle coucherait avec un homme, elle n'aurait aucune autre envie que de planter ses dents dans son cou. Et enfin, il rajouta à sa punition qu'elle ne connaîtrait plus jamais le sentiment de l'amour. Elle serait incapable d'aimer. La seule erreur de Merlin fut de ne pas s'apercevoir de l'état de santé de celle qu'il avait aimé. Elle était enceinte.
- C'est une histoire horrible, fis-je remarquer.
- Ce n'est pas une histoire Hermione. Ainsi, sont arrivés les sirènes. Tu ne pourras pas échapper à ta condition.
- C'est ce que tu as dis à Drago hier ? Demandai-je le coeur battant. Non, tu ne lui as rien dit, sinon il n'aurait pas pris le risque de dormir avec moi hier ou de me rejoindre dans le couloir cette nuit.
- Non Drago se posait d'autres questions. Il s'inquiète de ton amour pour lui, fit-elle dans un soupire. Il s'inquiète de retrouver un jour celle que tu étais. Il s'inquiète de l'intérêt que tu lui poteras désormais. Il s'inquiète que tu repartes un jour où l'autre vivre sous l'eau.
- Il s'inquiète pour ça ? M'exclamai-je surprise.
- Il s'inquiète aussi de ne pas te retrouver.
Je la regardai sans comprendre.
- Il dit que tu ne le regardes plus de la même façon.
- Bien sur que si !
Narcissa ma lança un regard entendu qui me troubla. Avais-je vraiment changé ?
- Je ne sais pas comment tu le regardes, mais j'espère que tu ne le regarde pas comme ... Comme ton futur repas.
- Je ne le regarde pas du tout comme ça ! Affirmai-je précipitamment.
Narcissa resta silencieuse quelques secondes avant de poursuivre.
- Qui est au courant pour ta condition ? Qui est au courant de ce que tu es ?
- Demain matin, tout le monde saura.
Narcissa fronça les sourcils.
- Ce matin je me suis rendus à la Gazette du sorcier avec Théodore. J'ai accordé un interview à l'un des journalistes. Je lui ai tous raconté.
- Mais pourquoi ? S'exclama Narcissa surprise.
- Parce que j'en ai marre de tous ces mensonges et secrets autour de moi. Je veux que tout le monde sache une bonne fois pour toute. J'en ai marre que les élèves et professeurs me voient comme la cousine de Drago, j'en ai marre qu'ils me voient comme la fille de Bellatrix.
- Parce que tu as le sentiment qu'être la fille de Voldemort est mieux ? Tu penses qu'être une hybride les rassurera ?
- Au moins c'est la vérité.
- Tu vas te mettre pleins de personnes à dos Hermione....
- Je m'en fiche. Si ces personnes ne voient en moi plus que la fille de Voldemort et d'une sirène ce sera leur choix. Je saurais au moins qui sont mes vrais amis.
Narcissa me contempla quelques instants d'un air inquiet avant de hocher lentement la tête.
- Si c'est ce que tu penses être le mieux je te fais confiance. Après tout je n'ai gardé le secret sur ta condition que pour que tu décides ou non de le révéler plus tard. C'est ton choix Hermione. Mais s'il te plait n'implique pas Drago la dedans. Mettez fin à cette relation qui finira par le tuer.
Sa voix était implorante et je consentis à hocher la tête. Je ne voulais certainement pas laisser tomber Drago, mais si cela pouvait calmer un temps Narcissa ce n'était pas un vrai mensonge. C'était pour son bien.
- Que vas-tu faire quand tu rejoindras le peuple des sirènes ?
- Je ne les rejoindrai pas, déclarai-je. Ma vie est ici, je suis une sorcière avant tout.
Narcissa me lança un regard choqué.
- Es-tu au courant que tu es l'Amande ? Insista-t-elle.
- L'Amerande, corrigeai-je, et je me fiche de cette histoire.
- Tu ne comprends pas... marmonna Narcissa en secoua lentement la tête. Tu es sensé être la futur reine.
- J'ai une soeur et c'est elle qui montra sur le trône.
- Mais ce n'est pas l'Amerande ! Insista Narcissa. Elle n'a pas le pouvoir de l'eau comme seule la reine et l'Amerande l'ont. Ses écailles n'ont pas la teinte de ta queue de poisson. Seule toi pourras monter sur le trône. Ta soeur n'en n'aura jamais le droit, le peuple ne l'acceptera pas.
- Je m'en fiche, qu'ils se débrouillent.
- Hermione... Tu n'as pas vraiment le choix... Tu ne comptes tout de même pas provoquer une guerre entre nos deux peuples ?
- Une guerre ? Répétai-je abasourdis.
- Hermione n'a pas à vivre dans l'eau ! S'exclama soudain une voix d'homme. Hermione est une sorcière, elle appartient à notre peuple, s'il doit y avoir une guerre je me battrai pour elle, déclara Lucius qui se tenait debout dans l'encadrement de la porte du salon. Et tu en feras autant, ajouta-t-il en fixant sa femme d'un regard dur.
- Ne te mêle pas de ça Lucius, tu n'as pas conscience de ce dont les sirènes sont capables.
- Nous sommes des sorciers ! S'exclama-t-il. C'est nous qui aurons le dernier mot.
- Ah oui ? Fit Narcissa d'une voix étranglée en se levant du canapé. Par "on" tu parles de qui ? Tu crois que le monde des sorciers se battra pour protéger une hybride ? Tu crois qu'ils mettront leur vie en jeux pour Hermione ?
- Et Harry Potter alors !
- Hermione est une hybride, tu sais ce qu'en pensent la plus part des sorciers. Je t'aime Hermione, ajouta-t-elle à mon attention, mais tu verras que très peu de gens se rangeront de nôtre côté.
- Peu importe ! Affirma Lucius.
- Et Drago ? Ajouta Narcissa d'une voix aigu. Tu veux vraiment qu'il se relance dans une guerre ? Tu ne penses pas qu'il a été suffisamment en danger à cause de Voldemort ? N'a-t-il pas droit à une vie enfin tranquille ?
- Drago aime Hermione, nous le laisserons décider de ce qu'il veut faire.
- Mais c'est ton propre fils ! S'écria-t-elle.
- Et il est majeur !
Narcissa répliqua quelque chose mais je n'entendis pas. Je m'étais précipitée vers la cheminé pour disparaître et rejoindre le bureau de Mc Gonnagal.

Lorsque je fus de nouveau à Poudlard, la directrice n'était plus dans son bureau et j'en sortis seule. Le trajet pour rejoindre la tour des Gryffondor me paru beaucoup trop rapide, car lorsque j'arrivai devant la portrait de la grosse dame je n'avais toujours pas digérée toutes les informations dont m'avait fait part Narcissa. Une guerre ? Ce n'était pas possible ! Toute cette histoire autour de moi ne pouvait pas mener à ça... D'autant plus que la mère de Drago n'avait pas tord, nous sortions tout juste de la guerre contre Voldemort et la population sorcière ne voudrait certainement pas se relancer dans une autre, d'autant plus pour moi, pour une hybride. Quant à Drago... Je savais pertinemment que j'étais un danger pour lui et apparemment notre relation se raccrochait un fil très fin. Il avait dit à Narcissa qu'il me trouvait changé ? Était-ce vrai ? Le regardais-je vraiment d'une autre manière ?

Lorsque je montai dans ma chambre, toutes les filles dormaient à point fermé et je me glissai silencieusement dans mon lit. De tout façon, demain tout le monde serait au courant pour moi, cela me donnerait une idée sur la direction à suivre. Cette réflexion m'effraya soudain et je compris ce que Harry avait enduré durant toutes ces années. Comment avait-il pu supporter de savoir que la guerre se déroulait autour de lui ? Comment avait-il pu supporter de voir les gens se battre et mourir pour lui ? Même si certaines personnes demeuraient de mon côté après l'article du journal, aurais-je envie qu'ils se battent pour moi ? Pourrai-je assumer de tous les mettre en danger ? Je ne pouvais pas permettre ça, je ne pouvais pas déclencher une guerre seulement parce que j'étais égoïste et que je voulais rester vivre sur terre...  

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