Chapitre 16 : La folie de Drago

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  J'étais restée tard à la bibliothèque, mais au moins j'avais finis ma dissertation et j'étais presque certaine que Harry n'avait pas encore écrit une ligne. Je m'étais retenue plusieurs fois de regarder si Drago m'avait écrit et là encore, en sortant de la bibliothèque je n'ouvris pas le carnet. En réalité je souhaitais vraiment qu'il m'ait écrit et je me plaisait à l'imaginer en train de s'énerver parce que je ne répondais pas. Drago n'était pas quelqu'un de très patient. Cependant, je ne voulais pas non plus vérifier dans le carnet, car je savais que je serais incroyablement vexée si il n'y avait rien d'inscrit. Je ricanai en levant les yeux au ciel. Heureusement que personne n'avait la capacité de lire dans mes pensées, on m'aurait pris pour une folle.

Quand je passai enfin le portrait de la grosse dame vers vingt-deux heures passées, une tête rousse me fonça dessus pour m'empêcher d'entrer. Je laissai Ginny me tirer dans le couloir étonnée.
- Harry se doute de quelque chose ! S'exclama-t-elle à voix basse. A midi, quand on a déjeuné tous les deux dans le parc, il m'a dit qu'il t'avait vu dans la salle commune des Serpentards. Bien sûr j'ai dis que je n'en savais rien, mais il va venir te...
- Calme toi Ginny, la coupai-je. Harry me l'a dit à la fin des cours.
- Et donc ? Insista-t-elle.
- Je lui ais dit qu'il se trompait et il ma cru, avouai-je honteuse. Il me fait tellement confiance... Mais j'aimerais lui annoncer en même temps que Ron et je veux que tu sois là le moment venu.
- Hermione... Tu ne fais que reculer et au final plus tu attends pire ce sera.
Je savais qu'elle avait raison, mais j'avais tellement peur de leurs réactions.
- Quand est-ce que Ron revient à Poudlard ? Demandai-je.
- Après-demain normalement. Je pense qu'il faudrait prévoir un moment dans la semaine, les prévenir que tu as à leur parler.
- Je ne vais pas leur donner un rendez-vous pour ça !
- Oh si, répondit Ginny en hochant la tête. De cette manière cela fixe une échéance et tu ne pourras plus reculer une nouvelle fois.
- Oui c'est bien ce qui me fait peur, mais tu as raison, dis-je dans un profond soupire.
Ginny allait me répondre quand elle s'arrêta la bouche ouverte et le début de sa phrase mourra dans sa gorge. Je voulu la questionner, mais elle avait les yeux fixés sur mon sac de cours.
- Qu'est-ce qu'il y a ? Demandai-je en baissant le regard à mon tour.
Ginny ne répondit pas et je fronçai les sourcils en constatant que mon sac rayonnait de l'intérieur. Je l'ouvris un peu effrayée. Une intense lumière m'éblouit et je mis enfin la main sur quelque chose de très chaud. Le carnet ! Je le sortis aussitôt pour constater que c'est lui qui engendrait cette intense lumière.
- C'est le carnet que t'a offert Malefoy ? Me demanda Ginny.
- Drago, corrigeai-je. Et oui c'est lui qui me l'a offert. Mais je ne comprends pas ce qu'il se passe.
- Ouvre pour voir.
Je suivis son conseil et le rayonnement cessa aussitôt. Le carnet retrouva également une température normale et je vis que Drago m'avait laissé plusieurs messages que j'entrepris aussitôt de lire le coeur battant. Il m'avait écris et j'avais l'impression que rien ne pourrait me rendre plus heureuse en cet instant. Il m'avait écrit.

" Je te conseille de le dire à Potter cette semaine, tu t'enfonces de plus en plus Hermione..."

" Alors ? Tu comptes le faire ? Parce que ce n'est pas que j'en ai marre de passer pour le méchant Serpentard mais presque !"

" Ne te méprend pas, j'adore cette image qu'on a de moi, mais j'aimerais bien te parler normalement dans les couloirs et nos amis sont d'accord avec moi"

" Tu sais que je te vois jeter des coups d'œil au carnet sans l'ouvrir ? Je suis à une table pas très loin de toi"

" Je pars de la bibliothèque, tu as intérêt à me répondre dans les minutes qui suivent"

" Tu fais la gueule ? Laisse-moi rire ! Je suis sur que tu as ouvert le carnet maintenant et que tu as lu. Je te rappelle que c'est à moi de t'en vouloir et pas l'inverse ! "

" Pourquoi tu ne descends pas manger ? Tu es avec Krum ? Parce que bizarrement il n'est pas à la table des professeurs lui non plus"

" Il est vingt-et-une heure ! Je t'attends dans la salle sur demande, tu as intérêt à venir."

" Pourquoi tu restes aussi longtemps avec lui ? Qu'est ce que vous avez de si long à vous raconter ?"

" Je te promet que si j'apprends que tu es en train de coucher avec lui, je le tue. ET TOI AUSSI !"

" CA FAIT UNE HEURE QUE J'ATTENDS ! Si tu n'es pas là a vingt-deux heures trente, ça va très mal se passer"


Une fois ma lecture terminée, je levai vers Ginny un regard ahuri. Alors qu'elle m'interrogeait du regard je lui tendis le carnet pour qu'elle constate elle-même l'état psychotique de Drago. Elle prit quelques minutes pour lire et quand elle me regarda de nouveau, elle paraissait complètement choquée elle aussi.
- C'est vrai que Krum n'était pas là au repas, tu étais avec lui ?
- Non.
- Hermione !
- Non je te promet, je suis restée à la bibliothèque tout ce temps.
Ginny posa un bref regard sur sa montre.
- Il est bientôt vingt-deux-heures trente, tu devrais te dépêcher.
- Vu l'état dans lequel il se met, il est HORS DE QUESTION que j'aille le rejoindre, répliquai-je.
- Tu vas le tuer Hermione...
- Et moi alors ? Je pensais que ce carnet était un super cadeau, qu'on pourrait tranquillement discuter tout les deux, mais au lieu de ça, il passe son temps à m'agresser !
- Réponds-lui au moins que tu n'étais pas avec Krum, insista Ginny.
- Parce que tu penses qu'il va me croire ? Je comprends vraiment pas pourquoi il se met dans un état pareil, et non Ginny, ce n'est pas parce qu'il s'intéresse à moi, ajoutai-je en la voyant me lancer un regard entendu. Tout ce qui l'intéresse de toute façon, c'est que je ne ternisse pas sa réputation auprès de nos amis communs. Là, on dirait un fou, franchement... Il me fait presque peur.
- Va le voir, se contenta de répondre Ginny, ou écris-lui. Mais fais quelque chose.

Je rouvris le carnet pour lui dire que j'allais bientôt le rejoindre et sa réponse s'afficha presque instantanément.
- Le pauvre... murmura Ginny. Il avait visiblement le carnet ouvert sous les yeux depuis je ne sais pas combien de temps à attendre ta réponse.
- Je te rappelle qu'il ne t'a jamais fait de peine ces derniers années.
Ginny me fit signe d'un air paniqué de regarder ce qu'il m'avait répondu.

" NE TE DONNE PAS CETTE PEINE ! J'ARRIVE ! "

Il arrivait ? Mais il arrivait où ? Je lança un regard hésitant à Ginny.
- Il va voir Krum ! Tu sais où est son petit appartement ? Me lança-t-elle.
Je ne répondis rien, trop effarée par ce qui était en train de se passer. Mais pourquoi m'étais-je donc retenue toute la soirée d'ouvrir ce fichu carnet !
- Hermione ! S'écria Ginny. Tu es préfète en chef, je suis sur que tu sais où est son appartement.
- Oui oui, j'y vais... répondis-je le coeur battant.
Voyant que je ne bougeai pas pour autant, Ginny me donna une tape dans l'épaule et je me mis aussitôt à courir pour descendre les escaliers jusqu'au rez-de-chaussé.

Mais pourquoi diable était-il situé au rez-de-chaussé ! Parce qu'il était professeur de vol et que ses cours se faisaient à l'extérieur évidemment ! Drago allait forcément arriver avant moi, et mon dieu ! Qu'allait-il se passer ? Allait-il accuser Victor de quelque chose qu'il n'avait pas fait ? Non seulement il risquait de griller ma couverture mais en plus j'allais passer pour une idiote. Parce que mine de rien, Victor n'avait jamais sous entendu qu'il s'intéressait de près ou de loin à moi.
Je courus encore plus vite si c'était possible et j'arrivai enfin devant la porte close de l'appartement. Je m'arrêtai quelques instants pour reprendre mon souffle, puis collai mon oreille à la porte. Il n'y avait pas le moindre bruit, mais après tout, la plus part des pièces privées de Poudlard étaient insonorisées pas un sort. J'allais frapper à la porte quand j'entendis un profond soupire derrière moi.
- Tu n'étais pas avec lui, lâcha la voix de Drago que j'aurais pu reconnaître entre mille.
Je me retournai alors vers lui. Il était adossé à un mur dans la pénombre. Le manque de lumière m'avait empêché de le voir. Il semblait complètement lessivé.
- Non je n'étais pas avec Victor Krum, répondis-je alors en me rapprochant de lui. Je suis restée à la bibliothèque tout ce temps, j'avais ....
- Un devoir à faire, termina Drago à ma place.
J'avais l'impression que tout le poids du monde s'élevait de ses épaules. Il se rapprocha de moi et me serra avec force dans ses bras. Je ne pus que me laisser faire, car après tout, ses bras étaient l'un des endroits où je préférais être. Plus il me serrait et plus je me rendais compte de l'état de désespoir qu'il avait dû ressentit un peu plus tôt. Apres quelques secondes, il me lâcha enfin et s'écarta quelque peu de moi. Cependant, il attrapa mon visage dans ses mains et planta son regard dans le mien.
- Pourquoi tu ne m'as pas répondu ?
- Je ne sais pas, pour t'embêter je crois, avouai-je. C'était stupide, mais il ne fallait pas te mettre dans un état pareil pour autant.
- Hermione, insista-t-il en resserrant son emprise entour de mon visage, j'ai cru que tu étais en train de coucher avec lui ! Est-ce que tu te rends compte ?
- Cela m'arrivera bien un jour Drago, pas avec lui, mais ça arrivera.
- Non, je ne veux pas. Pas toi...
Il semblait souffrir atrocement et alors que j'allais lui répondre, je m'arrêtai. Un de ses pouces remontait lentement jusqu'à mes lèvres et bientôt les touchèrent. Cela ressemblait même à une caresse, ce qui eut pour conséquence de me figer totalement. Il me fixait toujours aussi intensément et je ne parvins pas à détourner les yeux, comme paralysée par son regard d'acier. Nous ne nous étions jamais regardés de cette manière, pas de si près, pas aussi longtemps. Son pouce glissa lentement sur ma lèvre du bas et je fus toujours incapable de faire le moindre mouvement. Pas parce que j'étais effrayée ou stupéfaite, mais parce que je n'avais pas envie de briser cet instant. Je n'aurais voulu être à aucun autre endroit qu'ici avec lui. Son pouce continuait de passer sur mes lèvres avec une lenteur extrême tandis sur son autre main glissa tout aussi lentement le long de ma mâchoire, de mon cou, pour enfin s'arrêter sur ma nuque. Je déglutis difficilement et le visage de Drago s'approcha lentement du mien. J'avais l'impression que mon cerveau ne fonctionnait plus, je ne parvenais pas à penser à autre chose que Drago s'approchant dangereusement de moi. Bientôt nos lèvres furent si proche que je me demandai comment elles ne se touchaient pas encore. Le couloir était si silencieux que je parvenais à entendre les battements de mon propre coeur et je me demandai si Drago les entendait aussi.
- Hermione... laissa-t-il échapper dans un souffle, je ne sais pas ce qu'on est en train de faire mais...
Il planta son regard dans le mien tandis que je baissai les yeux jusqu'à ces lèvres. Elles ne m'avaient jamais paru aussi attirantes que ce soir. Drago ne termina pas sa phrase et ses lèvres se posèrent enfin sur les miennes. Je me laissai faire et accompagnai même le mouvement, hésitant mais déterminé de nos deux bouches réunies. La main que Drago avait posé sur ma nuque se fit pressante et j'attrapai à mon tour sa tête entre mes mains pour que son corps se colle au mien. Je n'aurais jamais imaginé que l'embrasser pouvait être aussi agréable, je n'aurais jamais imaginé me sentir aussi bien dans ses bras. C'était comme si j'étais parfaitement à ma place à cet instant précis. Les pieds de Drago bougèrent et son mouvement me fit reculer jusqu'à ce que mon dos touche le mur en pierre, pourtant nos lèvres ne se décolèrent pas d'un pouce. Nous nous embrassâmes ainsi pendant encore quelques secondes supplémentaires avant que nos visages ne s'écartent de quelques centimètres. Quand le contact de nos lèvres se rompit j'eus une désagréable impression de manque. Je sentis le regard insistant de Drago et je levai les yeux vers lui. Il avait l'air complètement décontenancé par ce qu'il venait de se passer et j'étais certaine d'avoir exactement la même tête que lui à cet instant. J'avais toujours mes bras enroulés autour de son cou sans que je puisse y remédier et les mains de Drago avaient également conservés leurs places.
- Ca va ? Me demanda-t-il.
Je n'eus pas le loisir de répondre car la porte de l'appartement juste à ma droite s'ouvrit soudain sur Victor. Il sursauta en nous voyant et s'arrêta quelques secondes pour détailler nos visages. Mes mains glissèrent lentement de Drago pour revenir le long de mon corps et il fit de même.
- Vous devriez être dans vos dortoirs non ? Demanda Victor d'une voix hésitante.
- Moi je suis préfète en chef, parvins-je à répondre.
- Et moi, je devrais y être par contre, fit Drago qui ne semblait pas être dans son état normal.
- Bon bah vas-y vite avant qu'un professeur te surprenne, lui lança-t-il.
Il se tourna ensuite vers moi et me demanda où se trouvait l'infirmerie. Je lui répondis et nous le regardâmes emprunter les escaliers et disparaître.
Drago se tourna vers moi d'un air hébété.
- On devrait aller se coucher, murmurai-je à voix basse.
Il acquiesça d'un signe de tête et nous marchâmes jusqu'au grand escalier devant lequel il s'arrêta.
- Bonne nuit Hermione, murmura-t-il d'une voix douce avant de me faire un léger signe de main et de disparaître en direction des cachots.

Le retour jusqu'au dortoir des Gryffondor ne m'avait jamais pris autant de temps et pourtant j'avais l'impression d'être monté à une vitesse ahurissante. Je ne parvenais pas totalement à réaliser ce qu'il venait de se passer. Drago et moi nous étions embrassés, alors que j'avais assurée à Ginny qu'elle était totalement à côté de la plaque. Que nous avait-il prit ? Je n'arrivais pas à m'en remettre et pourtant j'aurais tout donné pour revivre ce moment avec Drago. Je n'aurais jamais imaginé autant aimer l'embrasser, aimer être proche de lui de cette manière.
Après être restée immobile plusieurs minutes de suite devant le portrait de la grosse dame, j'entrai enfin dans la salle commune grouillante d'élèves. Je vis Ginny  occupée à discuter avec des filles de son année. Harry quant à lui était attablé à la grande table accompagné de Deans et Seamus des parchemins de cours étalés devant eux.
- Ca ne va pas Hermione ? Me lança Harry inquiet quand je passai près de lui.
- Si tout va très bien, répondis-je sans m'arrêter de marcher.
Alors que j'allais monter les petits escaliers menant au dortoir des filles, Ginny me tira en arrière par le bras.
- Qu'est ce qu'il s'est passé ? Demanda-t-elle à voix basse d'un air inquiet.
- Rien.
- Hermione, on dirait que tu as croisé tu-sais-qui dans les couloirs.
- Je... je ne raconterai demain, je vais me coucher là.

En réalité j'avais besoin d'être seule et je fus ravie de constater qu'aucunes des filles n'étaient encore montées, lorsque j'arrivais enfin dans notre grande chambre. J'avais besoin de silence pour réfléchir à ce qu'il venait de se passer. Je me déshabillai lentement et me glissai aussitôt sous les draps de mon lit, le carnet noir posé sur mon ventre. Qu'avions-nous donc fait avec Drago... Nous nous entendions si bien depuis toujours que je refusais d'imaginer ne serait-ce qu'une second,e que cela gâche à jamais notre relation.
J'ouvris le petit carnet noir, mais malheureusement Drago n'avait rien écrit. Les dernières horribles phrases qu'il avait écrites semblaient particulièrement étranges après ce qu'il venait de se passer.

Mon identitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant