Chapitre 44 : Un retour difficile

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  Je n'avais pas été seule avec Drago un seul instant depuis que j'avais repris forme humaine. Ce dernier s'était bien sûr empressé de me cacher de la vue des autres en se déshabillant lui même pour me donner ses vêtements, ce qui avait provoqué plusieurs rires. Cependant, tout ce que je souhaitais c'était être seule avec Drago. Je voulais respirer, m'allonger sur un canapé à ne rien faire dans ses bras. Mais au lieu de ça nous étions tous réunis, jeunes comme adultes afin d'éclaircir tout le monde sur mon histoire. Les adultes avaient finit par avouer ce qu'ils savaient à mon propos et chacun eu le loisir de témoigner sa réaction, mais j'avais l'impression que personne ne s'intéressait vraiment à ce que je pensais de tout ça moi.
Pansy était bien trop occupée à de disputer avec sa mère qui lui avait caché la vérité alors que Dean tentait de lui changer les idées en tirant piteusement sur sa main. Drago reprochait à sa mère de nous avoir laissé croire que nous étions cousins ce qui aurait pu lui gâcher la vie. George posait des questions à Narcissa sur les propriété de la sirène coupant fréquemment la parole à Drago. Luna s'était mis à chanter doucement ce qui lui donnait des allures de folle. Harry reprochait à ceux qui voulaient bien l'écouter qu'il était très en colère de pas avoir été mis au courant, surtout concernant mon lien de parenté avec Voldemort. Ron appuyait son meilleur ami en rappelant à tout le monde que Harry nous avait tous sauvé. Kingsley et MacGonnagal étaient plongés dans une conversation sérieuse au sujet du peuple des sirènes en me lançait des coups d'œils inquiets. Ginny s'époumonait en demandant aux autres de se taire pour m'écouter, mais c'était finalement elle qui faisait le plus de bruit. Quant à moi, j'étais assise sur l'un des fauteuil de mon salon à regarder tout ce petit monde s'agiter. Seule Théodore sembla se rappeler de ma présence et vint s'asseoir sur l'accoudoir de mon fauteuil.
- On pourrait presque jouer une pièce de théâtre, lâcha-t-il à voix basse ce qui me fit sourire.
Premier sourire de la journée par ailleurs. Je lui fis un discret signe de tête en direction de la cuisine et nous nous éclipsâmes tous les deux en silence sans que personne ne s'en rende compte.
Après avoir refermé la porte de la cuisine derrière moi je laissai un profond soupir s'échapper de ma bouche. Théodore ouvrit une bouteille de vin et nous servit tous les deux, pendant que je m'asseyais sur l'une des chaises hautes de la cuisine. Nous restâmes quelques minutes silencieux à savourer le vins tout en tout fixant mutuellement.
- Tu sais tout à l'heure, j'ai bien cru que tu allais arracher la tête de Drago...
- Pour ne pas te mentir j'allais en effet le tuer, dis-je d'une voix honteuse. J'étais vraiment en colère.
- Oui, et l'instant d'après tu étais prête à coucher avec lui, dit-il amusé en attrapant une grappe de raisin dans la corbeille de fruit.
- D'ailleurs j'en sentis un truc au niveau de mon bas ventre...
- Les sirènes ont un bas ventre ? Demanda-t-il en haussant les sourcils moqueur.
Pourtant je savais ce que j'avais ressentis. Ma queue de sirène c'était ramolli à cet endroit précis.
- Je crois que j'ai compris comment les sirènes faisaient pour ...
Théodore haussa un sourcil moqueur.
- Je crois qu'un trou s'est formé pour accueillir tu sais quoi.
- Et tu penses que lorsque tu es en face d'un triton s'est l'inverse qui se produit ? Qu'une sorte de sexe en sort ? Fit-il amusé.
- Précisément, répondis-je d'une voix très sérieuse.
Théodore fit une grimace en avalant un nouveau grain de raisin.
- C'est comment d'être une sirène ?
- Tu es bien le premier à me poser la question, fis-je remarquer.
Il ne répondit pas et attendit que je poursuive.
- On s'y habitue étrangement vite. C'est très bizarre d'avoir la possibilité de se déplacer dans tout l'espace qu'on a et de ne pas être cantonné à avoir les pieds fixés au sol. On se sent plus libre en quelque sorte.
- Ca doit être génial.
J'acquiesçai d'un hochement de tête.
- Tu vas y retourner ? Demanda-t-il.
Théodore du sentir que j'étais mal à l'aise face à sa question et il changea de sujet.
- Drago a été plus insupportable que jamais durant ton absence. Il nous a forcé à te chercher à la nage.
Je haussai les sourcils.
- Je te jure, insista-t-il en riant.
- Eh bien vous auriez pu me chercher longtemps avant de me trouver, fis-je en levant les yeux au ciel.
- Quand Pansy lui a dit qu'elle en avait marre et que son idée était stupide, j'ai cru qu'il allait la tuer. On est sortit dehors dans le but d'en parler avec les adultes et c'est là qu'on t'a vu. Heureusement d'ailleurs. Pansy et Dean sont ensemble au fait, ajouta-t-il.
- C'est ce que j'ai cru voir, dis-je amusée. Et ça se passe bien ? Je me souviens que cela s'était assez mal finit entre lui et Ginny l'année dernière.
- Je ne m'en fait pas pour elle ! S'exclama-t-il. Elle le mène à la baguette...
- Ca ne m'étonne pas ! M'exclamai-je en riant.
La porte de la cuisine s'ouvrit brusquement sur Drago qui nous dévisagea de longues secondes. Il ne dit cependant pas un mot, s'approcha de l'évier, se remplit un verre d'eau et ressortit en refermant la porte derrière lui.
- Qu'est ce qu'il a ?
- Tu connais Drago... fit Théodore en soupirant. Il n'est capable de n'éprouver qu'un sentiment à la fois. Et là, il est en colère contre sa mère.
J'éclatai de nouveau de rire.
- Tu vas revenir à Poudlard hein ? Tu as déjà loupé pas mal de cours, ajouta-t-il comme pour me convaincre.
- Bien sûr! Je demanderai à Drago ses notes !
- Drago n'est pas retourné en cours depuis ta disparition le jour de l'an. Je te passerai les miennes si tu veux.
- Encore mieux !
Théodore m'adressa un regard surpris.
- Les cours de Drago sont toujours agrémentés de petites notes stupides. Par exemple, pour l'histoire de la magie, il rajoute ses petites remarques personnelles sur ce qu'il pense. Et autant de dire que ce n'est pas souvent très intelligent.
La porte de la cuisine se rouvrit cette fois-ci sur Blaise et il lança un Théodore un regard noir.
- Ne viens surtout pas nous aider ! S'exclama-t-il avant de claquer la porte derrière lui.
- Les aider à quoi ? Demandai-je en me tournant vers mon ami.
- Bonne question, fit-il en écarquillant les yeux de surprise. Surement à faire entendre la parole des jeunes face à celles des adultes, concernant leurs cachotteries à ton sujet. Ca me fatigue... Ajouta-t-il.
Je n'eus pas le temps de répondre que la porte s'ouvrit de nouveau sur la mère de Théodore.
- Toi aussi tu es allé crapahuter dans l'océan comme un idiot ? Lui demanda-t-elle sévèrement.
Je ne pris pas le temps de réfléchir davantage. J'attrapai subitement le bras de Théodore et transplanai avec lui. Lorsque nous posâmes les pieds par terre nous étions sur une plage.
- On peut transplaner de chez toi ? S'exclama-t-il surpris.
- Seulement moi, vous vous êtes obligés de passer par dehors, dis-je en souriant.
- On est où ?
- Pas bien loin, juste 3 kilomètres après ma maison. Tu vois au bout là-bas, dis-je en désignant un point presque invisible. C'est ma maison.
Théodore me remercia de lui avoir momentanément évité une confrontation avec sa mère et laissa tomber ses fesses sur le sable. Quant à moi, je m'étais le plus possible approchée des vagues qui s'avançaient un peu plus sur la plage à chaque fois. Mon regard se perdit à l'horizon et j'appréciai que Théodore me laisse réfléchir en silence à ce qu'il s'était passé ces derniers jours. C'était étrange mais j'avais l'impression que le contact avec l'eau me manquait et j'avais de nouveau la perception du froid du mois de janvier. Je n'étais plus protégée par mon état de sirène. J'entendis Théodore frissonner derrière moi mais il ne fit aucun commentaire. Il avait toujours eu cette qualité, il savait quand se taire. Il y avait tellement de choses que je ne savais pas à propos du monde sous-marin, tellement de questions que je n'avais pas pensé à poser sur le moment. Quelle était exactement la place des hommes dans leur peuple ? Les enfants allaient-il à l'école ? Quelle était leur durée de vie, eux qui ne vieillissait plus à partir de vingt ans ? Comment occupaient-ils réellement leurs journées ? Avaient-il des ennemis mis à part les humains dont ils se nourrissaient ? Comment parvenaient-il à garder leur existence totalement secrète ou presque ?
- Tu ne veux pas te transformer ? Me demanda soudain Théodore.
Je me rendis compte que j'en avais extrêmement envie. J'ôtai alors mes chaussures et mes chaussettes et plongeai mes pieds dans l'eau glacée. L'eau était si froide que j'avais l'impression que de petites lames s'enfonçaient dans mes chevilles.
- Il faut que je me déshabille, lançai-je mal à l'aise à Théodore.
Celui me tourna aussitôt le dos et j'enlevai mes vêtements un à un, secouée de tremblement. Il ne devait pas faire plus de 2°C. Pour éviter d'éterniser cette désagréable sensation je me jetai en une fois dans l'eau pour être totalement immergée. Après avoir eu la sensation que ma tête allait exploser à cause du froid, je sentis soudain mon corps se réchauffer, mes paupières transparentes se mettre en place au dessus de mes yeux comme un film protecteur, mes cicatrices à l'arrière de mes oreilles s'ouvrir et bien sûr mes jambes se resserrer pour ne former plus qu'un membre. Quand je ressortis la tête de l'eau, le soleil fut de nouveau très chaud et j'appelai Théodore pour qu'il se retourne. La taille de mes cheveux me permettaient de cacher toute juste ma poitrine, ce qui était pratique.
- C'est fou ! Lâcha mon ami en s'approchant le plus possible de l'eau tout en se frottant vigoureusement les bras dans le but de se réchauffer.
- Tu me donnes froid ! Dit-il en riant.
- Au contraire, je trouve qu'il fait vraiment très chaud hors de l'eau. Quand on est une sirène, ajoutai-je aussitôt. J'ai même l'impression que je vais prendre un coup de soleil si je reste trop longtemps la tête hors de l'eau, mais je ne pense pas que ce soit possible...
- Les sirènes sont toutes aussi belles que toi et celle de toute à l'heure ? Ivany je crois...
Venant de n'importe qui le compliment aurait été perçu comme tel, mais venant de Théodore c'était plus une constatation qu'autre chose.
- Elles sont toutes magnifiques ! Répondis-je alors. Les garçons aussi d'ailleurs.
- Tu aurais peut-être dû rester là-bas alors, fit-il en riant.
Théodore semblait avoir envie de me rejoindre, mais il ne quitta pas l'eau des yeux semblant se rappeler toutes les cinq secondes à quel point il aurait froid si il faisait cette bêtise.
- Je veux essayer quelque chose ! M'exclamai-je soudain.
Après tout, Ô, l'elfe de l'eau l'avait fait pour m'aider. Certes nous n'étions absolument pas le même genre de créature, mais nous avions tout de même l'eau en commun. Je me rapprochai de la plage du mieux que je le pu en m'agrippant au sable.
- On dirait que tu es en train de mourir et de venir t'échouer sur la plage, me fit remarquer Théodore d'une voix moqueuse.
Je lui lançai un faux regard noir avant de tirer sur une mèche de mes cheveux. La douleur m'arracha une petite grimace sous l'œil médusé de mon ami qui ne comprenait assurément pas mon geste.
- Attrape ! Dis-je en lui tendant mes cheveux.
Cette fois il me regarda comme si j'étais folle.
- Fais-ce que je te dis, insistai-je. Et enroule les cheveux autour de ton cou.
Il me considéra quelques instants d'un air stupide, puis, face à mon regard insistant, fit ce que je dis. Cependant rien ne sembla se passer et Théodore leva les bras en l'air comme pour attendre une intervention divine.
- Ca ne marche pas, marmonnai-je agacée.
- Tu t'attendais à quoi au juste ? Demanda-t-il intrigué.
- Je voulais que ...
Je m'arrêtai au milieu de ma phrase car Théodore poussa une exclamation de surprise. Je lui lançai un regard apeuré. Peut-être avais-je été stupide de faire ce genre de chose. Les sirènes étaient de grand prédatrices et peut-être que ma mèche de cheveux était en train de l'étrangler.
- J'ai chaud... Commenta-t-il soudain d'un air médusé. Ce sont tes cheveux qui font ça ?
- Super ! M'exclamai-je soulagée. Ca veut dire que ça marche ! Tu peux venir dans l'eau, insistai-je en lui lançant un sourire encourageant.
Il me considéra quelques instants avant de retirer le gros pull qu'il portait, non sans appréhension. Une fois torse nu il dû se rendre à l'évidence qu'il ne craignait plus le froid.
- Je n'ai ni chaud, ni froid, fit-il remarquer. La température est juste parfaite.
Il retira son pantalon pour se retrouver en caleçon, puis enfin ses chaussures et ses chaussettes. Il avança son pied avec précaution dans l'eau et y plongea son gros orteil se préparant à faire une grimace.
- Je ne sens rien ! S'exclama-t-il surpris. Enfin si je sens l'eau, mais ce n'est ni chaud ni froid...
Je tendis alors mes doigts au maximum afin de pouvoir contrôler l'eau et fis alors apparaître un mur d'eau entre nous d'eux.
- Comment tu fais ça ! S'exclama-t-il d'un air méduse. Toutes les sirènes le peuvent ?
- Non, juste la reine et sa fille, répondis-je d'un air fière. Allez plonge au travers !
Théodore sembla hésiter quelques secondes, mais il plongea finalement la tête la première et traversa la cascade que je venais de créer. Lorsqu'il ressortit la tête de l'eau il m'adressa un regard impressionné. Il semblait au comble de l'excitation ce qui me fit rire.
Nous crapahutâmes dans l'eau un bon moment. Je fis des pointes de vitesse sans, puis avec mon pouvoir liée à l'eau, sous son regard admiratif. Il resta un bon moment à inspecter le fonctionnement de ma queue de poisson sous l'eau, ce qui nous pris bien quinze minutes étant donné qu'il devait fréquemment remonter à la surface pour respirer. Nous nous rendîmes compte que nous étions vraiment restés dans l'eau longtemps lorsque nous vîmes le soleil qui commençait à se coucher.
- On devrait peut-être rentrer ? Proposai-je.
Théodore hocha la têt mais me demanda tout de même de faire des derniers tour avec l'eau. Je m'employai alors à lui faire plaisir tout en faisant glisser l'eau dans les air.
- C'est magnifique, dit-il. Et tout sa sans baguette magique.
Je laissai cependant l'eau retomber avec fracas dans l'océan.
- Vous vous amusez bien ? Demanda Drago d'une voix froide.
Il se tenait face à nous sur la plage, emmitouflé dans un gros manteau.
- Vous êtes à poils ?
Je fis sortir le bout de ma queue de sirène pour répondre à Drago et Théodore s'empressa de sortir de l'eau en caleçon. Il se sécha rapidement à l'aide d'un sort et se rhabilla à une vitesse tout aussi impressionnante.
- Tu restes dans l'eau toi ? Me lança Drago d'une voix sifflante.
- Viens donc me chercher ! Lui lançai-je sur un ton défis.
- Je ne suis pas suicidaire moi, répondit-il un gratifiant son ami d'un regard désapprobateur. Je ne tiens pas à attraper une pneumonie.
J'aurais pu lui expliquer que grâce à mes cheveux enroulés autour de son cou, il n'y aurait eu aucun soucis, mais je n'en avais pas envie. Il ne le méritait pas et son humeur massacrante me gâchait l'instant que j'avais passé avec Théodore.
- On se voit demain à Poudlard, je t'apporterai toutes mes notes au petit déjeuné, fit Théodore avant de transplaner.
Drago et moi nous retrouvâmes seuls à nous toiser d'un air peu amicale, puis il transplana à son tour.

Une heure passa avant que je ne rejoigne ma maison. Sortir de l'eau n'avait pas été si désagréable que la première fois dans l'après-midi, car cette fois-ci j'avais pensé à enrouler mon cou de l'un de mes cheveux par précaution. Cela avait superbement bien marché.
Après avoir pris une douche rapide je rejoignis ma chambre en constatant qu'elle était affreusement vide. Malgré les commentaires désagréables de Drago sur le plage, je m'étais tout de même attendu à ce qu'il soit là. Comme quoi... Les gens nous décevaient souvent. Je me couchai avec tristesse en ayant la désagréable impression que quelque chose s'était brisé entre Drago et moi. Avec n'importe quel autre garçon j'aurais mis l'attitude de Drago sur le compte de la jalousie, mais je savais que ce n'était pas le cas pour lui, du moins pas avec Théodore. Non il y avait autre chose qui avait causé un malaise entre nous deux et c'était sans aucun doute ma condition de sirène. Pourtant, j'avais embrassé Drago sur la plage, lorsque je m'étais allongée sur lui dans le but de le tuer. Il m'avait dit qu'il m'aimait, alors qu'avait-il pu bien se passer dans sa tête après ? Avait-il seulement dit ça pour que je ne lui fasse pas de mal ? Pour que je revienne parmi le monde des humains ? Je sentis les larmes me monter aux yeux mais elles ne coulèrent pas car j'entendis la porte de ma chambre s'ouvrir doucement. Je ne bougeai pas d'un cil et bientôt quelqu'un se glissa à côté de moi sous les draps. Des bras vinrent serrer mon dos contre un torse brûlant et une bouche déposa un doux baiser dans mon cou. Drago était resté finalement. J'émis un faible soupire et les bras me serrèrent davantage si c'était possible.   

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