Chapitre 3 : Mes orteils

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Chapitre 3 : Mes orteils



Nous étions déjà vendredi, et je n'avais pas vu cette première semaine passer. Je n'avais pas revu mes amis de Serpentard, mais j'étais enfin allée voir Hagrid pour le féliciter. Il avait même parlé de mariage sous l'œil apeuré de Harry et Ron.
Notre dernier cours de la journée s'acheva sur un cours de potion. Le programme s'avérait très difficile cette année mais pas au point que je demande de l'aide à Drago. Ça il en était hors de question.
- Tu rentres chez toi ce week-end ? Me lança Ron en remuant sa potion d'un air incertain.
- Oui et toi ?
Je ne posai pas la question à Harry, car je savais qu'il n'avait pas de chez lui. Il ne le savait pas, mais moi non plus je n'avais jamais connu mes parents. Mais à l'inverse de lui, j'avais la chance de vivre dans un foyer qui m'aimait.
- Bien sûr ! George à plein de nouveaux articles pour son magasin qu'il veut absolument qu'Harry et moi testions.
Je répondis par un sourire, Harry n'était pas seul, il avait trouvé la famille Weasley dans un sens.

Alors que nous retournions à la salle commune, Harry me tendit une lettre en s'excusant d'avoir oublié. Je n'avais en effet pas pu prendre de petit déjeuné ni recevoir mon courrier ce matin. J'avais eu des problèmes avec les préfets de Serpentard, qui prenaient leur travail de retirer des points un peu trop au sérieux.
J'attrapai la lettre le coeur battant. Personne ne m'écrivait jamais. Même Narcissa que je considérais comme ma mère, c'était beaucoup trop dangereux pour ma condition si quelqu'un venait à découvrir des lettres venant d'elle. Lorsque je dépliai le parchemin que renfermait la lettre mon coeur s'arrêta. Il n'y avait qu'une phrase d'écrite : "Tu ne parviendras pas à te cacher éternellement". Je levais aussitôt les yeux vers Harry et Ron, mais ils s'étaient installés sur l'un des canapés de la salle commune et comparaient leur dissertation d'histoire de la magie.
Que voulait réellement dire cette phrase ? Mais surtout, qui me l'avait envoyé ? De quoi parlait-on exactement ? Du fait que je vivais chez les Malefoy depuis toute petite ? Du fait que je n'étais pas une fille de moldu ? Du fait que je mentais à mes amis ? Était-ce l'un d'eux qui me l'avait envoyé ? Quelqu'un de Gryffondor ? Je parcourrai la salle pour voir si quelqu'un m'observait. Peut-être que l'auteur de cette lettre observait en ce moment ma réaction. Cependant personne ne semblait s'intéresser à moi.
- Ca ne va pas Hermione ?
Je sursautai et Ginny me regarda d'un air hésitant en ôtant la main qu'elle avait posé sur mon épaule.
- De qui vient la lettre ? Demanda-t-elle curieuse.
Et si c'était elle ? Si elle avait tout découvert ?
- Rien rien. Je dois filer.
Je plantai une Ginny abasourdis dans la salle commune et montai aussitôt à mon dortoir. Je remplis un sac avec ce que je souhaitais emporter chez moi et descendis aussitôt au rez de chaussé du château pour pouvoir transplaner. Il y avait des heures d'ouvertures dans la protection magique du château toutes les demi-heures, à condition que nous nous trouvions dans le hall à ce moment précis. Nous avions un délais de trente secondes pour transplaner, après quoi les protections se remettaient aussitôt en place. Il n'y avait pas beaucoup d'élèves à cette heure-ci qui partirent en même temps que moi. Il était en effet seize-heures trente et je n'avais moi-même pas prévu de partir aussi tôt. Mais cette lettre m'y avait contrainte, pour ne pas avoir plus de question de la part de Ginny.

Lorsque j'arrivais enfin chez moi, au manoir Malefoy, il n'y avait personne, ce que je trouvais très étrange. Certes Lucius rentrait tard du ministère, mais Narcissa était là la plus part du temps. Peut-être était-elle allée faire quelques courses. Je montai aussitôt jusqu'à ma chambre et cachai la lettre dans une boite en bois que je scellai à l'aide d'un sort, et que j'allai ensuite poser en bas de mon armoire. Je ne voulais pas que quiconque tombe dessus. Je me dirigeais ensuite vers la salle de bain pour prendre une douche tout en repensant à cet unique phrase : "tu ne parviendras pas te cacher éternellement". J'entendis la porte d'entrée du manoir claquer. Ce ne pouvait être que Drago pour la fermer aussi fort. Je sortis aussitôt de la douche, enfilai en survêtement en coton bleu marine et descendis le rejoindre.
- Canon Hermione ! Ne put-il s'empêcher de me faire remarquer d'un air moqueur.
- Oh ça va !
- Tu as finis de faire la tête ? S'enquit-il en me tendant une lettre.
- Je ne faisais pas le tête, répliquai-je en attrapant le parchemin qu'il me tendait.
C'était une lettre que Narcissa lui avait envoyée dans la semaine. Elle nous annonçait que Lucius et elle ne seraient pas là du week-end . Je me retins de lui faire remarquer qu'il aurait pu me le dire avant et reposai la lettre sur la meuble de l'entrée.
- Tu sais où ils sont ?
Il haussa les épaules en seul réponse et se dirigea vers la cuisine afin de se servir une bière au beurre. Je lui suivis et attrapai au passage le magazine sorcière hebdo qui traînait sur le meuble de l'entrée, juste à côté de la lettre que je venais de poser. Je lisais à moitié pendant que Drago me racontait sa semaine chez les Serpentards, quand je ne pus réprimer un rire. Il arqua un sourcil tout en m'accusant de ne pas l'écouter.
- Le magazine a fait un classement des dix sorcières les plus folles, expliquai-je.
- Et ?
- Bellatrix est la numéro un, suivit de près par Ombrage.
- Je ne vois pas ce qui te fait rire.
- Parce que ta tante était une véritable folle furieuse et que si ce classement n'existait pas, je n'aurais pas su qui mettre en première position entre elle et Ombrage.
Je vis Drago se retenir de lever les yeux au ciel tout en me contemplant d'un air étrange. Je lui lançai un regard interrogateur.
- Tu comptes passer toute la soirée habillé comme ça ?
- Qu'est ce que ça peut te faire ?
- Oh tu fais ce que tu veux, répliqua-t-il en levant les mains devant lui.
Il n'ajouta rien, et moi non plus. Bientôt, Mulin, notre elfe de maison commença à préparer le dîner et nous montâmes chacun dans notre chambre.

J'avais entamé des recherches sur des plantes pour le cours de botanique quand l'elfe annonça que le repas était près. Je descendis en tenant toujours mon livre de botanique ouvert à une page qui parlait de la branchiflore. Je me souvenais que Harry l'avait utilisé lors du tournois des trois sorciers, mais je n'avais pas pensé à m'y intéresser davantage. Cette plante permettait non seulement de respirer sous l'eau, mais elle changeait quelque peu notre apparence également, comme les mains et les pieds qui devenaient palmées. Peut-être cela résoudrait-il mon problème avec l'eau. J'allais en parler à Drago, mais je me stoppai nette en arrivant dans la salle à manger. Pansy, Daphné, Blaise et Théodore étaient installés autour de la table et me fixaient d'un air étrange, surement à cause de ma tenue qui consistait en un ensemble de sport en coton. Je lançai un regard assassin à Drago qui avait visiblement fait expert de ne pas me prévenir. Il semblait d'ailleurs se réjouir de la situation. J'allai remonter me changer quand Théodore m'interpella.
- On s'en fiche Hermione, même comme ça tu es canon.
- Ça va, tu te sens bien ? Lui lança Drago.
Son ami le regarda interloqué.
- Je te rappelle que c'est ma sœur, expliqua-t-il
- Ouai d'accord, fit-il en riant, c'est quand ça t'arrange hein !
Je n'intervins pas et pris place en face de Daphné Greegrass que je n'avais pas vu de la semaine, même dans la salle sur demande. Quand je lui demandai pourquoi, elle m'expliqua qu'elle avait eu une heure de retenu avec MacGonngal. Je ne fis aucun commentaire, mais je me demandai comme il était encore possible à notre âge d'être en retenu.
L'ambiance était bonne et tout le monde parlait avec entrain de cette première semaine, quand je me surpris à imaginer Harry, Ron, Ginny, Luna, Neville et les autres assis avec nous à table. Aucun tableau n'aurait pu être aussi beau que celui que je m'imaginai. Cependant, je doutai qu'il se réalise un jour. Même si mes amis de Gryffondor apprenaient qui j'étais vraiment tout en imaginant qu'ils me pardonnent mon mensonge, je doutais qu'ils se retrouvent en notre compagnie un jour à cette table. Mon regard avait dû changer car Pansy qui était à ma droite me donna un coup de coude. Je relevai aussitôt les yeux de mon assiette en prétextant que j'étais fatiguée.

La soirée ne se prolongea pas bien tard et quand je me retrouvai enfin seule avec Drago, je pu lui parler de la branchiflore.
- Tu crois que ça pourrait me permettre d'être sous l'eau sans utiliser de sort ?
- J'en sais rien. Et de toute façon à quoi ça servirait ? Tu devrais manger de la branchiflore à chaque fois, ce serait encore plus contraignant que de te lancer un sort une fois par semaine.
Exacte, il avait raison. Mais trouver une nouvelle solution à mon problème m'avait fait oublier le côté pratique.
- Et puis, c'est assez rare comme plante tu sais, ce n'est pas le genre de chose qui pousse dans le jardin.
Encore exacte. Je refermai alors mon livre de botanique et m'allongeai de tout mon long sur le canapé ,en posant mes pieds sur les genoux Drago, dans un profond soupire.
- Ce n'est pas si grave tu sais.
- Ce n'est pas à toi que ça arrive, répliquai-je.
- Je comprends que ce soit contraignant, mais il y a pire dans la vie, continua Drago.
- Ce qui m'énerve vraiment, expliquai-je, c'est que Narcissa et Lucius n'en parlent jamais ! Je sais juste que mes parents ont été tués par Voldemort et qu'il m'a lancé un sort pour que ma peau soit instantanément brûlée au contact de l'eau. C'est tout ce que je sais ! M'exclamai-je en ôtant mes chaussettes pour observer mes trois plus petits orteils du pied droit. Drago baissa les yeux vers mon pied et regarda également mes orteils presque totalement noircis par le maléfice. Lorsque j'étais enfant, on avait fait une erreur en me mettant dans un bain. On avait oublié le sortilège qui m'avait été lancé, cela m'avait coûté mes trois orteils.
- Au moins tu peux boire de l'eau. Mais tu sais, poursuivit-il, moi non plus ils ne m'en parlent pas, et je pense que c'est parce que tes parents étaient de bon amis à eux. Personne n'aime ressasser les malheurs du passé.
Je ne répondis pas et remis ma chaussette en place.  

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