Prologue

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    J'ai fait une erreur, je n'aurais pas dû les écouter, quels idiots... Je fais quoi maintenant toute seule dans cette école militaire déguisé en garçon ?

     En plus il pleut et je déteste la pluie, ça mouille et c'est froid, pourquoi d'ailleurs ? Je veux bien qu'il pleuve, mais pourquoi la pluie ne serait-elle pas chaude ? Ça mérite un minimum de réflexion.

    Eh merde, qu'est-ce qu'ils font tous ? Pourquoi se mettent-ils tous en ligne ? Ah je vois, le général Oswald arrive. Bon, allons-y. Mon chewing-gum n'a presque plus de goût, mais je vais pas le cracher pour autant. 

    Je vais me mettre près de cette rousse du coup, j'ai l'impression qu'ils me regardent tous. J'espère, qu'ils n'ont pas devinés. Non on avait fait le test en ville, les gens m'ont bien pris pour un garçon. Et puis j'ai fait comme on m'a dit. J'ai mis plein de bandages pour écraser ma poitrine, ma voix reste dans le grave, et je me suis coupé les cheveux. Bon je voulais pas couper trop court, mais j'ai replié quelques mèches avec des barrettes.

    La rousse à côté de moi n'arrête pas de me toiser. Elle m'énerve. En plus elle est petite, ou c'est moi qui suis trop grande. Je ne fais pas attention à elle, je préfère mâcher mon chewing-gum. Le général s'avance vers chaque élève. Oh non, chacun devra se présenter devant tout le monde. Pourtant ce ne sont pas des nouveaux élèves... Ah, je ne suis peut-être pas la seule nouvelle, il doit y en avoir d'autre bien sûr. Tu n'es qu'une idiote Judy. 

    Mais passons, le général à une autorité naturelle, ils se tiennent tous droit, certains respirent à peine. On dirait qu'il n'y a que moi qui ai les mains dans les poches, en train de mastiquer un chewing-gum.

    Qu'il est saoulant ce général Oswald, il parle tellement fort. Le pauvre gars il tremble tellement, il a peur de lui. C'est peut-être un nouveau lui, les autres n'avaient pas aussi peur quand le général est passé devant eux. Le grand blond là-bas avait l'air détendu quand il est arrivé mais j'ai déjà oublié son nom, Théo je crois. 

    Je suis la dernière à passer et c'est bientôt mon tour, surtout ne pas faire d'erreur, je suis censé être garçon. C'est le tour de la rousse, elle n'a pas l'air d'être nouvelle, elle s'appelle Eva. Je vois, comme la vieille folle de la maison de retraite. Qu'est-ce qu'elle est drôle cette vieille folle...

    Oh merde, le général me regarde. J'ai dû rire sans m'en rendre compte, ou c'est à mon tour de parler. 

    Bon, il me regarde mais il ne dit rien. C'est bien ou pas ? J'aime pas son regard, on dirait qu'il va m'égorger. Je ne fais rien, je continue de mâcher mon chewing-gum. Si ça se trouve ce n'est pas moi qu'il regarde. Je devrais quand même me présenter comme les autres, mais je dis quoi ? Ah oui, j'ai dix-sept ans et hum... Je viens du sud. Mais c'est quoi le nom de la ville déjà ? Je m'en souviens plus. Bon c'est tout ce que j'ai à dire normalement. 

   Non. Mon nom, c'est... Oh, j'ai pas oublié ça aussi. Il arrête pas de me fixer ce vieux général, je peux pas me concentrer. Si c'est un duel de regard qu'il veut il va l'avoir, il ne me fait pas peur avec sa cicatrice. Je perds jamais à un duel de regard. 

    Mais oui, mon pseudo je m'en rappelle, rien de plus ridicule comme nom.

Note : Le personnage de Judy, sera désormais appelé par son pseudo ou par le pronom personnel "il", jusqu'à la révélation de son identité.

Thomas ArguerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant