Cinq minutes se sont écoulés, peut-être même dix sans que Théo ne dise un mot. Son visage n'affiche aucune expression, cependant ses doigts ne cessent de triturer et d'entortiller nerveusement le matricule de Thomas. Ce dernier est dans le même état que lui, n'osant plus bouger, pas même pour se rhabiller ou arracher les sangsues qui s'accrochent à sa peau et lui aspire le sang. Il n'arrive pas à croire que quelqu'un ait découvert son secret. Encore. Qui plus est Théo, celui dont il a voulu se venger, qu'il a détesté, puis aimer. Non, Thomas ne réalise toujours pas que celui dont il est tombé amoureux vient de le démasquer.Après de longues minutes de silence, Leonhard est le premier à prendre la parole :
- Bien ! Je crois qu'il faut qu'on discute Renzi.
- J-je dois partir, interrompt brusquement Théo.
Il tente alors de détaler à toute vitesse, peu importe s'il n'a pas rendu à Thomas son matricule. Mais Leonhard, bien décidé à ne pas le laisser filer, le rattrape avant qu'il n'atteigne le point de campement. Il lui fait une clé de bras, de sorte à l'immobiliser puis l'emmène de force dans la cabane abandonnée près de la rivière.
Thomas assiste de loin à la scène, il se sent impuissant, perdu et terrifié. Ses membres semblent s'être liquéfiés, il peine à suivre le sergent dans la cabane, titubant presque sur le chemin. Sentant le froid le mordre, il arrive tout de même à se ressaisir et à se rhabiller. En entrant dans la petite bâtisse, il découvre l'endroit envahi de poussière et d'une odeur désagréable. Il retrouve Théo assis malgré lui dans un coin. Il paraît amorphe, plus mort que vif, ses yeux affichent une certaine lueur et se mettent à scruter l'adolescent de haut en bas. Ce dernier ressent un malaise insoutenable, et détourne les yeux.
- Bon fillette, reprend Leonhard sérieusement. On a dix minutes pour le tuer et maquiller ça en suicide, ou pour le briefer sur la situation.
- Quoi !? S'exclame Thomas sans se soucier de la voix aiguë qu'il prend. Non... Non, on ne peut pas le tuer !
- Putain, mais c'est quoi ce bordel ! Réagi enfin Théo. Thomas... C'est quoi ce délire ! Depuis quand t'as des seins ? Et pourquoi... Qu'est-ce que te faisait Leonhard ?
Il passe ensuite ses doigts entre ses cheveux blonds, s'arrachant les racines sous la pression, et murmurant sans cesse qu'il ne comprend plus rien.
Leonhard le toise d'un air halluciné avant de le questionner avec fureur :
- Qu'est-ce que tu insinues gamin avec tes propos de camé en plein bad trip ?
Il ne répond pas mais son regard reste lourd d'incompréhension, sa respiration devient de plus en plus forte et saccadée. Thomas ne l'avait jamais vu dans un état de panique aussi extrême. Il décide alors de prendre les devants et de tout avouer, en espérant que Théo sache garder un secret.
- Je suis... Prononce-t-il, mais les mots se coincent dans sa gorge. Je suis une fille.
Sa voix est bien plus aiguë, plus aiguë encore que la voix de Judy lorsqu'elle fond en larmes. Et ce soudain changement d'intonation fait tressaillir Théo qui relève subitement la tête pour le dévisager une fois de plus.
- C'est quoi ces conneries ? Mais pourquoi ?
Leonhard lance un regard appuyé à Thomas, puis tapote plusieurs fois sur sa montre lui signifiant qu'il est grand temps de tout expliquer. Le jeune homme inspire profondément, et s'en suit alors un récit qui paraît interminable. Tout commence par les mystérieuses affaires de son père, suivi de l'assassinat de sa mère et de son frère. Il évoque le rôle qu'a tenu Chloé en tant que soutien moral, avant de préciser le danger qui rôde autour de lui. Et enfin, il parle d'une voix de plus en plus faible, de son changement d'identité. Il laisse ensuite le sergent Leonhard poursuivre lorsque vient le moment où il découvre le premier la vérité.
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Thomas Arguer
Подростковая литератураLui, ce grand garçon aux yeux bleus, eh bien c'est une fille. À cause de certains problèmes familiaux, elle doit se faire passer pour un garçon dans une prestigieuse école militaire.