« Adieu, satanée école militaire. »
Se répétant en boucle cette phrase tout en souriant, Thomas monte à bord du train qui va l'éloigner de cette école qui lui a causé tant de soucis ces derniers mois. Certes, il y reviendra dans deux semaines mais d'ici là il espère ne plus en entendre parler. Les vacances vont lui permettre de se changer les idées, de revoir ses amis, de retrouver sa ville natale. Et surtout de ne plus se lever à l'aube.
Pendant deux semaines il va pouvoir redevenir Judy, ou du moins il le pense, jusqu'à ce qu'il entende son téléphone vibrer. Un énième message d'Alya lui demandant pourquoi Alex a annulé leur sortie vendredi soir. Il reçoit au même moment un message de l'administration de l'école lui rappelant que ses séances quotidiennes avec la psychologue reprendront dès la fin des vacances. Il n'était pas au courant que l'administration avait réussi à avoir son numéro.
En choisissant un siège côté hublot, il tente de garder sa bonne humeur en se répétant encore et encore cette phrase, mais le pseudonyme de Thomas Arguer lui colle à la peau et jamais il ne pourra ignorer sa vie à l'école militaire.
Après une demi-heure de trajet passé à écouter de la musique et à regarder le paysage défiler à toute vitesse sous ses yeux, un contrôleur vient tapoter l'épaule de Thomas.
– Billet de train et pièce d'identité, s'il vous plaît.
L'adolescent cherche dans les poches de son manteau les documents nécessaires et les donne à l'homme. Ce dernier vérifie le tout puis se met à le toiser en levant un sourcil.
– Enlevez votre casquette, jeune homme.
Thomas trésaille en entendant cela, il hésite un moment mais face à l'impatience du contrôleur il s'exécute lentement. Terrifié à l'idée qu'on doute de son identité, il préfère baisser la tête et attendre que l'homme ait enfin validé son billet de train pour pousser un soupir de soulagement. Même s'il est en vacances, il devra sans cesse rester sur ses gardes face aux autres.
Le train arrive quelques heures plus tard en gare, les passagers font la queue afin de pouvoir sortir du wagon. Thomas qui s'était assoupi cherche des yeux son sac à dos qu'il avait soigneusement rangé dans le compartiment bagage, il le retrouve par terre à moitié ouvert, surement un des passagers qui l'a malencontreusement fait tomber. L'adolescent s'agace tout de même et se précipite pour reprendre son sac ainsi que tout ce qui s'est répandu au sol. Une passagère l'aide à récupérer ses affaires, il la remercie brièvement mais s'étonne en voyant qu'elle affiche une mine surprise. En effet, elle lui tend une boîte de tampons. Il devient alors rouge de honte et reprend ce qui lui appartient avant de déguerpir hors du train. Avec l'immense foule de la gare, il ne risque plus de croiser cette passagère, mais il ne risquera pas non plus de croiser Chloé qui est censée venir le récupérer.
Thomas ne réalise que maintenant qu'il ne connaît pas son numéro de téléphone, il n'a donc aucun moyen de la contacter. Il plaque ses mains contre son visage exaspéré et se met en quête de retrouver Chloé. Il chemine entre les gens, scrute les alentours mais aucune trace de l'infirmière. Il jette un coup d'œil à son téléphone afin de vérifier l'heure, son train a eu plusieurs minutes d'avance, il émet donc la possibilité qu'elle ne soit pas encore arrivée.
Ne sachant où aller, son principal objectif est désormais de trouver un endroit où patienter et qui ne soit pas noir de monde. Mais peu importe où il va, cela ne lui convient pas. Le brouhaha de la foule, les mégots immondes de cigarette, l'odeur de transpiration, et la fatigue de chercher en vain, tout cela l'étouffe. Il ne désire plus qu'une chose : sortir. Une grande bouffée d'air lui serait plus que bénéfique, il se met donc en quête de la sortie. Sa gorge commençant à s'assécher, il sort une petite bouteille d'eau à moitié vide de son sac à dos et la porte à sa bouche. Mais le mouvement de foule et un mauvais timing fait que quelqu'un le bouscule à cet instant précis. Le peu d'eau qu'il restait dans la bouteille se déverse alors sur ses vêtements. Thomas observe d'un air ahuri l'homme qui l'a bousculé et qui ne prend pas la peine de s'excuser, puis souffle longuement en se murmurant à lui-même :
VOUS LISEZ
Thomas Arguer
Novela JuvenilLui, ce grand garçon aux yeux bleus, eh bien c'est une fille. À cause de certains problèmes familiaux, elle doit se faire passer pour un garçon dans une prestigieuse école militaire.