Le soleil n'est pas encore levé, que le téléphone de Thomas vibre sous son oreiller. Après quelques secondes, il réagit enfin et soulève difficilement ses paupières. Il attrape son téléphone et désactive l'alarme en vérifiant l'heure : « Cinq heures quarante... Super. » Pense-t-il en râlant. Depuis la modification de son emploi du temps, il doit se lever plus tôt que d'habitude, à tel point que la nuit et les étoiles sont encore présentes. Ses yeux se referment peu à peu, mais l'adolescent lutte et trouve le courage de se lever discrètement sans réveiller Chris, Alex et Johan qui dorment comme des bébés. Ce parcours du matin est devenu une routine pour lui, il ouvre l'armoire et prend sa trousse de toilette ainsi qu'une serviette de bain et son uniforme. Mais cette fois-ci, il prend aussi avec lui une paire de ciseaux furtivement attrapé sur le bureau. Il sort ensuite de la chambre en refermant la porte doucement derrière lui, puis marche rapidement jusqu'aux douches. Il sait qu'il ne doit pas traîner car le réveil collectif est à six heures, il lui reste donc moins de vingt minutes.
Il appuie ensuite sur l'interrupteur de la pièce afin que les éclairages s'illuminent, il papillonne plusieurs fois des yeux car la lumière est puissante, mais il s'habitue rapidement. Il referme bien la porte puis pose son uniforme sur le rebord d'un évier. Il commence à se déshabiller, et entre dans l'une des cabines de douche. Il fait couler l'eau froide sur sa peau, et frissonne de tous ses membres, mais cela le réveille et le revigore instantanément. L'eau devient ensuite de plus en plus chaude, ses muscles peuvent se détendre et ses paupières se referment doucement. Thomas se perd alors dans ses pensées. Il repense à tous ce qu'il a vécu ces derniers temps, toutes les émotions, toutes les craintes. Il repense à Dara et à Névan, et se demande si tout est bel et bien terminé avec eux, en tout cas les documents ont bien été détruits, et il ne remerciera jamais assez Théo et Cynthia. Ils lui ont certainement sauvé la vie, ainsi qu'à son père, alors qu'ils n'étaient pas obligés de se mêler de cette histoire. L'adolescent réalise qu'il a peut-être trop sous-estimé Cynthia, car sous ses airs hautains se cache une personne prête à enfreindre les règles pour aider ses camarades. Il tentera de faire un effort pour travailler au mieux avec elle désormais.
Quant à Théo... « On ne s'est pas reparlé depuis la sortie au fast-food... » Quelques regards qui se croisent dans les couloirs à la fin des cours, et parfois l'esquisse d'un sourire, voilà ce que Thomas a reçu de lui ces derniers jours. Il se contente de cela. En brûlant les papiers liés au délit du lieutenant Arguer, Théo a montré d'une certaine manière qu'il tenait à lui. Et Thomas s'en contente. Pourtant il aurait tant aimé avoir plus.
Le débit d'eau s'affaiblit, signifiant qu'il est temps pour le jeune homme de sortir. Entourant sa serviette autour de son buste il sort de la cabine de douche, les cheveux perlant de gouttes d'eau. Il ne lui reste plus beaucoup de temps, alors il se hâte de mettre son uniforme. Pour le moment, ses sentiments ne sont pas la priorité. Prenant la paire de ciseaux en main, il coupe mèche par mèche ses cheveux redevenus trop longs. Son cœur se serre à chaque coup de ciseaux, mais il n'a pas le choix, il doit raccourcir sa chevelure qui est susceptible de le trahir. Une fois fait, il jette les mèches de cheveux coupés dans une corbeille au coin de la salle.
Il peut enfin s'en aller, mais alors qu'il s'apprête à poser la main sur la poignée de la porte, quelqu'un l'ouvre avant de façon assez brusque. Thomas se prend ainsi la porte en plein nez, le faisant gémir et reculer de quelques pas, tenant son nez des deux mains. Il aperçoit Yann entrer dans la salle tout sourire avant de s'excuser.
– Oh pardon j'ai pas fait exprès, dit-il. Je t'ai fait mal ?
Thomas le regarde avec fureur tout en massant son nez pour faire partir la douleur.
– Je dois vraiment répondre ? Réplique-t-il. À ton avis ?
Yann hausse les épaules en faisant une moue désolée, puis avance jusqu'au lavabo afin d'arranger sa coiffure.

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Thomas Arguer
Ficção AdolescenteLui, ce grand garçon aux yeux bleus, eh bien c'est une fille. À cause de certains problèmes familiaux, elle doit se faire passer pour un garçon dans une prestigieuse école militaire.