L'horloge digitale suspendue en haut du mur du couloir administratif ne fonctionne plus. En ce dimanche matin, Thomas patiente devant la porte du bureau de la psychologue. Il attend, sans même savoir l'heure qu'il est, et depuis combien de temps il attend exactement. Il a encore sommeil, mais il ne peut s'empêcher de faire les cent pas dans le couloir, incapable de rester assis, car il n'a pas la conscience tranquille. Dans sa main, il tient un bout de papier déchiré, comme un morceau d'une page d'un cahier que l'on aurait arraché violemment. « T.A. Je sais qui tu es, je vais te dénoncer ». L'écriture est digne d'un enfant de huit ans, elle presque illisible, mais elle ne permet pas d'en identifier l'auteur. Thomas froisse le mot dans son poing tremblant de colère. En fait, il ne sait même plus s'il est en colère, ou s'il est effrayé. Il n'a pas fermé l'œil de la nuit, et le manque de sommeil embrouille son esprit. Mais il refuse de dormir tant qu'il ne saura pas qui est celui ou celle qui a découvert son identité, et qui s'apprête à le dénoncer.
– Qui ça pourrait bien être ? Il aurait trouvé la photo... Se murmure-t-il à lui-même.
Il ferme les yeux, se remettant à soupçonner chaque personne de l'école militaire, chacun de ses camarades, ainsi que ses professeurs. Cependant, il est incapable de mettre un nom sur ce bout de papier froissé. Ses paupières sont lourdes, et il n'arrive presque plus à les soulever pour ouvrir les yeux. Il se met à bailler et finit par s'asseoir. Si ça ne tenait qu'à lui, il ne prendrait même pas la peine de venir voir la psychologue de l'école aujourd'hui. Mais Thomas sait que Billy a aussi rendez-vous le dimanche matin, et il est l'une des premières personnes qu'il a commencé à soupçonner. Toujours souriant, toujours sérieux, il semble éviter les problèmes. Thomas a du mal à le cerner, mais il veut savoir s'il cache quelque chose, et particulièrement si cela a un rapport avec le mot qu'il a trouvé.
La porte du cabinet s'ouvre enfin, Katia Ivazov et Billy sortent tous deux.
– Bonjour Thomas, annonce la psychologue, je te reçois dans deux minutes. Il faut que je passe un coup de fil avant.
L'adolescent acquiesce, il ne pouvait pas espérer mieux afin de pouvoir discuter avec Billy. Ils se retrouvent donc seuls dans le couloir administratif, Billy arbore son habituel grand sourire auquel Thomas ne répond pas, bien trop préoccupé.
– Ça va ? Interroge Billy. Je trouve que tu a l'air un peu fatigué.
– Je vais très bien.
Le ton sec qu'il vient d'employer déstabilise un peu le jeune homme qui se racle la gorge, mais qui ne perd pas le sourire. Thomas ne cesse de le fixer, tout en serrant son poing dans lequel se trouve encore le bout de papier. Il n'est pas sûr que Billy soit l'auteur de ce mot, mais l'interroger fera disparaître son sourire qui lui sert probablement de masque pour quelque chose de plus sombre.
– Bon je vais y aller, à plus tard Thomas. Dit-il en s'apprêtant à partir.
– Attends Billy.
Ce dernier s'arrête, puis se retourne un peu surpris.
– Euh oui ?
– J'aimerais savoir...
Thomas se stop et se mord la lèvre, ne sachant pas par où commencer. Mais il n'a pas beaucoup de temps, alors il décide d'être franc.
– J'aimerais savoir pourquoi tu es toujours aussi souriant et gentil avec moi. Déclare-t-il.
– Pardon ? Rétorque Billy ébahi. Je ne comprends pas bien ce que tu veux...
– Depuis le début, coupe l'adolescent en haussant la voix, j'ai l'impression que tu joue le rôle du parfait petit lycéen qui ne veut pas créer de problèmes. Tu caches certainement quelque chose, n'est-ce pas ?
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Thomas Arguer
Teen FictionLui, ce grand garçon aux yeux bleus, eh bien c'est une fille. À cause de certains problèmes familiaux, elle doit se faire passer pour un garçon dans une prestigieuse école militaire.